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Vise le green

Par Benjamin Cliquet
6-05-2011

Vancouver se gargarise de son eau potable

Vancouver se gargarise de son eau potable
(Au nord de Vancouver, "la gravité des montagnes déplace l'eau pour nous")
La gestion de l'eau est à mon avis la problématique environnementale la plus inquiétante pour ces prochaines années. En fait, l'eau potable n'est pas un problème majeur à Vancouver puisque l'agglomération n'en manque pas. Mais concernant cette problématique, mieux vaut ne pas s'endormir sur ces lauriers...

« Vancouver a la vision d’être la Ville la plus Verte au monde d’ici 2020. Pour y parvenir, nous avons défini 10 objectifs de long-terme, chacun associé à une visée pour 2020. Après avoir parlé avec les citoyens et les actionnaires, nous avons créé un premier plan d’action pour atteindre les objectifs fixés. » C’est ainsi que commencent toutes les courtes vidéos réalisées par la ville de Vancouver pour présenter ses 10 objectifs de long-terme (voir les vidéos en anglais) qui sont :

1. Une économie verte

2. Être leader en matière de politique climatique

3. Bâtiments écologiques

4. Réseau de transport écologique

5. Zéro déchet

6. Accès à la nature

7. Empreinte écologique plus faible

8. Eau propre

9. Air propre

10. Nourriture locale

Après près de deux mois passés à Vancouver, je continue, pour l’avant-dernière fois, de remettre ces objectifs dans leur contexte pour comprendre les problématiques de chacun d’entre eux. Je vous invite, encore et toujours, à visiter le site officiel du projet pour en savoir plus sur le projet de Vancouver Greenest City.

La gestion de l’eau est à mon avis la problématique environnementale la plus inquiétante pour ces prochaines années. Je n’avais pas eu l’occasion d’écrire sur ce sujet à Helsinki, mais voilà que je me rattrape. En fait, l’eau potable n’est pas un problème majeur à Vancouver puisque l’agglomération n’en manque pas. Mais concernant cette problématique, mieux vaut ne pas s’endormir sur ces lauriers. Robert Hicks, ingénieur principal au Service des politiques et de la planification de MetroVancouver (autorité locale de gestion des services pour l’agglomération de Vancouver), et Ilja Tromp-van Meerveld, professeure de géographie et spécialiste en hydrologie à la SFU (Simon Fraser University), m’ont aidé à comprendre quelles étaient les atouts de la région et quelles étaient les problèmes auxquels il fallait rester vigilant.

D’abord, en toute logique, ce n’est pas la municipalité de Vancouver qui gère ce neuvième objectif de long terme mais MetroVancouver (puisque l’eau se gère en commun pour toute l’agglomération). L’objectif est double. D’abord, à long terme, la ville a l’ambition de détenir l’eau potable avec la meilleure qualité au monde. Les différents paliers pour y parvenir sont les normes provinciales, nationales puis internationales. Mais cette ambition étant sur le long terme, un deuxième grand objectif s’avère indispensable : réduire la consommation d’eau des différents acteurs de l’agglomération. Ainsi, d’ici 2020, la ville compte réduire la consommation d’eau par habitant de 33% par rapport à 2006.

"Vancouver a une excellente eau potable car il y a trois bassins qui sont entièrement protégés, où il n’y a pas de développement et presque aucune influence humaine." Ces 3 sources sont les 3 lacs de Capilano, Coquitlam et Seymour. Les lacs opèrent un excellent traitement naturel de l’eau. Les forêts non exploitées sont également un atout important pour préserver l’eau propre. Malheureusement, dans certaines parties de la Colombie-Britannique, l’eau potable n’est pas de bonne qualité, notamment dans les petites communautés (souvent abritant les Indiens d’Amérique) où les bassins d’eau potable ne sont pas protégés contre l’agriculture ou l’exploitation minière. Les infrastructures de traitement de l’eau manquent souvent.

L’agglomération n’est pas près de manquer d’eau potable, les rivières locales pourraient, dit-on, fournir de l’eau fraîche pour la population de l’Allemagne. En revanche, les infrastructures pour la traiter sont limitées. "Nous avons beaucoup de chance, nous avons la gravité des montagnes qui déplace l’eau pour nous" s’enthousiasme Robert. Et comme la qualité de l’eau est excellente, le traitement de celle-ci est simple. Les limites proviennent donc uniquement des capacités des pipelines pour transporter l’eau depuis les lacs et des infrastructures de traitement. En outre, le prix de l’eau va augmenter.

Les changements climatiques, un problème encore flou

Les Vancouvérites bénéficient de deux types de stockage de l’eau :
- la neige des montagnes (le plus important) ;
- les lacs (pendant l’été, quand la neige a fondu). Les changements climatiques vont devenir la principale problématique car, comme l’explique Robert, "au fur et à mesure que ça se réchauffe, il y aura de moins en moins de neige dans les montagnes". Celle-ci fondra de plus en plus tôt, et c’est de cela qu’ils s’inquiètent car ils auront besoin de nouvelles capacités de stockage (les lacs stockent pour l’instant l’eau pendant 3 mois de l’année et il est difficile de déterminer s’ils peuvent stocker pendant 4, 5 ou 6 mois). Ce problème pourrait conduire à de véritables soucis de stockage d’ici une quinzaine d’années, selon les premières prévisions. "La modélisation des changements climatiques est rendue très délicate dans cette partie de la Colombie-Britannique à cause des montagnes" affirme Robert. Cet élément ajoute une grande complexité aux différentes modélisations, c’est pour cela que les prévisions pour les prochaines années sont encore imprécises.

Comme on le voit sur ce graphique, les habitants ont encore un grand rôle à jouer dans la réduction des consommations d’eau de la ville.

L’eau potable ne manque donc pas. Pourtant, les autorités ont consciences qu’il est de leur devoir d’essayer de réduire la consommation d’eau de l’agglomération. Et la situation de départ est délicate car le prix de l’eau est très bas, ce qui n’incite pas les habitants à être économes (même problème que pour l’électricité). Les industries paient, tous comme les municipalités et les habitants, pour chaque mètre cube d’eau qu’elles consomment. "Nous nous servons donc du marché pour trouver la solution" analyse Robert. Mais les prix ne sont pas fixés trop haut car ils craignent que les entreprises cessent de passer par les municipalités pour obtenir cette ressource indispensable.

Néanmoins, si l’on doit s’inquiéter pour Vancouver au sujet de l’eau, ce n’est pas pour les consommation plutôt élevées mais plutôt pour les traitements un peu légers des eaux usées, qui "pourraient être améliorés" selon Ilja. Dans plusieurs quartiers de la ville, les eaux usées et les eaux pluviales ne sont pas séparées et sont dirigées ensemble vers l’océan. C’est un peu décevant de la part de Vancouver mais ce n’est pas pire que la capitale provinciale, Victoria, qui ne traite pas du tout ses eaux usées et les rejette en totalité dans l’océan. "Ils ont encore de sacrés progrès à faire !" serait, je pense, la remarque la plus adaptée, et qui ne doit pas être loin de ce que vous vous dites tout de suite.

Finalement, l’eau potable de Vancouver est déjà conforme aux normes de qualité provinciales et suit également les directives du Canada. "Cependant, avec une consommation quotidienne moyenne résidentielle de 320 litres (chiffre de 2006), Vancouver est à peine en dessous de la moyenne canadienne (329 litres)", nuance le site officiel du projet. S’il n’y a donc pas de grandes inquiétudes à avoir pour l’eau potable de la ville, on se dit qu’ils ont tout de même bien raison d’essayer de faire des efforts, ne serait-ce que pour donner l’exemple (puisque c’est un peu leur démarche, être une ville exemplaire). Le chemin est long, mais ils ont de bonnes chaussures.

A bientôt, Visez l’green, Ben

COMMENTAIRES ( 2 )
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  • Bonjour,

    Je pensais que Vancouver était déjà proche d’être une ville verte. Trompée par le marketing urbain et les gros titres, je constate qu’il y a beaucoup de chemin à faire et pas des moindres, quand je lis ces deux passages :

    " Malheureusement, dans certaines parties de la Colombie-Britannique, l’eau potable n’est pas de bonne qualité, notamment dans les petites communautés (souvent abritant les Indiens d’Amérique) où les bassins d’eau potable ne sont pas protégés contre l’agriculture ou l’exploitation minière. Les infrastructures de traitement de l’eau manquent souvent."

    "Dans plusieurs quartiers de la ville, les eaux usées et les eaux pluviales ne sont pas séparées et sont dirigées ensemble vers l’océan."

    J’espère qu’il pensent global dans leurs objectifs du "be green" pour les voisins autochtones et l’océan...

    9.05 à 11h51 - Répondre - Alerter
    • Bonjour,

      la Colombie-Britannique est une province qui fait, je crois, environ deux fois la France. Donc il y a forcément des situations très différentes et Vancouver ne peut être responsable des manques d’infrastructures dans certaines régions de la province. Mais sinon oui, rejeter les eaux usées avec les eaux pluviales c’est pas génial.
      Emmanuel Prinet m’a également parlé du cas de False Creek qui est une toute petite baie dans le centre-ville de Vancouver. En cas de forte pluie, il arrive que les égoûts débordent et se déversent dans False Creek. L’eau est déjà relativement toxique dans False Creek à cause de son passé industriel (métallurgie, industrie pétrolière, etc). Et à marée basse, ça pue dans False Creek (parait-il). Il est d’ailleurs délicat de trouver à qui faire payer le coût de la décontamination de False Creek.

      Je crois que la gestion de l’eau est un des rares véritables défauts de la ville. Parce qu’ils sont très bons et ont fait d’énorme progrès dans beaucoup de domaines. Ils sont également un peu en retard sur la gestion des déchets. Mais là aussi, si l’on compare Vancouver avec le reste de l’Amérique du Nord, Vancouver est un exemple.

      9.05 à 13h14 - Répondre - Alerter
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