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A New York, un supermarché de la récup’ gratis pour les artistes

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Des boîtes qui se débarrassent de leurs déchets. Des artistes qui créent avec. Entre les deux, une structure atypique : MFTA.
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Harriet Taub a la bougeotte. Quinqua fringante et plutôt chic, elle n’hésite pas à escalader une table basse de son petit bureau pour ouvrir une fenêtre. Cette femme dirige, depuis 2000, Materials for the Arts (MFTA), une organisation qui fournit gratuitement des matériaux de récup aux artistes et enseignants d’arts plastiques.

A quelques stations de Manhattan, la structure – un entrepôt de 2 500 m2 au troisième étage d’un building du Queens – ne cesse de grandir. Dans un joyeux capharnaüm, des étagères disproportionnées ploient sous les tissus, papiers, cartons, boutons, boulons, mais aussi du matériel audiovisuel, informatique ou des meubles. A l’extérieur, le métro aérien fait grincer les poutrelles métalliques. Fondé il y a une trentaine d’années par l’artiste Angela Fremont, MFTA est devenu une institution.

L’organisation, subventionnée par la ville de New York, s’impose comme un rouage essentiel des services culturels, éducatifs et environnementaux de Big Apple. « Les bénéficiaires – environ 1 800 personnes – évoluent dans la création artistique. Ils doivent s’inscrire auprès de nos bureaux et justifier de leur activité, puis prendre rendez-vous pour venir faire leur “ shopping ” ici », explique Harriet Taub.

  Lettre de remerciement obligatoire

L’entraide et le recyclage constituent le cœur du projet. C’est en récupérant chez les uns et en donnant aux autres que la structure a conquis ses galons écolos, presque malgré elle. « Nous avons été verts bien avant que cela ne soit à la mode », sourit la patronne. Cette étiquette a permis à MFTA de toucher ses premiers subsides d’origine publique.

Maillon initial de la chaîne : des donateurs de tous horizons. Ils étaient 1 500 en 2008, depuis les grands groupes, comme la marque de lingerie Victoria’s Secret, à l’artisan local, désireux de se débarrasser de matériaux inutilisés. Les quinze employés et la centaine de bénévoles de MFTA récupèrent quasi tout ce qui leur tombe sous la main. Puis le redistribuent gratuitement. Chaque mois, 50 tonnes de matériaux sont ainsi ramassées, étiquetées et stockées.

Les bénéficiaires sont tenus d’envoyer une lettre de remerciements aux donateurs dont ils récupèrent les matériaux. MFTA exige d’ailleurs une copie de la missive. Faute de quoi, les récalcitrants ne sont plus les bienvenus dans cette caverne d’Ali Baba cool. « Nous savons tout ce qu’ils prennent. Et nous connaissons les donateurs correspondant aux matériaux emportés », indique Harriet Taub, main de fer dans un gant de velours. « MFTA s’est créé dans un état d’esprit post-hippie, s’amuse la directrice, elle aussi artiste, mais au fur et à mesure de son développement, il a fallu imposer des règles. » Indispensables pour préserver l’esprit communautaire originel.

Matt, designer de 26 ans, se rend régulièrement dans le gigantesque hangar. Pour lui, « remercier les donateurs qui permettent de créer est plus que normal. » D’autant qu’il « trouve souvent l’inspiration » en fouillant dans les rayonnages. MFTA reste une organisation atypique dans un pays où tout se monnaye et où le « consommer/jeter » est devenu un mode de vie. Mais au cœur de la crise, la particularité de MFTA attire. « Nous recevons de plus en plus de demandes depuis quelques mois », constate Harriet Taub. Logique pour des écoles et des structures artistiques qui ont vu fondre leurs budgets. Robbye, la trentaine, travaille dans un centre de loisirs pour enfants : « C’est génial ! Ici, tout est gratuit, et je trouve tout ce que je veux », s’écrie-t-elle, son chariot plein à craquer.

Formation dans les écoles

MFTA a développé également un programme éducatif pour les jeunes. L’organisation forme les enseignants au recyclage et se déplace dans les écoles new-yorkaises pour des journées ludiques pendant lesquelles les gamins contruisent leurs propres jeux en matériaux de récupération. « Plus ils sont jeunes, plus il est facile de leur apprendre le “ non-gaspillage ” », argumente Hariett Taub. Et dans ce temple consumériste que sont les Etats-Unis, ce n’est pas une mince affaire. —

Photo : Pascal Perich

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