Le militant se pêche en ligne

C’est peut-être dans une vidéo sur Internet que Nicolas Sarkozy annoncera sa candidature aux élections de 2007. Il l’a presque promis le 23 décembre, lors d’un long entretien vidéo, un podcast, diffusé sur le blog de Loïc Le Meur, ex-fondateur de start-ups reconverti dans les blogs, ces journaux personnels qui fleurissent sur le Web. A un an des présidentielles, il s’agit de recruter du militant. En s’inspirant, notamment, des méthodes du Parti républicain américain.

Ainsi, lors des épisodes de violence dans les banlieues, l’internaute qui tapait les mots "racaille" ou "banlieue" sur un moteur de recherche voyait apparaître un lien publicitaire vers le site de l’UMP (1). Dans la foulée, des vagues de courriers électroniques à la gloire de l’UMP sont parties dans les boîtes. Comme pour les campagnes de promotion des voyagistes. Tous les internautes n’ont pas apprécié. Néanmoins, le parti a fait fort. "44 000 signatures, et au moins 18 000 adhésions", estime Arnaud Dassier, responsable de l’Enchanteur des nouveaux médias, l’agence de communication interactive de l’UMP. Créée en 1999, elle annonce 1 million d’euros de marge brute pour 2005. Depuis l’été dernier, l’UMP recrute également via SMS. C’est Phonevalley, société spécialisée dans le développement de solutions SMS, qui officie.

Cyber traîne

L’idée est "d’appliquer des techniques de marketing relationnel, courantes dans les grandes sociétés, mais que les partis politiques n’ont pas encore découvertes", se targue Arnaud Dassier. L’UMP indique ainsi avoir investi un million d’euros dans sa communication sur Internet en 2005. Du coup, les autres partis semblent à la traîne alors ils souquent ferme. A l’exception du Front national, et du Parti socialiste qui s’apprêtent à le faire, tous les mouvements offrent désormais la possibilité d’adhérer en ligne. Les organisations tentent également de mobiliser leurs militants via le Web collaboratif. Dernier outil à la mode : les wikis, ces sites Web dont tout visiteur peut modifier les pages à volonté. "Les membres peuvent s’organiser en ligne, sur le modèle de la plate-forme Meetup lancée par Howard Dean, candidat du Parti démocrate aux dernières présidentielles américaines", explique Jean-Philippe Clément, du site Internet Netpolitique.net. Les Verts tout comme le Front National vont s’y mettre. L’UDF, lui, va se doter d’un Intranet collaboratif. Quant au PS, il compte lancer des wikis thématiques, notamment un sur les élus locaux.

La politique fait sa mue

Pas le choix. Pour être à la page, les partis s’entourent. L’UMP mise sur l’Enchanteur des nouveaux médias et d’anciens fondateurs de start-ups, comme Xavier Schallebaum, créateur de Contentis, pour la veille technologique. De son côté, le PS s’est doté d’une mystérieuse "communauté virtuelle" composée d’anciens collaborateurs de Lionel Jospin, "qui travaillent aujourd’hui dans des sociétés privées", explique Vincent Feltesse, fraîchement nommé secrétaire national aux nouvelles technologies au PS. Las, la réflexion ne dépasse pas toujours la stratégie. "Ce qui est nouveau avec Internet, c’est que nous permettons aux citoyens de faire de la politique de manière plus satisfaisante qu’en allant écouter un orateur soporifique", argumente Arnaud Dassier. Et, sur le nouveau site de l’UMP, les militants méritants, qui, par exemple, parviennent à faire adhérer des individus, sont reconnus. Chez Tupperware, cela se nomme la vente pyramidale. Nouvelles technos, vieille rengaine.

(1) Le lien vers l’UMP

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