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Vise le green

Par Benjamin Cliquet
7-05-2011

L’empreinte écologique, un outil made in Vancouver

L'empreinte écologique, un outil made in Vancouver
(Quand te reverrai-je ville merveilleuse ?)
J'ai choisi de terminer cette "mis en contexte" des 10 objectifs de long terme du projet Vancouver Greenest City par un objectif très transversal : la réduction de l'empreinte écologique. Il apporte une vision des problèmes différentes de ce que j'ai pu exposer jusqu'ici.

« Vancouver a la vision d’être la Ville la plus Verte au monde d’ici 2020. Pour y parvenir, nous avons défini 10 objectifs de long-terme, chacun associé à une visée pour 2020. Après avoir parlé avec les citoyens et les actionnaires, nous avons créé un premier plan d’action pour atteindre les objectifs fixés. » C’est ainsi que commencent toutes les courtes vidéos réalisées par la ville de Vancouver pour présenter ses 10 objectifs de long-terme (voir les vidéos en anglais) qui sont :

1. Une économie verte

2. Être leader en matière de politique climatique

3. Bâtiments écologiques

4. Réseau de transport écologique

5. Zéro déchet

6. Accès à la nature

7. Empreinte écologique plus faible

8. Eau propre

9. Air propre

10. Nourriture locale

Après près de deux mois passés à Vancouver, je conclus cet épisode vancouvérite en remettant pour la dernière fois un de ces 10 objectifs dans son contexte pour comprendre les problématiques qui y sont liées. Je vous invite, encore et toujours, à visiter le site officiel du projet pour en savoir plus sur le projet de Vancouver Greenest City.

Aujourd’hui n’est pas seulement la dernière journée du Top 14, le jour de la 24ème confrontation entre Nadal et Federer, le jour du Game 3 entre les Boston Celtics et le Miami Heat ou encore la 34ème journée de Ligue 1. Non. Aujourd’hui, 7 mai 2011, est également le jour où je clos (pas tout à fait définitivement) mon chapitre canadien (et, à fortiori, mon chapitre vancouvérite). J’ai choisi de terminer cette "mis en contexte" des 10 objectifs de long terme du projet Vancouver Greenest City par un objectif très transversal : la réduction de l’empreinte écologique. Il apporte une vision des problèmes différentes de ce que j’ai pu exposer jusqu’ici. Pour comprendre ce qu’apporte ce nouveau point de vue, j’ai rencontré Emmanuel Prinet, franco-canadien qui fut mon premier contact à Vancouver (je suis en contact avec lui depuis environ un an !). Il fait partie du comité externe sur l’objectif de l’empreinte écologique plus faible et travaille pour l’ONG One Earth.

L’objectif logique de la ville est de parvenir à réduire son empreinte écologique à une planète. Pour l’instant, la population de Vancouver consomme trois fois plus de ressources naturelles que ce que la terre peut produire et absorber les déchets de cette production (soit une empreinte écologique de trois planètes). L’objectif chiffré pour 2020 est de réduire cette empreinte d’un tiers, à deux planètes.

L’empreinte écologique "mesure les surfaces biologiquement productives de terre et d’eau nécessaires pour produire les ressources qu’un individu, une population ou une activité consomme et pour absorber les déchets générés" (dixit wikipédia). Ensuite, "la métaphore souvent utilisée pour exprimer le résultat est de calculer quel serait le nombre de planètes nécessaires si le mode de vie et de consommation de telle ou telle population était appliqué à l’ensemble de la population mondiale" (d’où les "trois planètes"). Sachez par exemple que l’empreinte écologique de la France est comprise entre 5 et 6 ha par habitant alors que la terre ne peut supporter une empreinte que de 1,8 ha par individu. Plus précisément, l’empreinte écologique est de 2,7 pour la France, plus de 4,3 pour les Etats-Unis, 3,8 pour le Canada et 3,4 pour la Finlande. Et, en 2006, environ 1,4 pour l’humanité. Il est donc intéressant, avec cet outil, de comparer les différents modes de vie.

L’empreinte écologique se préoccupe de ce qui est renouvelable (les terres, la nourriture, l’eau...) car c’est à partir de ces éléments que l’on peut vivre durablement. On entend souvent parler de l’empreinte carbone : elle calcule la surface nécessaire pour absorber tout le CO² dégagé par une population (ou une activité, une personne...). Elle est incluse dans l’empreinte écologique et pèse environ 50% de celle-ci.

La UBC, productrice de génie

L’utilisation de l’empreinte écologique par la ville de Vancouver n’est pas un hasard. L’inventeur de cet outil n’est autre que William Rees, professeur à la UBC (University of British Columbia, une des deux universités de Vancouver) et collègue d’Emmanuel Prinet à One Earth. Il était donc bien entendu dans le comité externe sur l’objectif de l’empreinte écologique.

Grâce à cet outil, la ville a identifié les secteurs les plus consommateurs de ressources et les plus influents (voir le schéma ci-dessous), et s’est demandée comment les actions sur ceux-ci réduiront l’empreinte écologique. Toutes les actions de la ville ont finalement une influence limitée, les habitants ont un grand rôle à jouer, d’où les grandes campagnes d’information pour accompagner les objectifs.

Ils ont beaucoup réfléchi à ce qui pousse les gens à agir car, sommets après sommets, projets après projets, les choses n’avancent finalement pas vraiment, les comportements ne changent pas, il y a toujours autant d’injustice sociale et de dégâts environnementaux, explique Emmanuel. Fournir des informations aux habitants ou aux entreprises n’est pas suffisant car les habitudes sont trop profondément ancrées. Il faut donc obliger à changer les habitudes, puis les valeurs et les points de vue sur le monde changeront, selon Emmanuel.

La taxe carbone

3 éléments poussent les gens à changer leur comportement, selon William Rees (UBC) :
- la contrainte ("pistolet sur la tempe") ;
- les catastrophes naturelles ou autres évènements catastrophiques majeurs ;
- l’éducation, l’apprentissage sociale, mais ça ne fonctionne que le long-terme, à l’échelle d’une génération ;
- le prix des choses. D’où l’intérêt de la taxe carbone.

La taxe carbone est, selon Emmanuel, le plus grand levier car elle permet de changer les comportements. Pourtant, il identifie deux défauts à cette taxe :
- elle devrait être progressive socialement ;
- elle n’a pas d’influence sur les comportements privés parce que, par exemple, le marché du pétrole fluctue davantage que le montant de la taxe (celle-ci est donc trop faible).

"Les réductions doivent se faire parmi les 5 composantes les plus importants de l’empreinte écologique de Vancouver : la nourriture ; le transport ; les biens de consommation ; les bâtiments ; les déchets." A 4 de ces composantes correspond un des 10 objectifs du projet Greenest City. Mais pour les biens de consommation, la problématique est plus délicate. La région et la ville de Vancouver savent qu’ils n’ont que très peu de pouvoir sur les produits de consommation, vendus par les grands supermarchés privés qui ont leur propre mode de fonctionnement : économies d’échelle (pas applicable au niveau local car les quantités produites ne sont pas suffisantes) et autres mécanismes pour que les coûts de production soient les plus faibles possibles. La ville, pour avoir une influence sur ces entreprises, devraient collaborer avec les autres grandes villes d’Amérique du Nord et avec les gouvernements provinciaux et fédéraux. Ce n’est pas pour demain.

"La réalisation des 9 autres plan d’actions nous fera réduire d’environ 8-10% notre empreinte écologique. Pour réduire d’encore 23-25% (et parvenir ainsi à 33%), nous avons besoin que le reste de la communauté agisse de façon significative, en particulier pour la nourriture et les biens de consommation." Il me semble que ces phrases empruntées au site officiel du projet de Vancouver Greenest City sont une parfaite conclusion à cette deuxième grande étape de mon voyage qu’était le Canada (j’ai en effet couvert 9 des 10 objectifs affichés, je ne suis pas parvenu à rencontrer d’experts sur le neuvième objectif, "Clean air"). Même avec des institutions politiques les plus volontaires qui soient, les résolutions des problèmes environnementaux seront toujours impossibles sans l’action des habitants, sans notre action.

J’espère que l’épisode canadien et en particulier la partie sur Vancouver vous a intéressé autant que j’aie pris du plaisir à écrire ces articles.

Mes prochaines échéances personnelles sont :
- la rédaction d’un rapport sur cette étape canadienne que je mettrai en ligne dès que possible ;
- la rédaction d’un bilan de ce deuxième épisode, comme je l’ai fait pour la Finlande ;
- un départ pour Galati, en Roumanie, dès la semaine prochaine, pour un peu plus d’un mois, où je vais travailler avec une petite ONG environnementale locale. Vous en saurez plus dans les semaines qui suivent.

A bientôt (sous d’autres horizons), Visez l’green (encore et toujours), Ben

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