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5-04-2007

Au secours la Terre déborde

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((Chine : Gert Wrigge, Anton Oettl))
 
A l'horizon 2030, selon un rapport du programme ONU-Habitat, rendu public en septembre 2005, 3 milliards de personnes supplémentaires viendront rejoindre, dans les zones urbaines, les 3 milliards qui y vivent déjà. Voici pourquoi.
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(Par José Ferré - bloggueur) - L’agriculture ne nourrit plus son homme et ce, d’autant moins que, d’une part, les pays riches exportent leurs surplus agricoles à perte et à un prix inférieur aux coûts de production dans les pays pauvres et, notamment en Afrique.

D’autre part, la pénétration croissante des techniques agricoles mécanisées suppose moins de main-d’œuvre.

Enfin, d’une troisième part, les industries agro-alimentaires imposent leurs standards, vendent des semences, autrefois reproduites gratuitement par les agriculteurs, et des modes de culture nécessitant l’utilisation massive d’engrais, de desherbants et autres produits chimiques.

Conséquence : les paysans s’endettent pour acheter machines, semences et engrais, augmentent leurs coûts de production sur des marchés à la baisse, donc l’écoulent de plus en plus difficilement, ne gagnent plus leur vie, sont conduits à la faillite et partent enfin vers les villes, dont la télévision leur vend les images tentatrices.

Ils émigrent d’abord vers les zones urbaines de leur propre pays, aimantés par la perspective d’une vie d’abondance et la promesse d’un travail. C’est, le plus souvent, un leurre.

Sans formation, les paysans émigrés ne peuvent espérer au mieux qu’un travail pénible et d’autant plus mal rémunéré qu’ils sont en concurrence avec la masse de leur congénères, sur lesquels les employeurs peuvent jouer pour maintenir des niveaux de salaires de misère. Cette réserve de main-d’œuvre immense, disponible, taillable et corvéable à merci, permet en outre la délocalisation, depuis les pays riches, de l’essentiel de l’activité industrielle et déjà, d’une partie sensible des services.

La condition des paysans émigrés dans les zones urbaines est, au mieux équivalente à celle qu’ils ont quittés dans les campagnes et, pour la très grande majorité d’entre eux, plus précaire encore. Ce sont eux qui s’entassent déjà par dizaines de millions dans les bidonvilles aux portes des grandes métropoles d’Asie, d’Afrique ou d’Amérique latine.

Les plus vaillants, les plus audacieux, jouent alors une dernière carte et tentent d’aller plus loin. Seuls ou, en désespoir de cause, s’en remettant à des négriers qui les dépouillent de ce qui leur reste, ils partent vers l’Eldorado des pays riches. Beaucoup n’y parviennent jamais, maltraités, dépouillés, tués accidentellement ou pas.

Ceux-là sont une infime partie des 3 milliards de citadins nouveaux prévus pour 2030. Combien seront-ils ? 10%, 5%, 3% du total ?

Il suffit que savoir qu’un seul pour cent de cette masse représente 30 millions d’hommes, qui viendront frapper aux portes de l’Europe ou de l’Amérique, chassés par la misère, attirés par nos modes de vie. Plus d’un million par an, en gardant ce chiffre conservateur de 1%.

La migration de masse qui est en route à travers le monde représente dix fois l’émigration des paysans européens depuis le début du XIXe siècle : là où un peu plus de 300 millions de personnes ont mis 150 ans à émigrer vers les villes, ce sont environ 3 milliards qui vont s’y précipiter en 25 ans.

Cela suppose, en 25 ans, la construction de 35 millions de logements par an, 96.000 par jour, 4.000 par heure.

Et le rapport d’ONU-Habitat prévient : “Si des ressources financières ne sont pas investies dans le développement des logements urbains, les 3 milliards de personnes qui nécessitent un logement d’ici 2030 vont tomber dans le piège de la pauvreté urbaine et vivront dans des conditions déplorables.“

Le plus probable, c’est que les sommes nécessaires au logement et, par conséquent, aux transports et à l’accueil social, sanitaire, scolaire, de ces milliards de personnes ne seront pas investies.

Que faire ? Laisser venir ces gens vers les villes en leur faisant miroiter, pour leur malheur, les beautés de la société de consommation et de la croissance, en prenant le risque de créer des hyper-ghettos, avec les conséquences que l’on devine ? Ou changer de modèle sans tarder et ralentir, faute de stopper, l’exode vers les villes ?

Il est urgent de réunir une conférence internationale, sous l’égide l’ONU, pour faviriser la fixation d’une partie des flux migratoires potentiels sur les territoires d’origine et pour préparer l’accueil de ceux qui partiront quand même.

Cette conférence doit se donner au moins sept objectifs :

1• le contrôle strict et la diminution progressive des exportations d’excédents agricoles des pays riches vers les pays pauvres.

2• une protection des techniques agricoles traditionnelles contre les requis des industries agro-alimentaires.

3• une augmentation des prix agricoles à la production, facilitant une fixation des populations rurales sur leur terre d’origine.

4• le développement d’activités in-situ, artisanales, industrielles, de service et de télé-travail, et toutes mesures susceptibles de favoriser le maintien dans les zones rurales d’une proportion importante des populations concernées.

5• l’adoption d’un plan mondial d’aménagement des territoires, prévoyant, dans les pays pauvres, la création massive et le développement de villes nouvelles, de taille moyenne -500.000 à 2 millions d’habitants-, susceptibles de désengorger les grandes métropoles.

6• La construction de ces villes et de leurs infrastructures, financées avec l’aide de la communauté internationale, répondra à des normes environnementales et favorisera, par l’ampleur du marché ainsi créé, un développement rapide de filières de construction éco-compatibles.

7• En Europe et, notamment, en France, l’adoption de plans régionaux d’aménagement des territoires, prévoyant notamment une augmentation sensible et, sans doute, un doublement du nombre des constructions, et la création de villes nouvelles, dotées de zones d’activités et d’infrastructures adéquates.

Il est déjà très tard. Mais il n’est jamais trop tard.

En revanche, combien paraissent dérisoires, irresponsables et scandaleux, les discours ou les silences de nombre des candidats à la Présidentielle sur l’immigration, choisie ou pas. Face à la vague qui est en marche, et que par notre égoïsme et notre aveuglement nous contribuons à renforcer, nous n’aurons pas le choix.

Aucun mur n’arrêtera cela. Il faut nous préparer à être accueillants. Dans l’intérêt de ceux qui arrivent. Et dans notre intérêt bien compris.

Retrouvez cet article sur Carnets de nuit

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