En choisissant la voie référendaire, le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, a peut-être définitivement scellé le sort de son pays au sein de l’Union européenne. Qualifié de « trahison » dans un discours qui restera dans les mémoires par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, la décision d’Alexis Tsipras de recourir à la décision souveraine du peuple grec est à la fois un coup politique et un signe fort d’attachement à la démocratie. Le chef du gouvernement - sans doute vaincu par la position irréductible de Bruxelles de ne pas rééchelonner la dette grecque – a tenté un coup de poker en s’en remettant directement au peuple. On a connu plus autoritaire. « Plus responsable » surtout, railleront certains.
Le choix de cette issue place néanmoins le chef du gouvernement face à deux problèmes (au moins). Les conditions de ce référendum, d’abord. Si cet outil est essentiel dans une démocratie, il doit s’organiser avec un minimum de prérequis. Il implique de la pédagogie, de la clarté dans la question posée, de la rigueur dans l’organisation et un délai de réflexion suffisant pour que le scrutin se déroule dans la sérénité. Pas vraiment l’esprit du rendez-vous du dimanche 5 juillet. D’ailleurs, Alexis Tsipras, peut-être refroidi par l’accueil glacial de ses « partenaires » européens, s’est fendu ce lundi matin d’un coup de téléphone à Jean-Claude Juncker pour lui demander (à nouveau) un délai pour le plan d’aide international à la Grèce qui expire ce mardi. Sans suite pour le moment.
Le deuxième problème est encore plus profond. Il tient dans l’exercice même de la démocratie. En quittant la table des négociations avec Bruxelles vendredi, le leader de Syriza, a fait voler en éclat cet « esprit de consensus » dont parle Jean Claude Juncker. Pour le président de la Commission européenne, abattu mais combatif ce lundi matin, « jouer une démocratie contre 18 autres, ce n’est pas une attitude qui convient à la grande nation grecque ». Dimanche, en cas de victoire du Non (au plan d’aide), Alexis Tsipras, héraut d’un pays exsangue mais jusqu’à vendredi dernier porté par la solidarité des autres Etats membres, se retrouverait bien seul. Les 11 millions de Grecs ont désormais leur destin entre leurs mains. Même si dans cette longue histoire aux parfums de tragédie, nul n’est à l’abri d’un nouveau rebondissement.
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