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Demande à FredO

Par Frédéric Chomé
8-10-2010

Bilan Carbone familial : ca s’arrête où ?

Les éco-gestes sont ils réellement utiles ?

Bilan Carbone familial : ca s'arrête où ?
(ARAP - Fotolia.com)
Avec la sortie de Coach Carbone, nouveau calculateur d'émissions de GES des ménages développé par l'ADEME, la responsabilité individuelle de chacun dans la lutte contre le réchauffement climatique est remise au goût du jour. Quelques réflexions sur le périmètre et les gestes utiles à poser par chacun pour vous aider dans cette démarche.

Dans un papier récent notre revue préférée nous confirmait que les "petits gestes" répétés par un grand nombre de personnes finissent par donner des résultats conséquents.

L’ADEME lisant Terra Eco a décidé de revoir en profondeur son calculateur de Bilan Carbone personnel pour le renommer "Coach Carbone". Les 150 ménages sélectionnés dans le cadre du Plan Climat de Nantes Métropole auront la chance de pouvoir tester l’outil en primeur. Gageons qu’ils obtiendront des résultats qui les inciteront à réduire substantiellement leur empreinte carbone puisque la physique nous impose de diviser par 10 les émissions mondiales de GES (gaz à effet de serre) d’ici 2030 pour tenter de s’approcher d’une hausse de la température globale de maximum 2°C. Ça représente tout de même un objectif de décarbonisation de sa vie de -10% par an !!!

Reste à savoir ce que l’on prend dans le périmètre d’un Bilan Carbone Familial.

Coach Carbone regroupe les rubriques comme suit :
- Logement
- Transport
- Equipement
- Alimentation

A la lecture du contenu de ces rubriques, j’en suis réduit à comprendre que l’être humain est né sur Terre pour s’alimenter en vue de survivre, suite à quoi il pourra construire un logement de ses mains, fabriquer des matériaux visant à équiper ce logement et se déplacer, probablement pour aller voir des amis.

Vous en conviendrez, cela ressemble un peu à un mix entre le monde des cavernes et celui des bisounours. Trêve de plaisanterie, si l’on s’en réfère à la définition du bilan Carbone, ce dernier doit comptabiliser les émissions de GES de tout ce dont notre famille à besoin pour exister aujourd’hui. Dès lors, il me semble manquer trois composantes essentielles dans les catégories retenues par cet outil :
- Les revenus
- L’activité professionnelle
- les services publics

En effet, dans la société actuelle, nous sommes quasiment forcés de dépenser de l’argent pour vivre, et donc de la gagner. Les revenus des ménages peuvent provenir de plusieurs sources (allocations, pensions, dividendes, loyers...) mais le salaire reste très dominant.

Qui dit salaire dit occupation professionnelle et gaz à effet de serre. Et l’on peut aisément se douter qu’un employé dans une entreprise du secteur pétrolier ou énergétique n’a pas la même empreinte carbone qu’un conseiller territorial ou qu’un artisan. De même, la scolarité de nos enfants génère du carbone qu’il convient d’affecter à notre empreinte familiale.

Qui dit revenus implique automatiquement de connaître la manière dont ces revenus sont dépensés dans l’économie nationale. Et là, force est de constater à nouveau que nos dépenses ne se réduisent pas à l’alimentation, la construction et l’aménagement d’un logement et les frais de transport. Pour faire court, nous dépensons également pour l’achat de services, de loisirs, de soins de santé, d’articles d’habillement, de revues, de produits d’assurance et, s’il nous reste quelque chose à la fin du mois, nous générons de l’épargne avec laquelle nous ferons probablement des investissements qui à leur tout nous procureront des dividendes, loyers etc.

La manière dont on dépense ou pas nos revenus a un impact considérable sur les émissions de GES : à titre d’exemple environ 1 000 euros "stockés" en banque ou investis en bourse représentent 1 tonne de CO2éq émise annuellement par le fait qu’elle sert à financer les activités économiques mondiales. Il y a fort à parier que les plus nantis d’entre nous doivent avant tout se préoccuper de la manière dont ils gèrent leur patrimoine financier bien avant d’éteindre la lumière en sortant ou de changer leur 4x4 pour la dernière voiture électrique à la mode. En terme d’impact climatique, placer ne fut-ce que 20% de ses avoirs dans des structures qui investissent dans des entreprises qui réduisent les émissions de GES globales leur permet de devenir "neutre en carbone".

Enfin nos impôts et taxes locales servent à financer les pouvoirs publics qui en retour nous offrent des services et des infrastructures dont nous profitons directement ou indirectement. Traditionnellement on comptabilise ces derniers comme environ 5 à 10% des émissions nationales. Ce qui représente tout de même pas loin de 650 kg CO2éq par personne (sur base de 7%) !

Ça n’a l’air de rien comme cela, mais c’est déjà plus que le quota carbone maximal autorisé dans un scénario Facteur 10 en 2030 !

Le chemin qui nous attend est ardu, les petits gestes sont utiles pour démarrer une réflexion qui devra rapidement évoluer vers plus de profondeur et travailler sur des périmètres élargis.

Une expérience, menée par Inter-environnement Wallonie a démarré début septembre : il s’agit de traquer le carbone chez 66 ménages pilotes sur un périmètre global. Je vous promets de vous tenir au courant de cette initiative intéressante.

Mes conseils à ce jour :

- Sélectionner le secteur d’activités dans lequel vous souhaitez vous épanouir professionnellement : au plus il est carboné, au plus votre empreinte augmente et parfois de manière importante (plusieurs dizaines TCO2éq par employé)
- Si vous disposez de 10 000 euros investis en produits d’assurance, sur votre compte épargne ou autre, vous pouvez supposer que votre patrimoine financier sera le poste dominant de l’empreinte carbone de votre ménage.
- en dessous de ce seuil, les éco-gestes traditionnels sont les bienvenus pour réduire vos coûts et votre empreinte carbone et constituent très probablement une priorité.
- Toutefois, parmi ces écogestes, certains sont plus efficaces que d’autres et ce ne sont pas toujours ceux qui conduisent à une réduction de votre facture énergétique :
- Privilégiez les achats de seconde-main, le réemploi et la prolongation de la durée de vie des appareils existants (même si le marketing et les promos vous incitent à faire le contraire et que les environnementalistes vous disent qu’il faut en priorité réduire les consommations énergétiques, ce qui est un peu trop rapide car il faut aussi prendre en compte l’énergie de fabrication de ces biens, souvent importante).
- Partez en vacances 3 semaines au lieu de 3 fois une semaine.
- Localisez votre lieu de résidence en fonction de vos emplois et de l’école des enfants.
- Variez votre régime alimentaire en ce qui concerne les protéines : viande rouge, blanche, poissons, pois chiches, haricots...
- Et pensez à vous faire plaisir !

Enfin, mais cela fera l’objet d’un billet spécifique, je vous encourage à réfléchir au fait que si 1 000 euros en banque = 1 Tonne de CO2, il y a sans doute une consommation décomplexée, qui vous fait du bien, tout en étant responsable, éthique et qui "sauve la planète" : ce serait l’achat de produits et services pour lesquels le rapport euros dépensés/GES émis est supérieur à 1.

Voilà de quoi vous donner envie d’en apprendre plus sur le contenu Carbone de vos achats.

A vos calculettes !!!

COMMENTAIRES ( 8 )
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  • J’ai réalisé le même calcul (autant que possible) sur le BCN de L’ademe, son nouveau Coach, celui de climat entre nos mains, celui de CarbonfootPrint et celui de l’assoc TACA de Bordeaux.

    J’ai corrigé du cout service public, compté QUE par climat comme vous le soulignez a juste titre.

    Conclusion : une amplitude de -30% + 30% soit presque du simple au double... Chiffre à donc à manier avec précaution. L’important c’est de mesurer la tendance pour un particulier pas l’absolu.

    Je ne partage pas trop l’article sur les 2 autres points : imputer à l’individu son activité profressionnelle ; si le pilote d’avion « conduit » c’est qu’il a des passagers... C’est sur eux qu’il faut comptabiliser ses rejets. Idem pour les banques. Si mon argent sert à financer une usine qui fabrique des produits à empreinte forte ; c’est au consommateur de ce produit d’en payer le poids CO2.

    Le calcul est effectivement qq chose de complexe mais je crois qu’il fait se méfier de qq racourcis.

    http://jeanmichel.combe.perso.sfr.fr/

    27.11 à 17h41 - Répondre - Alerter
    • Frédéric Chomé : Expérience intéressante !

      BOnjour Jean-Michel et merci pour votre témoignage !

      en effet, la différence de +- 30% peut sembler importante à première vue, puisque cela vous met un facteur 2 entre la plus faible et la plus forte des estimations. Cette amplitude est essentiellement due aux facteurs d’émissions de GES utilisés par les différentes méthodologies, qui eux-même ont une incertitude d’environ 20%. De plus certaines méthodes choisissent de bosser avec des facteurs d’émissions en analyse de cycle de vie (du puits à la tombe) et d’autres ne comptent que les émissions de CO2 liées à la combustion par exemple

      Tout diagnostic d’émissions de GES est donc sujet à caution tant qu’on n’a pas toutes les informations et hypothèses sous-jacentes et la comparaison entre résultats issus de calculateurs différents ne peut se faire qu’en "ordre de grandeur".

      Je vous recommande de choisir le calculateur qui vous semble le plus pertinent et de tenter de faire des efforts pour améliorer votre empreinte d’une année sur l’autre !

      Cordialement

      30.11 à 05h38 - Répondre - Alerter
  • concernant les services marchants le modèle de la TVA sur la valorisation de la création de richesse peut être appliquée à quantifier la part de GES/CO2 relative à chaque producteur final de GES. Ce qui résout la double comptabilité. Pour les services publics cela ne s’applique pas, il va de soi mais le rapport Stieglitz pourrait sans doute apporter des idées à transposer dans le cadre GES.
    J’espère alimenter utilement cette thématique.
    bon courage

    23.10 à 10h35 - Répondre - Alerter
  • Salut les amis,

    l’éco2nomie, soit les économies de CO2 "après" en faisant "d’abord" des économies d’énergies fossiles, c’est bon pour le portefeuille et bon la planète, donc bon pour la société dans son ensemble du coup ; les éco2nomies des uns peuvent servir du coup à créer de la richesse décarbonnée ailleurs donc servir à développer d’autres activités, c’est le cercle vertueux (qui améliore le système dans son entier...) mais ça n’est pas forcément bon pour "tout le monde" en pleine période de transition énergétique chaotique, ça se saurait sinon... et il y en a enco2re beauco2up partout qui "vivent" des énergies fossiles... donc aussi du CO2 "indirectement"... hé oui, on en est tous responsables car on en émet quasiment tous mais à des degrés divers... il suffit de regarder la France en ce moment même avec le STOP & and GO (quand...) du pétrole et notre hyper dépendance au dieu pétrole... c’est ce qui nous attend dans quelques années si l’on n’y prend gare... la suite sur www.co2mprendre.fr, soit des infos 100% CO2 co2mplémentaires et néanmoins indispensables et pas co2ncurrentes... à suivre.
    Bien co2rdialement Olivier TROTTA, l’inventeur de la CO2COM ou la transparence écologique ou la méthode CO2UÉ de la co2mmunication.

    20.10 à 17h23 - Répondre - Alerter
  • Tous ces inutiles qui vivent au crochet de ceux qui travaillent utilement, seraient mieux inspirés au lieu de nous pomper l’air, de garder leur souffle pour la phase terminale de leur digestion !

    20.10 à 15h00 - Répondre - Alerter
  • Alix24fr : Hum

    Je me demande s’il n’y a pas un problème dans le raisonnement.

    Admettons que je travaille pour GDF. D’après vous, il faudrait que je compte dans mon bilan carbone une partie des émissions générées par cette entreprise dans le cadre de ses activités.
    Mais dans ce cas, les émissions de CO2 du chauffage au gaz ne sont elles pas comptées deux fois, une fois dans le bilan des gens qui se chauffent au gaz, et une fois dans celui des gens qui travaillent dans la filière gaz ?

    De la même manière, imaginons que j’ai placé 2000€ sur un LDD, et que cette somme est utilisée pour le financement de la construction de logements.
    Si je compte les émissions correspondantes dans mon bilan, ces émissions seront encore comptées deux fois : une fois dans le bilan des gens qui auront placé l’argent, et une fois dans celui des gens qui auront acheté les logements.

    Par contre je suis d’accord pour les services publics, c’est un gros morceau non compté par le coach carbone.

    20.10 à 10h10 - Répondre - Alerter
    • en fait il s’agit d’une question de référentiel (je prévois un post à ce sujet prochainement) :
      Les émissions de GES d ela France (l’inventaire national) sont calculées de manière à ce que celles de tous les pays puissent se sommer.

      C’est logique, car le but est de suivre les émissions nationales, européennes et mondiales de GES d’une année à l’autre en vue de voir si les efforts accomplis se traduisent en réduction d’émissions sur le terrain.

      Par contre, dès que l’on se pose la question : "Que puis-je faire à mon niveau ? ", force est de constater que je ne peux plus travailler sur le périmètre national car je consomme des produits non fabriqués en France, ou bien de sproduits fabriqués en France à partir de matières étrangères, je pars en vacances à l’étranger, je fais des tas de choses particulières avec mon travail (si j’en ai un) qui est l’endroit ou je passe le plus de temps éveillé dans la journée, et avec l’argent gagné, je fais des dépenses de tout types ou bien de l’épargne.

      Vous avez raison quand vous dites que si je somme les empreinte C des individus à celles des états j’ai de nombreux doubles comptes, mais cela est normal puisque cela ne doit pas être fait.
      Les questions à se poser sont donc :

      Que faire de mes économies pour éviter qu’elles ne génèrent trop de GES ?
      Comment travailler pour un employeur respectueux des émissions de GEs, de la protection de l’environnement ?

      On part du citoyen, du ménage et on identifie tous les leviers d’actions qui sont à notre portée pour évoluer vers un monde bas carbone, tant sur nos émissions directes qu’indirectes.

      Merci pour cette remarque !

      20.10 à 22h37 - Répondre - Alerter
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