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14-10-2004
Mots clés
Politique
France

J’aime l’impôt !

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Il a 90 ans et le visage buriné par une existence mouvementée. En dépit des attaques dont il est l'objet, l'impôt sur le revenu tient encore sur ses jambes. Mais signe des temps, et d'une société qui néglige ses anciens, personne n'a vraiment songé à fêter l'anniversaire de ce nonagénaire vicieux et accapareur... Terra economica veut réparer cette erreur. Et lève le voile sur les vertus de l'impôt mal-aimé. Voici, en 12 questions et quelques petites histoires, tout ce que l'on devrait savoir sur l'impôt, pour se réconcilier avec lui.
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D’où vient l’idée saugrenue d’un impôt universel sur le revenu ? Elle émerge au début du XXe siècle. Surendetté par la guerre de 1870 contre la Prusse, l’Etat français a alors un besoin urgent de ressources. Le radical Joseph Caillaux fait voter un impôt provisoire sur le revenu en 1914. Pour cause de Première guerre mondiale, il n’entrera en vigueur qu’à partir de 1917. A son retour au pouvoir dans les années 20, Caillaux supprime l’impôt sur les fenêtres et pérennise sa création. "La vraie consolidation de l’impôt remonte au Front populaire, l’impôt sur le revenu n’est plus seulement une ressource mais un impôt qui permet une certaine redistribution des richesses", précise l’historien des idées économiques Jean-Marc Daniel.

Mieux, cet impôt a évité la reconstitution d’une société de rentiers après 1945. C’est ce que démontre Thomas Piketty dans un livre référence paru en 2001, Les hauts revenus en France au XXe siècle, inégalités et redistribution (Grasset). Extraits : "Les inégalités se sont réduites en France au XXe siècle. Mais, contrairement à ce que certaines théories pourraient laisser croire, cette réduction des inégalités ne ressemble en rien à un processus économique ’naturel’ et ’spontané’". Explication : "les taux supérieurs de l’impôt sur le revenu et de l’impôt sur les successions ont atteint des niveaux extrêmement élevés (les taux appliqués aux revenus les plus élevés dépassent les 90% dès les années 1920) et il est devenu matériellement impossible de retrouver des niveaux de fortune comparables à ceux qui prévalaient avant les chocs" (guerres mondiales et crise de 29).

Conclusion : "le fossé séparant les 0,01% des revenus les plus élevés (qui en pratique sont toujours constitués pour une part prépondérante de revenus du capital) de la moyenne des revenus était de l’ordre de 5 fois plus considérable au début du XXe siècle qu’il ne l’est depuis 1945". Qui a dit que la justice sociale était une utopie ?

Notre dossier :
Comment se réconcilier avec l’impôt en 12 leçons

ISF : Incitation à Sortir de France ?

Un impôt en petite forme

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