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29-08-2013
Mots clés
Finance
France

Au Crédit agricole, le local est loin du compte

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Au Crédit agricole, le local est loin du compte
(Crédit photo : DR)
 
Le dernier spot publicitaire de la banque tient à rassurer sur son ancrage régional : elle y promet que la totalité de l’argent de ses clients est injecté dans des entreprises, des écoles et des logements du coin. Une totalité pas si totale…
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Les Montpelliérains ont reconnu leur tramway. Dans ce spot du Crédit agricole diffusé depuis le mois de février, on est « en région » pour montrer l’ancrage local de la banque. Des clients inquiets interrogent un représentant de l’établissement : « Qu’est-ce que vous faites au Crédit agricole de l’argent qu’on vous confie ? », puis « Oui, c’est notre argent, après tout. Qu’est-ce que vous en faites de cet argent ? » et « Vous prenez des risques avec ? », suivi d’un « Sur les marchés étrangers ? » Mais le monsieur à lunettes et en cravate ne se démonte pas. Il répond avec un fort accent du Sud (l’ancrage local, on vous dit) : « En fait, l’argent que vous nous confiez reste dans la région, il reste vraiment ici. Au Crédit agricole, votre épargne sert avant tout à financer les projets de votre région : l’école de vos enfants, le logement, les entreprises locales. » Puis en sous-titre, apparaît ce chiffre : « 100 % de l’épargne bancaire est réinvestie en région. »

Stratégie

Le Crédit agricole a connu pas mal de déboires médiatiques. En 2009, le groupe diffuse une pub où Sean Connery apparaît sur fond de planète polluée sauvée par le « green banking ». Manque de bol, l’année suivante, le cabinet Utopies dévoile un classement carbone des banques françaises – analysant leurs placements – qui révèle que la plus émettrice de CO2 est… le Crédit agricole. L’ONG Les Amis de la Terre lui décerne du coup le prix Pinocchio du greenwashing. Et, en 2012, la banque au logo vert fait la une des journaux à cause des 10 milliards d’euros perdus, entre 2006 et 2012, dans le rachat puis la revente d’une filiale grecque, Emporiki. La campagne 2013 doit donc rassurer, avec un bel accent bien de chez nous.

Cas d’école

D’accord, mais « 100 % de l’épargne bancaire réinvestie en région », c’est ahurissant comme chiffre, non ? Le service de presse explique que le Crédit agricole est un groupe bancaire dont le socle est un ensemble de 39 banques régionales autonomes. Tout ce que chacune d’elles fait s’inscrit dans un territoire, affirme-t-on : l’épargne est collectée et transformée en crédit. A un détail près : le « notre argent » dont il est question dans la pub, ça n’est pas « tout notre argent ». Il s’agit de l’épargne dite « bilantielle », celle qui rentre au bilan de la banque : les comptes courants, les livrets, les plans épargne logement. Le reste, ça s’appelle de la « collecte tierce ». La banque locale est alors considérée comme un intermédiaire qui met en relation son client avec des sociétés spécialisées. Ainsi, pour l’assurance-vie, vous atterrissez chez Predica. Pour les organismes de placement collectif en valeurs mobilières (les fonds d’action, par exemple), vous avez toujours face à vous votre conseiller local avec l’accent, mais en réalité c’est Amundi qui s’en charge. Predica ? Amundi ? Mais ce ne seraient pas deux filiales du groupe Crédit agricole qui investissent un peu partout dans le monde, ça ? Ben si.

Et selon le dossier de presse sur les résultats 2012 des caisses régionales, la collecte d’épargne bilantielle s’élève à 334 milliards d’euros, quand la collecte tierce (pas locale, donc) grimpe à 240,6 milliards d’euros. Bref, tranche Lucie Pinson, chargée de campagne « finance privée » pour Les Amis de la Terre, il s’agit d’« une vraie tricherie. La terminologie n’est à aucun moment expliquée. Les expressions “ l’argent qu’on vous confie ” et “ l’épargne ”, sont floues ».

Verdict Le Crédit agricole tente de nous faire croire qu’on vit dans un monde simple, merveilleux et plein de bon sens. Malheureusement, c’est un peu plus compliqué que ça. Et on le sait tous. Qu’on ait un accent ou pas. —

Le site du Credit agricole


Alexandre Pasche, directeur de l’agence de conseil en communication Eco & Co

« Le Crédit agricole mène un travail de fond pour s’inscrire dans le développement durable. Dommage que cette campagne soit basée sur une “ surpromesse ” : “ 100 % de l’épargne est investie en région ”. On n’y croit pas. Il faudrait nuancer l’argument principal avec une phrase comme : “ Nous contribuons plus que d’autres banques au développement local ”, chiffres fiables à l’appui. Ensuite, il faudrait plus de transparence : quels investissements sur les équipements publics ? L’agriculture bio ? Quelles positions sur les marchés financiers à risque et l’armement ? »

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  • Je dirais même plus : à quand un dossier spéciale sur les filiales étrangères des banques et les trafics en tous genres avec Notre argent ?? ! Merci, j’espère lire ça un jour...

    30.09 à 11h55 - Répondre - Alerter
  • Il serait intéressant de compléter cet article avec des informations sur la centaine de succursales que le Crédit Agricole possède à l’étranger, y compris dans certains pays à basse fiscalité... Le prétendu ancrage régional paraîtrait alors encore plus invraisemblable.

    5.09 à 18h25 - Répondre - Alerter
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