Media Circus, tant que dureront les médias jetables |
Par Walter Bouvais |
23-06-2010
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A quand la « compensation sornettes » ? |
La machine rutile. Ses rouages sont parfaitement huilés. Il suffit d’un peu de carburant et d’une étincelle. Et vroum, vroum, elle se met en branle, prend de la vitesse et s’emballe, avant de s’assoupir, en attendant la prochaine étincelle. Non, il ne s’agit pas de la prochaine Tesla propulsée à l’alcool de patate, mais de celle dont nous tous, pôvres journalistes, sommes les acteurs : la machine médiatique.
Cette fois, c’est une bordée d’injures qui a provoqué l’étincelle. Des propos pas tendres – quoique pas franchement inventifs dans le cadre d’une compétition sportive – mais tenus à l’abri d’un vestiaire de football, entre un joueur enfant-gâté et son entraîneur mal-aimé. Surfant sur la vague profitable – on devrait dire « bankable » - de la fausse polémique sur les matchs nuls (à tous points de vue) d’une bande d’énergumènes mondialement reconnus pour leur capacité à dribbler la saleté de banquier qui essaie de leur refourguer on ne sait quel produit – une carte bancaire suisse, un PEA truffé de subprimes ? - (pub Ribéry/Crédit Agricole) ou à porter sans trucage un sandwich à bout de bras (Anelka/Quick) ; surfant donc sur cette vague, un titreur de l’Equipe lance une idée génialissime. « Chef, et si on faisait un photo-montage qu’on coiffait d’un « Va te faire enculer, sale fils de pute » ? Hein, chef ? » Vroum.
Le jour-même de la parution, le JT de la mi-journée de France 2 évoque la une « audacieuse » de L’Equipe. Plongeant dans le dico des synonymes, je cherche des termes proches : on me dit hardi, téméraire, impudent, insolent, impertinent, osé, courageux. Etrangement, me venaient plutôt les adjectifs : putassière, déplacée, outrancière, déshonorante, insultante. Qu’importe. Le coup parti, mieux que la Tesla propulsée au jus de patate, la machine médiatique peut passer la seconde vitesse, troisième, quatrième, cinquième. Avec ce genre de mécanique, on frôle puis dépasse l’excès en un rien de temps. Jusqu’à occuper tous les flashes, JT, unes de journaux. Même Paris-Match – notre lumière à tous – nous sert « La vérité sur la mutinerie des Bleus ». Vroum, vroum, vroum.
Bon, c’est vrai, la taxe carbone, tout le monde s’en foutait, Coupe du monde ou pas. On versera quand même une larme pour les forêts sauvagement abattues pour se faire imprimer de telles saletés sur le corps. Voilà pourquoi, à l’instar de la compensation carbone, je milite pour une "compensation sornettes". A chaque fois que la presse publie de pareilles inepties, qu’elle reverse une partie des bénéfices bien mal acquis à des confrères qui tentent d’élever le niveau.
Vroum.
Couic.
Cofondateur et directeur de la publication du magazine Terra eco et du quotidien électronique Terraeco.net Suivez-moi sur twitter : @dobelioubi Mon blog Media Circus : Tant que dureront les médias jetables |
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