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Indicateurs de Développement Durable

Par Anne Musson
24-01-2011

A propos d’attractivité durable...

Des indicateurs de développement durable à la mesure de "l'attractivité durable".

De la notion d’attractivité durable

Lors du post précédent, je démontrais la forte différence existant entre les pays performants en termes de développement durable et ceux excellant en matière d’attractivité. A cette occasion, je soulignais également que les indicateurs d’attractivité se sont développés avec l’accélération de la mondialisation, à l’heure où les pays se doivent d’attirer un maximum d’entreprises venant du monde entier. Ainsi, ce type d’indicateur, devenu mesure de santé économique, répondant aux attentes (vis-à-vis d’un sujet pertinent, et d’un public tel que les gouvernements ou les chefs d’entreprises), s’est multiplié et il en existe une foultitude, tous différents et intéressants, chacun présentant des atouts divers. Parallèlement, mais plus récemment, se sont développés les indicateurs de développement durable, depuis la prise de conscience générale lors de la Conférence de Rio en 1992. Suivant la même logique, ils sont aujourd’hui multiples, plus ou moins intéressants selon la question que l’on se pose. Aujourd’hui, il est impossible de dissocier le phénomène de mondialisation et de développement durable, sans quoi le monde court à la catastrophe, en témoignent, entre autres, le changement climatique, les crises économiques et financières. C’est pour cette raison qu’il parait très intéressant de rapprocher les deux types d’indicateurs, de les confronter pour n’en faire qu’un seul : un indicateur d’attractivité durable.

Pourquoi mesurer l’attractivité durable ?

Si les deux concepts, attractivité et développement durable paraissent très différents à première vue, ils constituent pourtant deux notions inhérentes à la vie et au dynamisme d’un territoire. En effet, la compétition que se livrent les territoires pour attirer le plus d’investissements possible s’est traduit ces dernières décennies par une course au « moins-disant » : le moins-disant fiscal, le moins-disant social ou encore le moins-disant environnemental. Ce jeu non-coopératif est par essence-même et à travers ses conséquences en totale opposition avec une politique de développement durable. Celle-ci se traduirait, au contraire, non pas par une concurrence exacerbée des territoires mais par la prise en compte par chaque territoire des conséquences de ses actes sur le reste du monde : cela est particulièrement vrai en matière de pollution atmosphérique. Dans un contexte classique de théorie des jeux, la coopération permettrait alors de stopper la course à la déréglementation, et, dès lors, de ne plus opposer les soutenabilités sociale et environnementale à une attractivité élevée.

Au-delà de cette notion de soutenabilité, l’association du développement durable à l’attractivité permettrait la construction d’une attractivité durable, au sens premier et littéral du terme. En effet, si une attractivité classique basée sur une compétitivité-prix semble être efficace à court-terme, une attractivité long-terme, ou durable, se baserait plus sur des critères de performances hors-prix, tels que la qualité de la main d’oeuvre, l’environnement des affaires, les infrastructures modernes ou encore la culture de l’innovation. L’attractivité durable permettrait alors au territoire de non seulement préserver les investissements acquis mais également de s’assurer d’une attractivité pérenne grâce aux activités innovantes déjà installées et au dynamisme qu’elles créent, aidées par l’environnement des affaires adapté. On se situe alors bien dans le prolongement du rapport Bruntland (1987) qui définissait le développement durable comme « un processus de transformation dans lequel l’exploitation des ressources, la direction des investissements, l’orientation des techniques et les changements institutionnels se font de manière harmonieuse et renforcent le potentiel présent et à venir permettant de mieux répondre aux besoins et aspirations de l’humanité ».

Cette démarche s’inscrit également parfaitement dans les réflexions menées par la Commission Stiglitz (2009). En effet, cette dernière estime que le système statistique « doit davantage mettre l’accent sur la mesure du bien-être de la population que sur celle de la production économique, et qu’il convient de surcroît que ces mesures du bien-être soient resituées dans un contexte de soutenabilité ». De la même manière, la mesure de l’attractivité doit prendre en compte la qualité de vie de la population locale, son bien-être, et évaluer le bon état de l’environnement. Il ne s’agit donc pas ici de traiter les problèmes environnementaux et sociaux comme des effets externes à l’économie et à l’attractivité, mais bien comme parties d’un tout que constituerait l’attractivité durable.

Comme nous le constations lors de mon précédent post, les classements issus des indicateurs en termes de développement durable et en termes d’attractivité indiquent des résultats opposés : un bon score en matière d’attractivité correspond de manière générale à un mauvais classement en termes de développement durable, et inversement. Or, si l’on doit aujourd’hui réfléchir en termes d’attractivité durable, c’est maintenant la performance des territoires en cette matière qu’il faut mesurer : il est nécessaire de construire un indicateur d’attractivité durable. Le décideur public ne doit plus dissocier les performances sociales et environnementales et l’efficacité économique, mais il doit au contraire bien comprendre qu’il faut concilier les trois pour construire une performance globale. Ainsi, comme il le faisait auparavant en matière d’attractivité et de développement durable, à travers de multiples indicateurs existants, le décideur public a besoin de mesurer les progrès de son territoire et de comprendre comment améliorer son attractivité durable à travers un indicateur.

Une dimension planétaire

Un débat plus large mériterait également d’être lancé concernant la dimension planétaire d’une telle problématique – indicateurs, développement durable et attractivité. En effet, concernant notamment le volet environnement du développement durable, certaines variables doivent être mesurées globalement, comme le réchauffement climatique, alors que d’autres s’évaluent nationalement, voir plus localement (la qualité de vie, de l’air, de l’eau, etc.). Parfois même, ce n’est pas le pollueur qui est pollué : par exemple, le réchauffement climatique est un phénomène planétaire, provoqué notamment par les émissions de CO2, produites inégalement par les différents pays, et pourtant, ce ne sont pas forcément les plus pollueurs qui subissent le plus les conséquences du changement climatique (Stiglitz, Sen, Fitoussi&al. 2009). L’attractivité doit également être réfléchie de manière globale. La question est la suivante : doit-on voir seulement dans le phénomène d’attractivité la capacité à attirer les investissements sur son territoire plutôt que sur un autre, ou également considérer que chacun peut augmenter son potentiel de croissance sans nuire à celui des autres ? (Hatem et Mathieu, 2007 [1]). L’attractivité, notion relative comme nous l’avons expliqué, peut également être vue comme un jeu coopératif. Le lien avec le développement durable est évident lorsque l’on considère que la coopération peut prendre la forme d’une association entre attractivité et « bonnes pratiques » (Hatem et Mathieu, 2007 [2]).
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