Quand on tourne des pages, on entrechoque ses neurones, on ouvre sa lucarne sur le monde. Mais on plombe aussi... sa balance environnementale. Conscients de leur impact sur la planète, sept petits éditeurs réunis au sein du collectif « Editeurs écolo-compatibles » ont choisi le Salon du livre pour faire leur coming-out.
Ce lundi, ils publient leur charte environnementale. « Nous sommes de gros générateurs de CO2, concède Thomas Bout, cofondateur de Rue de l’Échiquier, une petite maison d’édition spécialisée dans le développement durable et membre du collectif. Nous utilisons de la pâte à papier, nous faisons tourner des machines, transportons des livres. Alors nous avons décidé de mettre en cohérence notre démarche avec nos convictions. » Selon une étude du Cleantech Group, entre sa sortie des rotatives et sa mort au fond d’une poubelle, un livre émet en moyenne 7,46 kg d’équivalent CO2. 1,83 kg si l’on en croit une autre étude réalisée par le cabinet Carbone 4, pour le compte d’Hachette.
Pour alléger l’impact du bouquin et de tout le secteur de l’édition, les éditeurs écolo-compatibles publient donc une liste de recommandations : choix d’un papier labellisé, d’un imprimeur estampillé « Imprim’vert » mais aussi de rotatives situées à moins de 1000 kilomètres de la maison mère. « C’est un premier pas », avance Thomas Bout. Le deuxième devrait correspondre au lancement d’une étude sur l’éco-conception des livres. L’occasion d’enterrer les vieilles croyances. « Entre le papier recyclé et le papier labellisé FSC, les éditeurs pensent souvent que le papier recyclé est plus écolo. Mais celui-ci nécessite beaucoup d’eau, un traitement chimique pour obtenir une blancheur. Le papier FSC, lui, a le mérite d’assurer une production de papier responsable environnementalement et socialement », souligne Thomas Bout.
« Pour les invendus, il y a d’autres solutions que le pilon »
Mais tous les conseils du collectifs ne seront peut-être pas aussi digestes. « Il faut affiner nos tirages pour éviter le gaspillage et les coûts de stockage, souligne Thomas Bout. Et pour les invendus, il y a d’autres solutions que le pilon. Certains de nos partenaires offrent par exemple leurs surplus à des associations de lutte contre l’analphabétisme en France et à l’étranger. » De toute façon, montrer patte verte risque de devenir indispensable. « Si on opère pas ce virage, on va se couper d’une partie de notre clientèle », promet M. Bout.Alors, verte la prochaine rentrée littéraire ? Pourquoi pas. L’idée du collectif est aussi de contaminer ses concurrents. « Il ne s’agit pas de créer un club fermé très select. Ces préoccupations traversent le monde de l’édition, touchent les petits, les moyens, les grands éditeurs. Le géant Hachette sera-t-il demain un éditeur écolo-compatible ? « C’est à envisager. »
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