Pizzas surgelées, sodas, hamburgers… S’attaquer à la malbouffe est une urgence sanitaire. Partout en Europe, l’obésité gagne du terrain. Une récente étude de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) montre que la part de personnes en surpoids pourrait atteindre 70% en Angleterre d’ici 2020. En France, la situation est tout aussi préoccupante. La part d’obèses dans la population a doublé ces vingt dernières années.
Or, les risques liés à l’obésité peuvent être dramatiques : hypertension, diabète, cholestérol, perte de confiance en soi… Tour d’horizon des mesures mises en place en Europe pour lutter contre la malbouffe.
Le Danemark combat le beurre
Malgré une proportion d’obèses bien en dessous de la moyenne européenne, le Danemark n’a pas hésité à introduire une taxe sur les graisses saturées en octobre 2011. Selon le quotidien britannique The Guardian, l’Etat compte engranger 165 millions d’euros par an et réduire la consommation de graisses de près de 10% grâce à cette taxe.
Les chips et les cookies, mais également des produits comme le lait, les huiles, le fromage et les aliments précuits tels les pizzas surgelées ont tous vu leur prix augmenter : le kilogramme de graisse saturée est taxé 16 couronnes, soit 2,15 euros.
Avec cette taxe, le prix d’une plaquette de beurre a augmenté de près de 40 centimes d’euros en moyenne. Pas facile pour un pays qui raffole de sandwichs et de viennoiseries au beurre comme le fameux Wienerbrod.
La Hongrie invente la « burger taxe »
Les Hongrois ont un léger faible pour la cuisine au lard et les desserts copieux, comme la délicieuse tarte Dobos. L’automne dernier, le pays s’est lui aussi doté d’une taxe malbouffe. Le but ? Faire redescendre le pays en dessous de la moyenne européenne en matière d’obésité et générer près de 70 millions d’euros de revenus pour financer des frais de santé croissants.
Cette « burger taxe » ne s’applique pourtant pas aux hamburgers comme son surnom le suggère, mais cible seulement les produits conditionnés. Elle concerne principalement les biscuits salés et sucrés, les sodas à forte teneur en sucre et les gâteaux préemballés : 2 centimes d’euros le litre pour les boissons, 0,92 euros/l pour les boissons énergétiques, et de 0,37 à 0,74 euros le kilo pour les biscuits et les gâteaux.
La France s’en prend aux sodas
En France, les boissons gazeuses sucrées font l’objet d’un prélèvement spécifique depuis le 1er janvier 2012. Cette taxe s’élève à 7,16 euros par hectolitre. Soit 2,5 centimes par canette de soda ou 10,5 centimes par bouteille de 1,5 litre, ce qui revient à environ 8% du prix total.
Le débat sur la malbouffe dans l’Hexagone n’est pas nouveau. Au pays de José Bové, la culture du fast-food est très implantée malgré les réticences culturelles et le succès de la gastronomie traditionnelle. Selon une étude réalisée par la Wharton school of business, la France est le deuxième marché le plus important pour le géant américain Mc Donald’s, avec plus de 1 200 franchises et des résultats en forte hausse.
En s’attaquant aux boissons sucrées, l’Etat compte récupérer pas moins de 120 millions d’euros et faire baisser l’obésité. La France n’est cependant pas un des pays les plus touchés en Europe. Elle n’est qu’au 23ème rang sur les 27.
Attention aux taxes trop faibles
Alors que le Premier ministre britannique David Cameron s’est lui aussi prononcé pour l’adoption d’une loi contre la malbouffe au Royaume-Uni, un récent rapport publié par le British Medical Journal souligne les limites d’une telle mesure.Selon le journal, les taxes actuellement en place dans certains pays européens ne sont pas assez élevées. « Les produits doivent être taxés à hauteur d’au moins 20% afin de dissuader le consommateur et obtenir des résultats satisfaisants dans la lutte contre l’obésité », explique le docteur Oliver Mytton, du département de santé public de l’Université d’Oxford et co-auteur du rapport.
Subventionner les fruits et légumes
Le rapport va encore plus loin. Pour le British Medical Journal, les fonds récoltés avec une telle taxe devraient servir à subventionner les fruits et légumes pour changer les mauvaises habitudes alimentaires des Britanniques. Le Royaume-Uni est en effet le pays qui compte la plus forte proportion d’obèses en Europe (près de 25% de la population en 2012).Une récente étude de l’OCDE sur l’obésité parue cette année va aussi dans ce sens. « Les taxes sur la malbouffe génèrent des sommes très importantes. Ces fonds pourraient être destinés à subventionner les prix des fruits et légumes et financer des campagnes de prévention »
Comme le rappelle le docteur Oliver Mytton, toutes ces mesures ne sont bien évidemment pas suffisantes pour enrayer l’obésité complètement. « Nous savons que ces mesures ne suffiront pas à régler le problème de l’obésité. Elles pourront néanmoins y contribuer. »
Les dernières prévisions de l’OCDE montrent que la part de personnes en surpoids au Royaume-Uni devrait se rapprocher de celle des Etats-Unis en 2020 :
Cet article de Simon Benoit-Guyod (Paris) a initialement été publié sur Myeurop, le 20 juin dernier.
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