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L’Amérique qu’on aime
mercredi, 25 avril 2007
/ Toad
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/ Guillaume Serina
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Derrière les 50 étoiles du drapeau américain, ça s’agite. Au-delà de la "façade George Bush", des entreprises, des associations, des élus et des particuliers se mobilisent pour rétablir le respect de l’environnement et la solidarité. Plongée dans des Etats un peu plus Unis.
« Je me suis dit qu’il fallait absolument faire quelque chose. Alors, je me suis lancé le 16 février 2005. » C’est presque le désespoir qui a poussé Greg Nickels à agir. Pourtant, le maire de Seattle (Etat de Washington, nord-ouest) semble plutôt décontracté. « C’était le jour de l’entrée en vigueur du protocole de Kyoto. Et nous, les Etats-Unis, première puissance économique du monde et pays de la liberté, ne l’avions même pas ratifié. »
Nickels est l’une des figures de proue de cette « autre Amérique ». Celle qui ne supporte plus la politique de l’administration Bush sur le plan environnemental, mais aussi économique et social, fiscal ou encore scolaire. Car les bonnes nouvelles sont rares. La croissance, qui s’est bien redressée après les événements du 11 septembre 2001, et le chômage, dont le taux oscille entre 4,5 % et 5 %, sont des éléments encourageants.
Des domaines purement économiques dans lesquels le gouvernement fédéral n’intervient pas – ou peu. Le nombre de créations d’emplois, pierre angulaire du rêve américain, qui tourne autour de 2 millions chaque année, figure lui aussi au rang des satisfactions.
L’absence de réforme des retraites ou du système de santé a révélé des dysfonctionnements inquiétants. Enfin, en janvier 2001, Bill Clinton avait rendu les clés du pays avec des comptes équilibrés. Aujourd’hui, le déficit budgétaire atteint 247,7 milliards de dollars (pour l’année 2006) et la dette nationale près de 9 000 milliards de dollars, selon les chiffres publiés par le département du Trésor. La « guerre globale contre le terrorisme » est passée par là.
Ce « minimum wage », qui peut être comparé au Smic, n’avait pas bougé depuis dix ans. Il est passé de 5,15 à 7,25 dollars – 5,30 euros – par heure de travail, une hausse étalée sur deux ans. Le Congrès décide d’un niveau pour l’ensemble de la nation. Mais chaque Etat est libre de légiférer et d’aller plus haut en la matière.
Une autre idée fait son chemin, élevée au rang de priorité nationale par les candidats à l’investiture démocrate Hillary Clinton et Barack Obama : une couverture santé universelle. Arnold Schwarzenegger, le gouverneur de Californie, un républicain, s’est récemment prononcé en sa faveur. Cette sorte de couverture maladie universelle (CMU), qui associerait services public et privés, se heurte sur le terrain à un système complexe, où les intérêts des grandes compagnies d’assurance privées s’opposent aux responsables publics.
Ce n’est pas tout. Pragmatiques, les acteurs du changement misent sur l’échelon local pour faire avancer les choses. Ce n’est pas totalement une nouveauté aux Etats-Unis. Dans une fédération où les prérogatives sont clairement définies entre les 50 Etats et l’Etat fédéral, le balancier de l’Histoire a souvent penché d’un côté, puis de l’autre. En revanche, la multiplication de ces initiatives locales (Etats, comtés, villes), associatives, communautaires ou même entrepreunariales en réponse à la politique de Washington est flagrante aujourd’hui. En matière d’environnement, des multinationales comme General Electrics ou Goldman Sachs, se sont clairement engagées (lire page 8).
Politiquement, Arnold Schwarzenegger a été, là encore, le gouverneur le plus en pointe. Le 30 août 2006, contraint de cohabiter avec un Congrès local majoritairement démocrate et une opinion publique progressiste, Schwarzy a annoncé que la Californie s’engageait à réduire d’un quart les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020. Soit l’équivalent de 174 millions de tonnes de CO2. Il s’agit du plan de lutte le plus audacieux en la matière.
Il faut dire que la Californie, avec 32 millions de voitures pour 36 millions d’habitants, est aussi l’Etat le plus pollueur. Dès 2005, c’est même un « mini-Kyoto régional », rassemblant sept Etats du nord-est du pays, qui a vu le jour à l’initiative du gouverneur de New York de l’époque, George Pataki. Un républicain…
Les jardins magnifiques et cafétérias aux tarifs abordables attirent de nombreuses familles, de toutes conditions sociales, tous les week-ends. Ajoutez à cela les groupes de citoyens « éveillés », comme les Tree People, qui plantent des arbres dans les quartiers bétonnés avec l’aide d’enfants issus de familles en difficulté.
Pour Steven Hill, directeur de recherche à la New America Foundation, un groupe de réflexion indépendant, « c’est finalement le bon côté de tous les problèmes économiques, sociaux et écologiques rencontrés par les Etats-Unis. Face à l’inertie du président Bush, il est positif de voir les efforts des citoyens en terme d’engagement. Pour autant, cette volonté est insuffisante, poursuit Steven Hill. C’est à l’Etat fédéral de s’engager. »
Association : Uncommon Good, pour le bien commun
Personnalité : Tavis Smiley, la star démultipliée
Entreprise : Northern power dans le vent
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