Par José Ferré, bloggueur
En apparence, cette élection se joue sur des questions de personnes et des questions économiques, sociales, environnementales, disons programmatiques : la dette, l’évolution du pouvoir d’achat, le rôle de l’Etat, la place de la France dans la mondialisation, l’avenir des services publics, le réchauffement climatique, le contenu de la croissance, la fiscalité, l’avoir ou l’être, le chômage, les retraites...
En réalité, elle se joue ailleurs, sur deux enjeux idéologiques, qui recoupent évidemment les questions ci-dessus, mais les mettent en perspective sur deux lignes de fracture politique :
1- La fracture système/anti-système - Dans le chaos idéologique qui s’est cristallisé, depuis près de 20 ans, autour de l’implosion du système soviétique, de la mondialisation des échanges, de l’ultra-libéralisme, de la financiarisation de l’économie, de la perte de substance des Etats, de la renaissance des religions, de l’individualisme généralisé et du réchauffement climatique, la confiance dans le "système" est fortement ébranlée.
Ceci se traduit de deux manières : l’acceptation, voire la soumission, d’une part et, d’autre part, la désespérance et le refus d’un système politique incarné par des institutions, des partis et des hommes, dont beaucoup pensent qu’ils sont à bout de souffle, ont fait leur temps ou ont durablement échoué.
Comment dépasser cette fracture fondamentale, autrement que par un ravaudage, forcément fragile et provisoire, de majorité ? Qui s’en préoccupe réellement au-delà des effets de tréteaux ?
2- L’introuvable fracture idéologique - Dans le chaos idéologique esquissé ci-dessus, quels contours peuvent prendre, aujourd’hui, plusieurs projets de société antagonistes ou contradictoires ? Où se trouve(nt) désormais la ou les lignes de partage entre les options qui privilégient le mouvement (vers un progrès, et lequel ?) et celles qui privilégient l’absence de mouvement (le conservatisme, mais lequel ?) ? Entre celles dites de droite et celles dites de gauche ?
Les clivages “mouvement/vitrification“, “progressisme/conservatisme“, “égalitarisme/élitisme“, “liberté pour tous/liberté pour les plus forts“ ou “droite-gauche“ peuvent-il encore avoir une traduction politique et économique claire ? Font-ils encore sens ?
Epousent-ils encore les lignes politiques de certains partis ? Faut-il les dépasser ou leur donner un contenu nouveau ? Qui le tente aujourd’hui parmi les candidats ou leurs soutiens ? Et à qui faire confiance pour y parvenir ?
A ces deux fractures, qui sous-tendent les intentions -ou les absences d’intentions- de vote des uns et des autres, il n’y a pas de réponse simple...
Mais peut-être avez vous un avis là-dessus ?
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