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Wifu Project

Par WIFU
5-03-2013
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En Equateur, nul n’est censé ignorer le droit de la Nature

En Equateur, nul n'est censé ignorer le droit de la Nature
(DR)
En Équateur, la fondation Pachamama tente de faire valoir les droits de la Nature… face à l’Etat qui les a adoptés.

L’équateur, petit Etat du Nord-Ouest de l’Amérique du Sud - la moitié de la superficie de la France -, n’a pas fini d’être courtisé. Raison de la convoitise ? Ses ressources considérables en minerais et en hydrocarbures. Depuis son annonce en novembre dernier, pétitions, conférences et manifestations se multiplient dans le monde pour tenter de contrer l’appel d’offre du gouvernement équatorien visant à autoriser l’exploitation de 3 millions d’hectares de forêt amazonienne.

L’appel à projet entend allouer l’équivalent de la surface des Pays-Bas aux groupes pétroliers les plus offrant. La forte dépendance à l’or noir du plus petit membre de l’OPEP (organisation des pays exportateurs de pétroles) se conjugue difficilement avec la nécessité de préserver l’incroyable biodiversité locale.

Pour réduire cette dépendance et diversifier son économie, Rafael Correa, réélu le 17 février dernier à la tête du pays, mise sur un autre projet d’envergure : EL Mirador Copper Project. Censé rapporter plusieurs milliards de dollars, El Mirador est le plus grand projet d’extraction andin jamais entrepris. Il concernera des mines à ciel ouvert dans la région sud de Zamora Chinchipe… en plein cœur de l’Amazonie. Lancement prévu pour fin 2014 ! Le contrat, signé le 12 mars 2012, entre le Ministère de ressources non renouvelables de l’Equateur et le groupe chinois ECSA, prévoit l’exploitation du site pour une période de 25 ans.

Les ONG de protection de l’environnement et de défense des peuples autochtones tentent d’alerter l’opinion publique sur les dangers de telles activités pour la nature et pour les peuples indigènes. Une des plus actives, la fondation Pachamama (« la terre nourricière ») , créée il y a 15 ans, a intenté un recours en justice contre ce projet minier pour violation des droits de la Nature garantis par la constitution équatorienne.

Pachamama 

La fondation Pachamama travaille à promouvoir un modèle de développement alternatif et innovant basé sur le « Bien-Vivre », la reconnaissance et le respect des droits humains ainsi que, depuis bientôt 5 ans, des droits de la Nature. En effet, en 2008, lors du premier mandat de M. Correa, l’Equateur s’est doté d’une nouvelle constitution intégrant des droits de la Nature : une première mondiale !

Depuis, la fondation travaille –non sans difficultés- à faire valoir et respecter ces droits, notamment contre l’institution qui les a adoptés : l’Etat ! Très critique sur l’action du gouvernement, la fondation lui reproche l’ambivalence entre ses engagements écologistes et sa connivence avec les groupes pétroliers. Elle accuse l’Etat de céder aux magnas de l’extraction au prétexte de plus de croissance économique. Pour légitimer son action, M. Correa a déclaré : « je refuse que les équatoriens soient des mendiants assis sur un tas d’or ».

La fondation a remporté de belles victoires. Elle a notamment participé à la défense dans le cas Sarayaku. Après plus de 10 ans de lutte juridique, en juillet 2012, la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) s’est prononcée en faveur du peuple indigène Kachwas de Sarayaku et l’Etat éqatorien s’est vu condamné à 1,4 millions de dollars de dédommagement pour avoir bafoué le droit de ce peuple. L’Etat avait autorisé, sans consultations, une compagnie pétrolière étrangère à empiéter sur ses terres ancestrales (et à y placer 1400kg de lourds explosifs). Un succès historique qui fera sans doute jurisprudence !

Au-delà de son action juridique, Pachamama soutient le développement alternatif de l’Amazonie, la transition énergétique et la non-dépendance à l’extractivisme. Elle a notamment développé des projets d’éco-tourisme avec le peuple Achuar, un projet d’énergie solaire au cœur de l’Amazonie ou encore des formations des communautés pour apprendre à défendre leurs droits collectifs.

Une Auto-détermination des peuples qui ne va pas de soi

L’objectif de la fondation est de générer les conditions pour que les nationalités et les peuples originaires de l’Amazonie renforcent leurs processus d’auto-détermination, de défense de leur territoire et de leurs cultures. L’une des principales conditions à l’auto-détermination des peuples est la reconnaissance des titres légaux des territoires indigènes. Et là encore, il semblerait que l’Etat ne soit pas un allier de choc voire y mette de la mauvaise volonté. María Belén Páez, la dirigeante de l’ONG, dénonce une volonté politique et des lourdeurs administratives*. Par ailleurs, certains territoires sous concession privée sont désormais défendus par des forces armées du pays qui protègent directement les intérêts des groupes d’extraction. La longue marche vers l’auto-détermination des peuples d’Amazonie et la souveraineté sur leur territoire est loin d’être achevée…

* Informe Sombra sobre la Situación de los Derechos Económicos, Sociales y Culturales, María Belén Páez, 2011, Ecuador.

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A PROPOS

Wifu pour Worldw’Ideas for the FUture, c’est à dire les solutions développées aujourd’hui à travers le monde, pour dessiner la société de demain. A l’origine de WIFU, trois amis passionnés de voyage, d’innovation sociétale et d’entrepreneuriat social, Marc Giraud, Sylvain Delavergne et Rémi Sierakowski, se sont rencontrés sur les bancs de l’école en Master stratégie du développement durable à sup de Co La Rochelle. Marc quitte son emploi de Chef de projet RSE pour monter le projet WIFU en janvier 2012 puis il est rejoint par Sylvain et Rémi.De juillet 2012 à juillet 2013, Rémi, Sylvain et Marc ont traversé 22 pays sur les continents américain, asiatique, africain et européen et rencontré 60 acteurs du changement : entrepreneurs /intrapreneurs sociaux, ONG, collectivités, philosophes qui ont développé des solutions durables. Le webdocumentaire WIFU gratuit et open source réalisé par Marc Giraud en partenariat avec la société FrapaDoc Productions et son spécialiste du webdoc Gaspard d’Ornano est disponible au public depuis le 23 juin 2014. Une version anglaise sera disponible en septembre 2014. Le livre WIFU sera édité par AFNOR Editions début 2015. Complémentaire du webdocumentaire, il analysera sur un ton dynamique et décontracté les solutions durables étudiées sur le terrain. En scannant les QR codes au fil des pages, le lecteur sera directement propulsé dans le webdoc interactif.

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