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Climat : à quoi joue Pékin ?
lundi, 19 avril 2010
/ Hélène Duvigneau
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Alors que la Banque mondiale presse toute l’Asie de l’Est de faire plus d’efforts pour lutter contre le changement climatique, la Chine joue la montre hors de ses frontières et concentre ses efforts sur le plan intérieur.
Chine échaudée craint l’eau froide. Depuis qu’une pluie de critiques s’est abattue sur elle au lendemain du « Flopenhague » – on l’a accusée d’avoir freiné des quatre fers pendant les négociations sur le climat – la Chine se recentre sur elle-même. Tant qu’à lutter contre le changement climatique, autant le faire d’abord pour soi : les autres attendront. Un rapport de la Banque mondiale paru ce lundi l’invite d’ailleurs à changer « réellement » de mode de vie et à accélérer ses efforts. Selon ce rapport, la date du pic des émissions de gaz à effet de serre en Asie de l’Est est fixée à 2025... si tant est que des investissements massifs dans les technologies vertes soient réalisés. En particulier en Chine, responsable de 85% des émissions de CO2 de la région.
Mais face aux injonctions internationales, Pékin remplit ses obligations sans se presser. Alors que la « deadline » pour la remise des copies au Secrétariat de la Convention-cadre des Nations unies avait été fixée au 31 janvier, la Chine n’a envoyé qu’en mars la lettre officielle de son engagement pour une réduction de ses émissions… C’est la preuve que le soutien de Pékin s’accompagne d’une certaine réserve, estime Yu Jie, directrice des programmes politique et recherche à l’ONG The Climate Group. « Depuis Copenhague, la Chine se montre plus inflexible car elle estime avoir contribué positivement à l’accord en s’engageant à réduire la progression de ses émissions de CO2 [1] sans en avoir tiré de reconnaissance politique. »
Résultat, depuis le 18 décembre, la position de Pékin n’a pas bougé d’un iota et les mêmes expressions reviennent dans les médias. La Chine reste attachée au « mécanisme de doubles négociations » (Convention-cadre de l’ONU sur les changements climatiques et protocole de Kyoto) et réaffirme « le principe de responsabilités communes mais différenciées » entre les pays développés et en développement. Quant au « rôle actif » de Pékin, tant vanté par la presse officielle, il a du plomb dans l’aile. « La Chine attend que les choses bougent aux Etats-Unis, elle n’est pas leader mais suiviste », observe Yu Jie.
D’ailleurs, ce même 15 avril, le chef de la délégation chinoise à Copenhague Xie Zhenhua a prononcé un discours quasi lyrique dans lequel il a ouvertement déclaré la guerre au changement climatique. « L’ampleur des dégâts économiques causée par un réchauffement de 3 à 4° C serait équivalente à celle causée par les deux guerres mondiales et la crise de 1929 réunies. »
Pour ce qui est du futur des négociations, difficile de dire comment évoluera la position chinoise, si ce n’est qu’elle essaiera, dans une approche dite « bottom-up » (du bas vers le haut) de faire reconnaître ses efforts locaux à l’échelle internationale. La Chine devra aussi intégrer cette année des mesures d’atténuation de ses émissions, en vertu des engagements pris à Copenhague, dans son 12e plan quinquennal (2011-2015). Selon Xin Wang, chercheur à l’Iddri (Institut du développement durable et des relations internationales), « on peut s’attendre à une déclinaison des plans climat à l’échelle provinciale et pourquoi pas à des objectifs par secteur ».
Par ailleurs, la Chine a souvent du mal - et pas seulement dans le domaine climatique - à transposer les mesures prises à l’échelon central au niveau local. « Dans l’immédiat, poursuit Maïté Jauréguy-Naudin, il faut attendre le plan de l’été 2010 qui fixera de nouveaux objectifs d’efficacité énergétique. » Wait and see, une fois de plus.
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Le site de l’association américaine Natural Resources Defense Council
L’Ifri
Le communiqué des BRIC à Brasilia
Le site de China Climate Change Info