Quand Frédéric Mahé, 40 ans, aspire une grande bouffée d’air, il ne peut pas s’empêcher d’imaginer quel « goût » elle aura dans dix ans. Car cet ingénieur d’Airparif, l’association de surveillance de la qualité de l’air en Ile-de-France, est spécialiste de la modélisation.
Son domaine, c’est la prospective : "Nous dépassons la simple mesure, en réalisant des scénarios de réduction des émissions de polluants dans l’air."
Les clients d’Airparif ? La Mairie de Paris ou le Conseil régional d’Ile-de-France. Leurs élus mettent en place des plans de gestion de la qualité de l’air et du trafic routier.
Un thermomètre qui propose des remèdes
Et, pour prendre les bonnes décisions, qui ont des conséquences sur la santé et les finances publiques, il faut des arguments scientifiques. Quelle catégorie de véhicules émet quelle quantité de polluants en ville ? Que se passera-t-il si l’on interdit aux vieux véhicules de rouler dans le centre ? Quel sera l’impact du trafic aérien aux abords de Paris dans vingt ans ? Quel a été le résultat d’une circulation alternée pendant un pic de pollution ?
"Nous faisons office de thermomètre, puis nous proposons des remèdes : les autorités ont alors les cartes en main." Pas question pour autant de jouer les Mme Irma. "En dix ans, la modélisation s’est incroyablement complexifiée : nous travaillons de plus en plus en équipe."
Les machines informatiques ont besoin d’ingrédients nombreux : modèles de trafic, normes de limitation en vigueur, facteurs d’émissions, inventaires de pollutions régionales. Et de cerveaux bien faits pour les analyser. Car au bout du processus, une seule réalité : "L’air que les gens respirent !"
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