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15-12-2011
Mots clés
Climat
Monde

Kyoto : un nouveau départ dans le brouillard

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Kyoto : un nouveau départ dans le brouillard
(Crédit photo : Toad - Dékyotage)
 
Pierre angulaire des engagements internationaux sur le climat car unique traité contraignant, le protocole vient d’être prolongé à Durban, mais chancelle après le retrait du Canada.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Le sommet de Durban s’était à peine achevé, avec son lot de nuits blanches de négociations, son accord a minima sur les réductions des émissions de gaz à effet de serre (GES) et son prolongement du protocole de Kyoto que le lendemain déjà, le Canada annonçait avec fracas qu’il jetait l’éponge. Fini Kyoto, bien trop pénible ce traité...

Motif : il aurait fallu payer 14 milliards de dollars (10,7 milliards d’euros) de sanctions, ou retirer toutes les voitures du Canada, argue en substance le ministre de l’Environnement Peter Kent. En effet, le Canada faisait fi de ses engagements depuis le début : tenu de réduire ses émissions de 6% d’ici 2012 par rapport au niveau de 1990, il les avait laissées filer à + 17%. Sa sortie ne change donc pas grand chose... Si ce n’est que symboliquement, Ottawa foule au pied le seul traité contraignant du droit international de l’environnement, signifiant haut et fort qu’il n’astreint que celui qui veut bien s’y soumettre.

Autre reproche justifiant le vent canadien : à quoi bon maintenir un traité - conçu en 1997 - qui « ne couvre pas les deux plus grands pays émetteurs, les Etats-Unis et la Chine, et donc ne peut pas fonctionner », s’interroge Peter Kent. L’absence de Washington, qui n’a jamais franchi le pas de ratifier Kyoto, est en effet une de ses grandes faiblesses. Côté Chine, la donne est différente, explique Morgane Créach, directrice du Réseau action climat (RAC) : « La vision d’un traité "has been" car non-contraignant pour les grands pays émergents est tronquée, car ce qui compte aujourd’hui dans le réchauffement, c’est l’accumulation de GES dans l’atmosphère depuis le début de l’ère industrielle, du fait du modèle énergétique sur lequel nos pays ont assis leur développement. » D’où le principe, essentiel, du traité : pollueurs historiques et néophytes portent une « responsabilité partagée mais différenciée » dans le changement climatique.

Kyoto après Durban

Effort différencié donc - seuls une trentaine de pays industrialisés sont contraints par Kyoto - mais partagé : si l’UE, de plus en plus isolée dans ce traité, a bien voulu le prolonger, c’est aussi parce que les pays en développement se sont de leur côté engagés dans la nouvelle feuille de route écrite à Durban. Pour l’instant non-contraignante juridiquement, elle a tout de même le mérite d’opérer une transition, à l’heure où la Chine est devenue le premier pollueur de la planète.

Pour l’instant, cette deuxième phase de Kyoto, prévue pour 2015-2020, a toutefois des allures de coquille vide : les Etats ont encore jusqu’à mai 2012 - quelques mois avant l’expiration de la première période d’engagement - pour préciser ce qu’ils veulent mettre dedans. Or, des questions se posent, par exemple sur les mécanismes de flexibilité (voir au bas de l’article) prévus dans Kyoto 1. Ainsi, le marché carbone a permis à certains pays comme la Russie - qui a réduit aisément ses émissions en nettoyant ses centrales à charbon - d’accumuler des permis de polluer. Cet « air chaud » pourra-il être reporté dans Kyoto 2, au risque que ces pays n’aient quasiment plus aucun effort à faire ?

Autre question : comment faire pour que les pays les plus pauvres bénéficient enfin des investissements des pays industrialisés - visant à réduire les émissions - dans le cadre de Kyoto ? Ces projets se sont pour l’instant concentrés chez les grands émergents, qui les auraient parfois menés de toute façon, tout en permettant aux pays investisseurs de gagner des permis à polluer.

Des objectifs insuffisants

Enfin et surtout, quels nouveaux objectifs pour Kyoto 2 ? Pour l’instant, l’UE se félicite, dans un rapport de 2009, que « si toutes les mesures donnent les résultats escomptés, la réduction globale prévue des émissions de GES pourrait atteindre 13,1% » d’ici à 2012, soit davantage que son objectif initial, fixé à - 8%.

Mais encore faudrait-il que ces objectifs soient pertinents pour éviter le seuil d’un réchauffement à 2°C d’ici la fin du siècle. Se pose ici la question du monstrueux « Gigatonne gap » - ce fossé entre les engagements pris par les pays pour réduire leurs émissions et ce qu’il faudrait réellement faire s’ils veulent atteindre cet objectif des 2°C. Le tout se comptant en gigatonnes équivalent carbones (Gt-éq-CO2) déversées dans l’atmosphère. Un récent rapport du Pnue (Programme des Nations unies pour l’environnement) évalue cet écart entre 6 et 11 Gt-éq-CO2 selon les scénarios. En d’autres termes, si l’on respecte les engagements actuels, la planète reste sur la voie d’un réchauffement à plus de 3°C. « Parmi les pays industrialisés, les objectifs de réductions des émissions de GES s’élèvent en moyenne à 13% d’ici 2020. Or il faudrait qu’ils atteignent entre 25% et 40% selon le GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) », explique Morgane Créach.

D’autant qu’il y a un autre « gap » : quid de l’objectif d’un réchauffement contenu à 2°C ? Dans un article du Monde, le climatologue de la NASA James Hansen, premier scientifique à avoir alarmé sur le réchauffement climatique dès 1998, observe qu’avec seulement 1°C de plus par rapport à aujourd’hui, la Terre atteindrait sa période la plus chaude depuis 3,2 millions d’années. « Dépasser ce réchauffement renverrait le climat à ce qu’il était au début du pliocène », quand les océans dépassaient de 25 mètres leur hauteur actuelle. Bigre.


Le protocole de Kyoto, késako ?

Elaboré en 1997 et entré en vigueur en 2005, le protocole de Kyoto a été ratifié par 37 pays industrialisés et la communauté européenne – pour lesquels il est juridiquement contraignant -, et signé par 191 Etats membres. Les Etats se sont engagés à réduire de 5% en moyenne leurs émissions de gaz à effet de serre sur la période 2008-2012, par rapport au niveau de l’année de référence 1990.

En complément des mesures nationales, le protocole de Kyoto a mis en place trois mécanismes de financement, dits de flexibilité.

  • Le marché du carbone permet aux Etats engagés de s’échanger des permis de polluer. Ceux qui ont fait mieux que prévu sont récompensés par les bénéfices de la vente de ces « unités d’émissions », tandis que les moins bons élèves devront payer pour acheter ces permis et satisfaire ainsi leurs engagements, mais sur un autre territoire que le leur.
  • Le mécanisme de développement propre vise à investir dans des projets de réduction d’émissions dans des pays non engagés par Kyoto (pays moins avancés ou en développement), en échange de crédits carbones ou en compensation de ses propres émissions.
  • La mise en œuvre conjointe permet également à un pays engagé d’investir dans un autre pays également engagé, les réductions d’émissions ainsi obtenues étant comptabilisées dans ses propres objectifs de réduction.
Sources de cet article

Pour aller plus loin :
- Les dossiers de l’Onu sur le changement climatique
- Le protocole de Kyoto (PDF)

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  • Il est vital pour l’Humanité que chaque responsable politique, chaque responsable scientifique et chaque journaliste se rendent compte puis proclament que Kyoto est jusqu’à présent un échec complet parce qu’il ne présente aucune analyse crédible du problème. La première vérité que dévoilerait une analyse rigoureuse est que , tant que la population humaine mondiale continue à croître, le problème est purement et simplement insoluble. Quand cette vérité sera admise, alors et alors seulement, on pourra se pencher sur le douloureux problème de savoir comment faire pour éviter le Réchauffement climatique.

    Michel BALIEUS
    Mouvement ONE BABY !

    17.12 à 20h18 - Répondre - Alerter
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