La Tribune a mis la main sur un rapport du ministère de la Défense. Dans ce texte, l’Etat dresse la facture de la saga du « Clem » et attaque fermement la Marine qui aurait lancé le démantèlement de l’ancien porte-avions « sans avoir bien évalué les difficultés qui allaient se présenter du fait des contraintes de la réglementation relative à l’amiante, de la difficulté à sélectionner une entreprise compétente pour conduire l’opération, et des retombées médiatiques qui allaient en découler pour une opération qui se voulait exemplaire ».
Or, le chantier a été plus que chaotique, rappelle La Tribune. En 2003, le contrat de démantèlement est confié à Gijonesa de Desquaces « sans définir suffisamment les prestations de désamantiage à réaliser ». Et l’entreprise espagnole envoie le Clemenceau se faire dépecer en Turquie sans en informer l’Etat français… Le scandale éclate. Et le navire est arrêté en route. En 2004, nouveau contrat, avec une société allemande cette fois, filiale du groupe Thyssen : 11,8 millions d’euros sont facturés pour « les travaux de désamantiage effectués à Toulon et le passage du canal de Suez ». La déconstruction, elle, est programmée en Inde. Mais au dernier moment, le pays refuse l’encombrant fardeau et la France doit rapatrier son « Clem » vers Brest pour un montant de 1,6 million d’euros. Elle finit, en 2008, par signer un contrat avec la société britannique Able UK. La facture, au final, est salée : « La déconstruction de la coque Q 790 a un coût, environ 20,8 millions d’euros, peu élevé et non encore définitif, mais qui aurait pu l’être moins, 12,2 millions d’euros si l’opération avait été conduite sans les aléas de son désamiantage et de ses voyages imprévus », précise le rapport. Une bonne leçon pour le ministère de la Défense. La prochaine fois, préconise-t-il, il faudra prévoir le démantèlement des navires militaires dès l’étape de conception.
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