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26-09-2014
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Pollution

Crèches : pourquoi on ne saura jamais ce que respirent nos enfants

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Crèches : pourquoi on ne saura jamais ce que respirent nos enfants
(Crédit photo : Photothèque du Conseil général du Val-de-Marne - Flickr)
 
L'air que les petits respirent dans les crèches et maternelles est-il pollué ? On aurait dû l'apprendre dès janvier. Mais le gouvernement vient de reporter l'application d'un décret sur la qualité de l'air intérieur.
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Les maires lui avaient accordé « le deuxième prix des normes absurdes ». Alors Ségolène Royal l’a enterré. Le décret adopté en 2011 et qui prévoyait la surveillance obligatoire, à compter du 1er janvier 2015, de la qualité de l’air intérieur dans les crèches et les maternelles, a été repoussé, a annoncé mercredi le ministère du Développement durable dans un très bref communiqué. Officiellement, donc, il n’a pas été supprimé. Officiellement seulement.

Le décret ajourné précisait que « la surveillance de la qualité de l’air intérieur comporte une évaluation des moyens d’aération des bâtiments et une campagne de mesure de polluants ». L’idée était de procéder, une fois tous les sept ans si tout va bien et tous les deux ans en cas de dépassements des valeurs limites, à la mesure des taux de formaldéhyde, de benzène et de CO2 que les enfants sont susceptibles de respirer quand ils se trouvent dans un établissement d’accueil. Ensuite, progressivement, cette obligation devait être élargie jusqu’en 2023 à tous les établissements accueillant du public.

La pollution de l’air intérieur, question secondaire et usine à gaz

« Les enfants en contact avec ces substances cancérigènes présentes en trop grandes quantités peuvent en subir des conséquences à long terme », alerte Andrée Buchmann, présidente de l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (Oqai) et vice-présidente de la Communauté urbaine de Strasbourg. L’Oqai a d’ailleurs publié en avril dernier, avec l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), une étude évaluant à 20 000 le nombre de décès liés, chaque année en France, à la pollution de l’air intérieur, pour un coût de 19 milliards d’euros annuels.

Toutefois, malgré « cet enjeu sanitaire de premier plan », l’élue alsacienne d’Europe Ecologie - Les Verts comprend la décision ministérielle de reporter ce décret, qui était devenu « une usine à gaz » : « D’abord, ce sujet de la pollution de l’air intérieur n’est pas considéré par les édiles municipaux comme vraiment important. Ensuite, avec les nombreux changements à la tête des villes qui ont suivi les municipales, de nombreux maires de petites communes n’étaient même pas au courant de cette obligation imminente et ne l’avaient donc pas budgétée. » Or, le montant à débourser pour les mesures de surveillance, par établissement d’accueil de la petite enfance, est évalué à environ 3000 euros.

Un décret pas supprimé mais vidé de sa substance

L’annonce du report a été accueillie avec satisfaction par l’Association des maires de France (AMF), qui la demandait. « Ce décret engageait des dépenses supplémentaires pour des évaluations pas forcément nécessaires. En effet, une étude pilote déjà menée dans 300 crèches de France a révélé que très peu ne respectaient pas les normes, car de nombreuses communes adoptent déjà des bonnes pratiques comme aérer les pièces et utiliser des produits d’entretien respectueux de l’environnement, pour éviter les polluants de l’air », explique Elisabeth Laithier, en charge des questions de la petite enfance à l’AMF.

L’adjointe au maire de Nancy se félicite de ce que le gouvernement « offre une porte de sortie aux élus ». En fait, il s’agit plutôt d’un abandon du décret déguisé : « Le cabinet de Ségolène Royal nous a expliqué ce jeudi matin que les collectivités qui s’engageront à suivre des préconisations inscrites dans un guide de bonne pratique seront exonérées de l’obligation de mesurer la qualité de l’air », explique-t-elle. Dans ces conditions, quel élu opterait pour le coûteux relevé de mesures ? Ce guide, décrit par le ministère dans son communiqué comme « une décision simple, pragmatique qui concilie qualité de l’air et simplicité des actions », est actuellement en lecture au Conseil d’Etat. Il pourrait être publié par décret à la fin du mois d’octobre, début du mois de novembre selon l’élue. Le ministère du Développement durable, joint par Terra eco, n’a pas répondu à nos sollicitations et n’a donc pas donné plus de détails sur ce point.

A l’Association pour la prévention de la pollution atmosphérique (Appa), qui sensibilise les personnels des crèches aux gestes simples pour réduire la pollution de l’air intérieur, « on tombe des nues » devant ce qui est perçu comme une reculade ministérielle. Remise de sa stupeur, Elodie Lapierre, chargée de projet à l’Appa, se souvient qu’en effet, les maires avaient à plusieurs reprises soulevé la question du coût de ces mesures réalisées par des entreprises certifiées : « Ils disaient que, de toute façon, trop peu d’organismes étaient accrédités pour que la réglementation puisse entrer en vigueur au 1er janvier 2015. » 

Un coup dur pour les entreprises agréées

Mais pour ces entreprises qui ont formé leurs salariés et financé leur certification, le coup est rude. « Pour elles, le marché s’effondre d’un coup, alors que la filière aurait pu se développer et créer de l’emploi », reconnaît Andrée Buchmann, de l’Oqai. Ce qui risque de leur passer sous le nez ? Un marché de 300 millions d’euros environ selon nos calculs, si l’on ne compte que les établissements d’accueil du jeune public, de la crèche au second degré en passant par les centres de loisirs.

Elisabeth Laithier, qui admet « botter en touche » sur ce point délicat, préfère mettre en avant les économies indirectes que cette mesure permet de faire aux parents : « Non seulement les parents sont beaucoup plus sensibles à la question de la nourriture de leurs enfants qu’à la qualité de l’air qu’ils respirent, mais en plus ils comprennent que l’argent du maire se termine toujours en impôts. »


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  • Pour avoir fait des remplacement dans des crèches, je peux vous dire que si vous, parents, vous pourriez voir ce qui s’y passe, jamais vous ne laisseriez vos enfants.

    - Pas assez de surveillance (dans la cour, pendant les repas, les jeux,...), le nombre de chutes, de coups, de petits accidents entre enfants, de pleurs, ... est extravagant
    - votre enfant devra suivre le reste du troupeau peu importe son envie ou non envie d’être au calme,
    - pas assez d’encadrant pour le suivi de tous les enfants (nombres de repas sont pris à des heures inimaginables),
    et le soir vous vous entendrez dire en venant le chercher " oui la journée s’est très bien passée ".
    Du vécu.

    Un conseil, confiez les a des assistantes maternelles, qui ne peuvent accueillir que 2 enfants. car nous n’avons que deux mains et deux bras pour les garder en sécurité.

    27.09 à 11h09 - Répondre - Alerter
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