Cette année, ils feront halte à New York et dans l’Antarctique. Les Trash people de l’artiste HA Schult ne craignent pas le dépaysement. Cette armée d’un millier de statues à taille humaine, intégralement réalisées à partir de matériaux de récupération, envahit depuis huit ans les lieux les plus prestigieux du monde : Grande Muraille de Chine, plaine des pyramides de Gizeh en Egypte, place Rouge à Moscou, Grande Arche de la Défense à Paris ou Grand-Place de Bruxelles. Les « hommes-ordures », agglomérats de canettes, de conserves, d’aérosols ou des pièces d’ordinateurs, sont « notre reflet ». « Nous vivons au temps des déchets, nous produisons des déchets, nous deviendrons des déchets », commente l’Allemand sur son site.
HA Schult s’inscrit dans une longue lignée d’artistes qui ont pris le déchet comme source d’inspiration. Le sculpteur français César est célèbre pour ses compressions de voitures. Dans ses Combines, l’Américain Rauschenberg assemble, lui, peinture, oiseaux empaillés, bouteilles de Coca-Cola, journaux, tissus, portes ou fenêtres. De son côté, Kurt Schwitters intégrait à ses oeuvres tout ce qui avait été rejeté par la société : billets de tramway, cigares, fil de fer, chiffons…
A l’inverse d’Eugène Poubelle, qui propose avec son invention de « fermer le couvercle et ne plus y penser », les artistes ont donc pris la matière déchets à contre-courant. « Les premiers qui s’y sont intéressés travaillaient essentiellement sur le cadavre, les excréments, les matières organiques en putréfaction, et ceci en réaction à la mort, aux destructions liées à la guerre. Puis est venu le thème de la critique de la société de consommation », analyse Gérard Bertolini, du CNRS, le spécialiste français du déchet dans toutes ses dimensions (économique, sociologique, archéologique, philosophique, artistique, etc.).
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions