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L’Argentine : un cas d’école
jeudi, 5 janvier 2006
/ Toad
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/ David Solon / Président de l’association des Amis de Terra eco Ancien directeur de la rédaction de Terra eco , / Sami (illustration) |
En trois décennies, la dette de l’Argentine est passée d’environ 8 milliards de dollars à 166 milliards en 2003. Récit d’un fiasco collectif.
Tout commence sous la dictature du général Jorge Rafael Videla (1976-1981). Pendant cette période, l’Argentine multiplie les emprunts à l’étranger et s’endette sans compter. L’Argentine attire les investisseurs occidentaux, et le Fonds monétaire international ferme les yeux. Certaines entreprises publiques comme le groupe pétrolier YPF passent d’un endettement de 372 millions de dollars à plus de 6 milliards à la fin de la dictature. En 1981, quand tombe le général Videla, aucun registre de la dette du pays n’est "à jour". Le gouvernement qui lui succède (Raul Alfonsin) prend sous sa coupe tous les remboursements privés et publics passés, ce qui lui vaudra d’être condamné vingt ans plus tard par la Cour suprême. Les principaux créanciers - les grandes banques Citigroup, Chase Manhattan, Deutsche Bank, Bank of America - ont à la fois prêté à l’Etat argentin et aux entreprises privées...
Quand Carlos Menem succède à Alfonsin, et bien que les dettes des grandes entreprises aient été soldées, il prétexte leur grande dépendance financière pour lancer une vague de privatisations, suivant ainsi les recommandations du FMI. Les entreprises espagnoles Telefonica, Iberia, Repsol, Endesa posent le pied dans le pays à des conditions très favorables : la valeur des compagnies argentines étant sous-évaluée pour permettre l’arrivée d’investisseurs étrangers.
Il aura fallu plus de trois ans pour que le pays remonte la pente. Il y a seulement quelques jours, Nestor Kirchner, l’actuel président, a annoncé que son pays rembourserait sur ses propres réserves la totalité de sa dette envers le FMI soit 9,8 milliards de dollars, "afin de ne plus subir les audits et les exigences du Fonds", économisant ainsi plus d’un milliard de dollars d’intérêts. La partie n’est pas gagnée pour autant. L’Argentine doit investir chez elle et augmenter ses capacités de production afin de relancer les exportations. Elle est sur "la bonne voie", estime Roberto Lavagna, un ancien ministre de l’économie. Et semble avoir gagné en émancipation.
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