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énergies des 2 mains

Par LeG-Guil
11-01-2011

Nucléaire : jusqu’ici tout va bien, très bien, merci...

Petite relecture de canards qui font des ronds dans l'eau. Soyez heureux, vilains barbus pro-renouvelables, le parc nucléaire français tourne à plein, pour 3,5 milliards/an, pendant longtemps... euh, combien de temps ?

Il faut savoir lire les canards que l’on ne lit jamais. Surtout quand on y parle de nucléaire : ça coincouine gaiment.

Hier, le Figaro économie titrait : « Le parc nucléaire d’EDF tourne à plein ».

Champagne chez les attachées de presse, avenue de Wagram.

Prolos, allumons-nos grille-pain sans complexe en ce mois de janvier historique, de mémoire de nucléariste.

Finies les méchantes opérations de maintenance et les – encore plus méchants – ouvriers grévistes : les 58 réacteurs sont raccordés au réseau.

Ce magnifique outil d’indépendance énergétique et de lutte contre le réchauffement climatique, la fierté des patriotes, tourne à plein, faisant vibrer la sensibilité gaullienne des feuilles orange.

« Pour quelques jours », nous dit le Fig, assez vague là-dessus, et qui insiste sur le fait que ledit rutilant parc nucléaire n’a pas tourné à plein depuis 6 ans.

Avec l’entrée en fonctionnement ce week-end de Bugey 3 et Saint-Laurent-des-Eaux 2, la production nucléaire quotidienne d’EDF s’est ainsi hissée à son maximum, à 60 GWh.

Mais EDF a du mal à faire tourner ses centrales, le taux de disponibilité de ses centrales est le plus bas d’Europe, soit 78,5 %, gentiment en « retrait par rapport aux électriciens mondiaux » dit Le Fig.

On doit bricoler sans cesse : Problèmes des générateurs de vapeur, 160 millions, « incident fortuit », pour le nucléaire, EDF a besoin d’argent.

EDF prévoit de remonter ce taux à 85 % « à l’horizon » 2015 ; il y a un an, c’était pour 2011.

Alors, que faire de ces centrales ? A Brennilis, "on sait tout le prix du silence". A Fessenheim, on demande la fermeture : Dites à ces extrémistes alsaciens de demander aux Bretons pour en savoir un peu plus sur la suite…

Brennilis (détail)

Mais EDF a une solution, une vraie : on prolonge.

Noé, déjà, disait : « après moi le déluge ».

EDF est en discussion avec l’Autorité de Sûreté Nucléaire, gage d’excellence et d’indépendance, pour prolonger la « durée de vie » des centrales jusqu’à 50 ans (oui, pour les centrales on parle de « durée de vie », pour les hommes on parle d’ « espérance de vie » : chacun le sait, un homme espère, une centrale dure).

En décembre dernier, Tricastin 1 a déjà reçu l’autorisation de fonctionner pendant 40 ans.

On prolonge, et ça coûte cher. Mieux vaut payer de l’électricité de plus en plus cher que… payer de plus en plus cher et ne pas avoir d’électricité du tout, se dit EDF, comme à son habitude gérontocratiquement responsable devant mes petits-enfants.

« Prolonger nos centrales, cela représente des investissements considérables, de l’ordre de 3,5 milliards d’euros de dépenses par an », dit tranquillement Hervé Machenaud, le DG production et ingénierie. Amis indignés par le moratoire sur le solaire, par la campagne de com menée de main de maître contre les éoliennes (encore bravo), soyez du côté des winners.

Dansez, sexy, sur une terrasse en bord de mer d’une ville de demain comme l’ « histoire énergétique revisitée par Areva » vous le recommande en boucle sereinement, mais fermement.

3,5 milliards/an, tous les spécialistes en politique publique, et Le Figaro, vous diront… rien du tout. On ne s’étend pas sur les douloureuses en matière de nucléaire. Circulez, ya rien à voir.

Autre canard qu’on ne lit jamais : France Soir.

Ce matin (11/01/11), le quotidien s’exclame : « Centrales nucléaires : elles marchent enfin ! » C’est l’habileté sociale du patron, Henri Proglio, qui explique en partie la bonne nouvelle (voir habileté sociale à propos des Ukrainiens, plus bas).

Et France Soir tape fort : « cela évitera d’avoir recours à d’autres moyens de production plus polluants, plus chers ou les deux à la fois ». Voilà ce qu’on réplique aux chevelus qui n’ont aucun sens des réalités.

Précision dans France Soir, l’orgasmique « parc nucléaire d’EDF qui tourne à plein » du Figaro d’hier (10/01/11), ça dure jusqu’à samedi : grosse semaine...

On vante la grande cohérence du parc français, mais on parle du « contre-coup » : dès qu’il y a un incident, on doit réparer toutes les centrales, qui comportent toutes les mêmes faiblesses.

Ceux de Pripiat savent mais, comme ceux de Brennilis, préfèrent ne rien dire.

Reste à savoir si la montée du taux de disponibilité des centrales va bénéficier aux consommateurs, se demande le journal à 50 centimes, presque candidement.

Là encore, il est bon d’espérer : « on n’en prend pas le chemin ».

On se souvient que Pierre Gadonneix, l’ex-patron d’EDF, lui aussi amoureux des éoliennes et de la biomasse, avait publiquement demandé une hausse des tarifs de 20 % sur trois ans. Viré. Il avait pensé trop fort qu’il fallait un peu (beaucoup) d’argent pour les centrales qui ne "durent" plus.

N’empêche que son objectif, alors si répréhensible, sera atteint dans un an, par son successeur, grand ami de notre grand président de la République, lui.

Mais, chers winners, si l’électricité augmente, ce sera, vous le savez déjà, à cause des chevelus qui parlent sans cesse des énergies renouvelables.

France Soir ne s’arrête pas là, dans le même canard, tout sucré sur les centrales, on s’indigne : Un ouvrier du nucléaire sur trois vient… d’Europe de l’Est !

Le magnifique chantier de notre magnifique EPR pourrait permettre « 3 200 embauches en Normandie, une aubaine pour cette région durement touchée par le chômage ». Mais ce sont des « Ukrainiens, Lettons, Bulgares et Roumains qui triment et s’entassent dans des bungalows au confort déplorable alors que les Français, eux, continuent de pointer à Pôle emploi ou à toucher le RSA, ou les deux à la fois ».

On le savait, et malgré son rachat, France Soir, et son directeur de rédaction, est un journal patriotique. Xénophobe, pas vraiment... Lulu, i sait pas c’que ça veut dire xénophobe.

Et puis on fait parler un syndicaliste, selon qui Bouygues (qui coule le béton du réacteur) « a favorisé l’embauche de « ses étrangers » et fait travailler ses entreprises filiales étrangères ». On écrit « étrangers » entre guillemets… quand même, la classe.

Heureusement, lesdits étrangers sont suffisamment xénon-philes, eux.

Alors bizarrement, sur le sujet, EDF n’a pas voulu communiquer.

Peut-être est-ce à cause des Ukrainiens… ?

Ou alors des Bretons ?

Bloavez mat !

© Klaus Leidorf

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