publicité
haut
Accueil du site > Blogs > Les blogs > Contre-capitalisme > II - La critique politique du capitalisme

Contre-capitalisme

Par freretuck
28-04-2012

II - La critique politique du capitalisme

II – LA CRITIQUE POLITIQUE DU CAPITALISME

Le capitalisme exerce son pouvoir sur les domaines économique, politique et médiatique.

Au niveau économique, les circuits économiques marchands représentent 90 % du PIB. La finance non solidaire représente plus de 99% des actifs en circulation en France.

Au niveau politique, les gouvernements ont développé un cadre réglementaire favorable aux investisseurs : niches fiscales, exonération d’impôts pour les plus grandes entreprises, non-intervention dans le fonctionnement des marchés financiers, recours croissant à l’emprunt privé. Les États sont massivement endettés depuis 40 ans et s’endettent chaque année un peu plus, notamment par le vote de budgets en déficit. Pour éviter de s’endetter trop vite, on cherche à réaliser des économies sur les mécanismes de redistribution des richesses : infrastructures confiées au privé, fermeture de services publics, disparition des aides sociales et fiscales en faveur des particuliers. Chaque année, davantage de personnes sont poussées vers la précarité et la pauvreté alors même que la production de richesse continue d’augmenter. Face à eux, quelques partis d’opposition critiquent cette situation : à gauche, quelques aménagements fiscaux sont proposés. A l’extrême gauche, un changement plus radical est préconisé, notamment par une prise de contrôle plus importante du pouvoir politique sur les pouvoirs économiques et financiers.

Enfin, les médias de masse et les groupes de réflexion acquis aux thèses économiques libérales contribuent à assurer la légitimité du système économique actuel et proposent peu de moyens permettant de prendre la distance nécessaire à toute réflexion critique. La presse économique relaye quotidiennement les attentes, les craintes et les désirs des investisseurs, ces nouveaux dieux de l’économie qui font la pluie et le beau temps sur les marchés, donc sur l’économie, donc sur la société toute entière.

Sur ces trois fronts économique, politique et médiatique, le capitalisme est aujourd’hui prédominant. On peut en représenter la force sur les deux principaux plans économique et politique, afin de montrer la situation de ses contre-pouvoirs par une schématisation des rapports sociaux existants à ce jour :

-  au niveau politique, l’expression du suffrage universel critique au système actuel, que l’on peut identifier approximativement par le vote de gauche se traduit par la maîtrise de quelques cercles de pouvoir, principalement au niveau local. Les institutions politiques nationales et surtout internationales restent marquées par un attachement au capitalisme et à ses tendances accumulatrices.

-  au niveau économique, la part du secteur non marchand hors services publics, regroupée sous l’appellation générique d’Économie Sociale et Solidaire (ESS), est en progression mais son influence reste souvent limitée à un niveau local et sa place au cœur du monde financier est absolument marginale.

http://idata.over-blog.com/5/92/50/...

Le système capitaliste est dominant aujourd’hui mais il n’en a pas toujours été ainsi. Le capitalisme a été contesté et même menacé dans le passé, mais il s’en est toujours remis. Il faut comprendre pourquoi.

La critique du capitalisme naît au début du 19ème siècle avec les premières théories socialistes d’Owen, Saint-Simon et Fourier. Quelques décennies plus tard, une critique structurée apparaît avec la théorie économique de Marx et la fondation de la première Internationale ouvrière en 1864.

Marx considère qu’une prise de pouvoir politique est nécessaire pour établir un nouveau système économique. A sa suite, au début du 20ème siècle, Lénine (puis les mouvements se réclamant du communisme) pense que seule une conquête exclusivement politique et centralisée du pouvoir permettra de changer le système. Avec la prise de pouvoir politique, le pouvoir économique suivrait. Cette lecture léniniste des écrits de Marx et Engels a marqué l’ensemble de la critique du capitalisme au 20ème siècle : tous les mouvements hostiles au capitalisme, qu’ils soient socialistes ou communistes ont axé leur action sur la seule prise du pouvoir politique, délaissant toute action économique contre le fonctionnement même du capitalisme… pour le plus grand profit des capitalistes.

En effet, les syndicats, parfois puissants, n’ont joué qu’un rôle mineur dans la construction globale des rapports de force sociaux et se sont souvent révélés subordonnés aux acteurs politiques. Le syndicalisme de type révolutionnaire a bien cherché à s’en affranchir. Mais si la grève générale et le boycott peuvent impacter ponctuellement le processus de production, le circuit d’investissement qui irrigue en continu l’économie toute entière n’est en rien fragilisé.

Les initiatives économiques alternatives au capitalisme comme le mutualisme ou le mouvement coopératif sont restées à leur niveau de développement du 19ème siècle, forgé sans structuration particulière ni optique de changement global du système capitaliste. « L’économie sociale et solidaire » (ESS) est souvent restée cantonnée à occuper une place économique centrée sur des secteurs peu concurrentiels, délaissés par les investisseurs et parfois dénigrée par les opposants politiques au capitalisme.

On peut représenter graphiquement le positionnement des principaux mouvements critiques au capitalisme en fonction de la nature de leur action (politique ou économique) et de leur vocation (locale ou globale), ce qui permet de situer assez rapidement le spectre des contestations au capitalisme.

http://idata.over-blog.com/5/92/50/...

Une sorte de mouvement en faucille permet d’englober l’ensemble des mouvements critiques au capitalisme. On peut également deviner le manche d’un marteau dont il ne manque plus que la masse : un trou béant se révèle au niveau d’une action anti-capitaliste de type économique globalisé.

Au 20ème siècle, des forces politiques puissantes se sont levées pour changer l’ordre du monde. A chaque fois, les puissances financières relayées par leurs alliés politiques et militaires ont su faire échouer ces tentatives.

La révolution russe a coûté une guerre civile à l’URSS qui brisa net l’élan révolutionnaire en Europe en 1920. Les fronts populaires d’Espagne et du Chili furent renversés par des coups d’Etat militaires conservateurs en 1936 et 1973. En 1981, le programme de François Mitterrand n’a pas résisté deux ans face au « Mur de l’Argent » et à ses armes économiques : effondrement des bourses, fuite des capitaux, dévaluations, emprunts forcés qui forcèrent un gouvernement socialiste à ouvrir la parenthèse d’une Rigueur jamais refermée depuis.

Dans le contexte de mondialisation actuelle, les capitaux peuvent fuir à tout moment et l’économie s’effondrer sous la pression des spéculateurs à la moindre alerte. Ce qui a été possible pour l’Islande, l’Irlande et la Grèce hier le sera demain pour la France, et ce dans des proportions beaucoup plus importantes et dramatiques qu’il y a trente ans, au vu de la mondialisation des échanges et de l’interdépendance de chaque économie nationale au reste du monde. La spéculation sur la dette française est possible dès le lendemain de l’élection présidentielle. Les investisseurs votent avec leurs billets et savent toucher un pays là où ça fait mal : au cœur de ses finances.

Le capitalisme est un système économique organisé au niveau mondial de manière très structuré. Or, la critique du capitalisme a historiquement été de nature principalement politique ; elle est aujourd’hui faible et divisée. De là vient peut-être son échec historique.

Les mesures politiques modérées sont vouées à l’échec dès leur création. Le keynésianisme des années 1930 n’a pas empêché l’accroissement durable des inégalités et la survenue de nouvelles crises. L’Etat-providence se révèle chaque jour plus fragile face aux coups de boutoir des investisseurs organisés mondialement. Plusieurs décennies après sa conception, la taxe Tobin n’est toujours pas appliquée en dépit du bon sens le plus élémentaire.

Les projets politiques plus radicaux sont pertinents, utiles et certainement nécessaires au renversement du capitalisme. La conquête du pouvoir politique et l’application de règles contraignantes pour le capital et la finance peut toucher ponctuellement le fonctionnement du capitalisme sur un territoire déterminé. Mais il ne remet pas en cause ses lois fondamentales. Les investisseurs parviennent tôt ou tard à conserver leur capital, sauvegarder leurs intérêts économiques, rétablir leurs circuits d’échange et continuer leur processus d’enrichissement au détriment du plus grand nombre.

Le passé enseigne qu’une action politique radicale se révèle systématiquement insuffisante et parfois même contre-productive pour modifier les rapports de force le moment venu si d’autres leviers ne sont pas actionnés en même temps contre le capital. Il convient dès lors de déterminer lesquels.

COMMENTAIRES
Soyez le premier à réagir à cet article !
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d'indiquer ci-dessous l'identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n'êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

[Connexion] [s'inscrire] [mot de passe oublié ?]

  • Se connecter
  • Créer un compte
  • NEWSLETTERS
    Cochez les cases pour vous abonner à vos newsletters
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
publicité
bas