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« Lors de mes voyages personnels, sac au dos, je vois souvent débarquer des cars de hordes de touristes et je me dis que beaucoup doivent être lassés, mais qu’ils ne trouvent pas forcément d’offre intéressante. Il y a un marché à prendre. » Caroline Debonnaire est comme ça. Pour décrire son activité, elle n’hésite pas à parler de business plan – « mon objectif est d’être rentable en 2010 » – ou de coeur de cible – « le gros problème du tourisme solidaire, c’est son manque de visibilité pour le grand public. Il faut donc l’attaquer dans les grandes boîtes via les offres des comités d’entreprise ».
Il faut dire qu’avant de créer, il y
a un an, sa société de voyage équitable,Vision
éthique, Caroline Debonnaire était commerciale
chez Manpower. « J’en ai eu marre de vendre de
l’humain, des étudiants ingénieurs que je plaçais en
alternance chez des grands comptes, ces entreprises
de plus de 100 salariés. J’ai décidé d’utiliser mon
carnet d’adresses pour quelque chose qui me
passionne, les voyages. »
De Saïgon à la cité des 3 000
Son ambition : faire découvrir des coins non référencés par les guides, des pays jugés instables comme le Sri Lanka « déserté par les touristes », ou difficilement accessibles aux routards. « Pour arriver dans le nord de Madagascar, il vaut mieux constituer de petits groupes afin de louer des pirogues. » Et 3 % du prix des séjours financent des projets que les touristes peuvent découvrir « contrairement à d’autres circuits solidaires » : une industrie de textile équitable dans des villages sri-lankais ou un centre de soins démontable en cas de cyclone à Madagascar.Son ouverture au monde, la jeune femme la juge très naturelle : née en 1972 à Saïgon d’un père indien (de Pondichéry) et d’une mère vietnamienne, puis « boat people de luxe » exilée en France grâce aux relations de la famille. « Nous sommes passés de petits-bourgeois à ouvriers installés en banlieue. Nous avons dû quitter la cité des 3 000 à Aulnay quand mon grand frère a volé sa première mob… Dans les années 1980, on pouvait acheter des pavillons en proche banlieue, l’ascenseur social fonctionnait encore. » Aujourd’hui, Caroline fait tourner Vision éthique sur ses deniers personnels. Quelques financements solidaires ont permis son démarrage, mais elle ne touche toujours pas de salaire. Le bilan de sa première année (25 voyages) n’atteint que le tiers de ses attentes.
En revanche, elle a été surprise de voir décoller son activité de conseil : « Des feuilles de route personnalisées pour des voyageurs qui veulent faire du tourisme solidaire mais qui souhaitent se débrouiller seuls sur le terrain. Ma marge est aussi importante que pour des circuits. » Caroline n’a aucun complexe à rechercher des bénéfices – « il en faut pour financer des projets » – mais elle reconnaît que, dans le milieu du tourisme équitable, le clivage reste tenace entre associations et entreprises. —
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