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29-05-2008

"La voie d’une plus grande indépendance énergétique"

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Eric Martinot, de l’ONG Worldwatch, coauteur d’un rapport sur les énergies renouvelables en Chine.
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Une capacité éolienne doublée en 2006, la troisième production au monde de cellules photovoltaïques, le plus gros marché de chauffe-eau solaires... La Chine saute à pieds joints dans l’univers des énergies vertes. C’est la conclusion d’un rapport [1] publié par Worldwatch, une organisation américaine dédiée à la recherche environnementale. Avec 32 milliards d’euros versés dans les tuyaux du renouvelable en 2006, la Chine serait aujourd’hui le plus gros investisseur du secteur, juste après l’Allemagne. Explications avec Eric Martinot, coauteur du rapport.

Aux quatre coins de la Chine et à tous les niveaux, le secteur des énergies renouvelables croît à un rythme fulgurant. C’est exact. Au début, il n’y avait dans ce domaine que des initiatives portées par de petites entreprises privées. Aujourd’hui, il s’agit d’un projet supervisé et planifié par l’Etat à tous les niveaux. Du coup, ça va à toute allure. Depuis que j’ai rendu mon rapport en novembre 2007, les choses ont déjà beaucoup changé. Par exemple, dans le secteur de l’éolien, des douzaines d’entreprises sont apparues sur le marché. La Chine dispose déjà d’une capacité éolienne de 5 GW, objectif qu’elle s’était fixé pour 2010. A cette date, ce pays pourrait disposer en fait de 10 GW [l’équivalent de 100 petites centrales au charbon, ndlr]. C’est très excitant.

Comment la Chine parvient-elle à de tels résultats ? Grâce à une stratégie nationale très complète. Depuis 2005 et la loi sur les énergies renouvelables, l’Etat intervient tout au long de la chaîne. En amont, il verse des fonds pour financer la recherche. Plus loin, il encourage les investisseurs en garantissant un tarif minimum sur la vente de l’énergie éolienne ou celle tirée de la biomasse. Il contraint enfin les fournisseurs d’électricité à puiser un certain pourcentage de leur énergie au robinet renouvelable : 3 % (hors hydroélectricité) d’ici à 2010 et 8 % d’ici à 2020. En clair, le gouvernement élimine les barrières qui pourraient freiner le développement du secteur.

Est-il possible malgré tout que la Chine ne remplisse pas les objectifs qu’elle s’est fixés ? Je ne vois pas pourquoi. A moins que le prix du pétrole dégringole à 30 dollars le baril et redevienne attractif, ce qui me semble improbable. Ou à moins que la crise internationale s’aggrave et gèle tous les crédits. Cela pourrait rendre difficile le financement des technologies ou des installations. Mais le gouvernement est si impliqué dans le secteur – il détient en propre une grande partie des installations – que les risques sont très faibles.

La Chine garde néanmoins l’image du mauvais élève du changement climatique. Oui, à cause des indicateurs utilisés. Depuis 1992 et le protocole de Kyoto, la lutte contre le changement climatique se mesure uniquement à l’aune des émissions en CO2. Comme si le carbone était la seule variable pour sauver le monde. Mais mesurer les émissions de la Chine est injuste. Le pays est en plein développement : ses émissions continueront à grimper de 6 % à 8 % par an avec la croissance. Il faudrait adopter de nouveaux indicateurs, mesurer la part des énergies renouvelables dans un pays et son efficience énergétique, c’està- dire l’énergie utilisée pour produire une tonne d’acier ou d’aluminium par exemple. Et là, la Chine retrouverait une place de premier rang aux côtés de l’Allemagne, de l’Espagne ou même de la Russie.

Vous soulignez cependant que la première motivation du gouvernement n’a rien d’écologique. Effectivement, c’est tout d’abord de limiter les importations d’énergie et d’éviter la panne sèche. Aujourd’hui, les coupures d’électricité sont fréquentes dans certaines régions. Et cela risque d’empirer. Certes, le pays dispose d’une réserve importante de charbon, qui durera sans doute encore plusieurs décennies, mais celle-ci finira bien par s’épuiser. Avec les énergies renouvelables, la Chine s’ouvre donc la voie d’une plus grande autonomie énergétique. Enfin, c’est une opportunité pour s’imposer comme un leader dans des industries de pointe. Une image de prestige et des créations d’emploi, que demander de plus. —

[1] Le rapport « Powering China’s Development : The Role of Renewable Energy » sur le site de Worldwatch : www.worldwatch.org/node/5496

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