Ils se battent pour 6 783 tonnes de roches. Mais pas n’importe lesquelles. Celles de Spiral Jetty, oeuvre symbole du land art créée par Robert Smithson, en 1970 dans l’Utah (Etats-Unis). Sa veuve Nancy Holt et la Dia Foundation de New York mènent actuellement sur le Net une campagne pour dénoncer l’installation d’une exploitation pétrolière à quelques kilomètres de Rozel Point, d’où s’élance la jetée. C’est une demande de permis de forage exploratoire par Pearl Montana Exploration and Production Ltd qui a mis le feu aux poudres, en janvier. Depuis, des milliers de courriels de contestation se sont entassés dans les ordinateurs des autorités de l’Utah. Ces dernières viennent de demander à la compagnie canadienne des éclaircissements sur la qualité de l’air et de l’eau, la gestion des déchets industriels et toxiques et « l’impact sur l’équilibre d’un écosystème de portée locale et internationale ». Un répit, donc, pour les eaux roses du Great Salt Lake dans lequel baigne cette oeuvre de 457 mètres de long.
Cette affaire vient souligner la fragilité des « performances » du land art, mouvement artistique de la fin des années 1960. Aujourd’hui, trois autres sites sont aussi menacés : les Sun Tunnels (Utah) de Nancy Holt par un projet d’exploitation pétrolière ; Complex City (Nevada) de Michael Heizer par la construction d’une voie de chemin fer destinée au transport de déchets nucléaires ; et Lightning Field (Nouveau-Mexique) de Walter de Maria par l’installation de résidences de loisirs et de retraite.
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