Les très institutionnels
Ceux-là ont découvert Twitter en se réveillant un matin, le regard encore obstinément rivé vers le XXe siècle. On leur a dit que ce serait une bonne idée, question de modernité. Et ils se sont lancés. Mais n’ont pas bien compris que Twitter n’était pas voué à lancer sur la toile des communiqués de presse. Ainsi, sous le pseudo d’Auxiette 2010, Jacques Auxiette (PS – Pays de la Loire) a entamé la tâche herculéenne d’énumérer ses propositions une à une. Après la révélation de la n°17 (“Être aux cotés des associations face au désengagement de l’Etat) et de la n°6 (“Soutenir l’émergence des écofilières”), était dévoilée hier la proposition n°44 (“Adopter un plan régional de démocratisation de l’enseignement supérieur”. L’ordre en effet est aléatoire. Question de suspense. On attend impatiemment le prochain tirage.
Les rassembleurs
Twitter si ça doit servir à une chose, c’est bien à remplir les salles de meeting. Alors les hommes politiques s’en donnent à cœur joie. “Participez à « Réunion publique de fin de campagne » (Demain de 18:30 à 21:30)”, appelait jeudi Raymon Couderc (UMP- Languedoc Roussillon). D’autres s’efforcent de renvoyer vers les émissions où ils ont montré leur trombine, les interviews où s’étalent leurs idées, les chroniques qu’ils ont gratté. Vous voulez du Couderc, du Queyranne (PS – Rhône Alpes) ? Alors tournez la molette et retrouvez les sur Radio Pays de l’Hérault ou France Info, annoncent-ils sur leur fil. Vincent Peillon, lui, renvoie inlassablement vers son blog (tout beau, tout neuf). D’autres ont le tweet un peu désespéré. Thierry Mariani (UMP – Paca) n’en finit pas d’appeler les gens à voter : “Seuls compteront les résultats de dimanche soir. Je compte sur votre mobilisation”. “Il est encore temps de faire une procuration ! La procédure a été simplifiée”. L’abstention ? Même pas peur.
Les virulents
Sur la toile, on peut aussi croiser le fer. C’est plus direct qu’à la télé. On ne leur a pas demandé leur avis ? Tant pis, ils le donnent. Jean-Luc Romero (PS – Ile de France) attaque : “Gérard Longuet avait déjà dérapé en assimilant homosexualité et pédophilie... Ses propos inacceptables sur Malek Boutih mériteraient qu’enfin l’UMP le désavoue.(...) Dimanche pensons-y”, "A l’UMP c’est ’Tous derrière le chef !’". Sur le fil de Benoît Hamon aussi ça balance. Sur le marché de Versailles l’homme s’inquiète de l’absence des UMP “ça doit être le vent” ou se moque d’une bourde de Nicolas Sarkozy : “NS : "C’est nous qui payons, heu, c’est vous qui payez. " il a avoué !”
Les “je raconte ma vie”
Rien de plus monotone qu’un candidat en campagne, sourire figé, il serre des mains et file de meetings en meeting. Qu’à cela ne tienne. Twitter se chargera du making of. Cécile Duflot (Europe Ecologie – Ile de France) et Benoît Hamon (PS – Ile de France) font dans la touche perso. Sachez-le, la tête de file des Verts en Ile de France, n’avait plus de voix en rentrant du grand meeting Europe Ecologie du Cirque d’hiver mercredi soir, s’est pelé en Champagne Ardennes, est restée coincée derrière un troupeau de poneys avant une interview à France 3. Pendant ce temps, le porte-parole du PS “run, run, run” entre Tours, Orléans, Blois, Trappes et Pantin, “file fêter la Saint Valentin” et “fait des tête à tête Pizzas avec sa fille”.
Les geeks
Il y a ceux qui se servent de Twitter comme une poule d’un couteau, qui n’arrivent pas à se rentrer dans le crâne que l’information passe à la trappe après 145 caractères. Et puis il y a ceux qui sont tombés dedans quand ils étaient petits. Ceux-là tweetent efficace, connaissent la langue du # et du @ se répondent et virevoltent sur le fil. Ils s’appellent Nathalie Kosciusko Morizet (UMP-Essonne), Anne Hidalgo (PS – Paris), Jean-Luc Romero (PS - Ile de France). Non contents de maîtriser l’outil, ceux-là s’organisent des concours du roi des réseaux sociaux : “12ème au Top 100 des politiques sur Facebook”, s’enthousiasme M. Romero. “Le Ps, nouveau leader du web politique ?”, s’interroge Anne Hidalgo en référence à un article de Fluctuat.net.
Les “imagés”
Bon, d’accord, ils n’ont pas tous des talents de photographes et peinent à cadrer une vidéo. Mais nos candidats aiment les images. Celle surexposée d’une balade sur le canal Saint-Martin ou d’un meeting en contre-jour. Celle d’un Jacques Chirac rigolard au salon de l’agriculture ou d’une série de dos qui regardent on-ne-sait-pas-trop-quoi. Alain Dolium (Modem – Ile de France) croit plutôt à l’image animée et joue le jeu du diaporama sonore version hype : “"Ma Région, je l’aime", un slam pour vous inviter à voter dimanche !” A voir – sans rire - sur le site du candidat
Les absents
Ils sont des centaines. Ils n’aiment pas, n’adhèrent pas, trouve ça trop dangereux, trop bobo, trop compliqué. Ils n’ont pas d’Iphone pour envoyer leur tweets depuis leur oreiller les nuits d’insomnie, ou depuis les chaises inconfortables d’un énième meeting. Et puis, à quoi ça servirait ? Leurs électeurs ne sont pas sur twitter. Parce qu’une chose est sûre. Twitter c’est des couches de cercles concentriques, organisés autour d’un centre : Paris. Plus on s’éloigne de la capitale, moins il y a de “twitteurs” et de “followers". Sur son fil, Anne Hidalgo s’en défend : “Twitter ne s’adresse pas qu’à l’homme de 30-35 ans en région parisienne". D’accord. Peut-être aussi à sa femme et à quelques-uns de ses cousins urbains. Mais à sa grand-mère ? Peu de chance.
Les candidats les plus suivis (jeudi 11 mars à 18h)
Nathalie Kosciusko Morizet : 41762 abonnés
Benoit Hamon
: 30649 abonnés
Anne Hidalgo
: 3758 abonnés
Vincent Peillon
: 3563 abonnés
Cécile Duflot
: 1982 abonnés
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