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Mon métier : assassin financier
jeudi, 5 janvier 2006 / Alioune Zergal

Un seul impératif pour exercer cette profession. Ranger les états d’âme au placard.

L’histoire nous mène du New Hampshire (Etats-Unis), à l’Equateur, de Panama à l’Iran, de Paris à l’Indonésie, dans des aventures dignes de James Bond. C’est en fait l’histoire bien réelle de John Perkins, citoyen nord-américain. Son métier : "assassin financier". "Dans ce livre, je raconte comment pendant trente ans, j’ai travaillé au service de l’économie des Etats-Unis en escroquant des milliards de dollars aux gouvernements les plus pauvres du globe". Recruté au début des années 60 par l’agence de sécurité américaine (NSA), Perkins passe au service de Main, société peu connue et aujourd’hui disparue. Son rôle : préparer le terrain dans un pays en voie de développement - via des études économiques très orientées - afin de favoriser l’octroi de prêts de grandes institutions financières comme la Banque mondiale.

Vaste comédie

L’idée pourrait sembler altruiste. Il n’en est rien. En échange de ces prêts, Perkins est chargé de "rapatrier pour des multinationales américaines, 90% des contrats signés grâce aux financements des institutions internationales". Pour parvenir à ses fins, tous les moyens sont bons : pots de vin, proxénétisme, corruption, assassinats. Aujourd’hui repenti, Perkins lâche le morceau. Il plonge le lecteur aux racines de la dette équatorienne, l’emmène aux origines de l’expansion de l’Arabie saoudite. Et l’on croise la famille Ben Laden, on se faufile dans les arcanes du pouvoir iranien, on assiste aux négociations pour la rétrocession du canal de Panama. Ce tableau de la finance internationale laisse malgré tout le lecteur sur sa faim. Les portes s’entrouvrent sans jamais nous laisser pénétrer totalement. Reste qu’au fil des pages, le malaise s’installe. Jusqu’à se demander si le ballet des limousines, des fonctionnaires internationaux cravatés et des grands de ce monde n’était finalement pas qu’une vaste comédie.

John Perkins, Confessions d’un assassin financier, Editions alTerre, 280 pages, 2005.

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