Grande-Bretagne, Chine, Brésil, Danemark : les sceptiques sont partout

AU ROYAUME-UNI

La politique écologique de Grande-Bretagne est suspendue aux élections de juin. S’il devient Premier ministre, le conservateur David Cameron pourrait se retrouver pieds et poings liés malgré son slogan « Vote blue, go green » (« Votez à droite, allez vers l’écologie »). Beaucoup de conservateurs sont en effet climato-sceptiques depuis l’agnosticisme jusqu’à la certitude du complot. Selon Tim Montgomerie, responsable du site ConservativeHome et cité comme l’un des activistes conservateurs les plus actifs depuis vingt ans, « entre 80 % à 90 % des conservateurs rejettent le réchauffement climatique ». Douglas Carswell, parlementaire conservateur, dénonce régulièrement les « dépenses dévastatrices » des politiques vertes. Ian Dale, bloggeur conservateur, affirme lui que « le réchauffement est devenu une nouvelle religion ». —

EN CHINE

Sous la houlette du président Hu, la Chine planche sur les moyens de réduire son intensité carbone. Très impliqués dans ce combat, les scientifiques chinois accordent peu de foi aux climato-sceptiques. Pourtant, depuis peu, certains se sentent pousser des ailes, tel Qian Weihong, professeur de science atmosphérique à l’université de Pékin, pour qui la hausse des températures se limitera à 0,6 degré à la fin de ce siècle. Ding Zhongli, vice-président de l’Académie des sciences, estime quant à lui que le Giec exagère l’effet de serre « compte tenu de l’incertitude qui pèse sur la compréhension du climat ». Et l’influence de l’homme sur le réchauffement climatique n’est « pas considérable ». La plupart des critiques se portent toutefois sur le terrain de la politique. L’économiste Lang Xianping a récemment qualifié le réchauffement climatique de mensonge. On retrouve là l’idée d’un complot de l’Ouest pour freiner la croissance chinoise. —

AU BRESIL

« Les données des satellites et des navires météorologiques montrent que l’océan Pacifique se réchauffe en dehors des tropiques d’où la fonte des glaciers, mais se refroidit au niveau tropical. Nous entrons donc dans une nouvelle période froide », affirme Luiz Carlos Molion. Ce docteur en météorologie et en physique enseigne à l’Université fédérale d’Alagoas et représente le Brésil auprès de l’Organisation météorologique mondiale. Il assure qu’après la Seconde Guerre mondiale, alors que l’activité industrielle et la consommation de pétrole augmentaient, les températures ont chuté… et que ce n’est donc pas l’activité humaine qui est responsable de la phase transitoire de réchauffement, mais la manière dont l’océan Pacifique régule sa température. Pour lui, le « battage médiatique » autour des changements climatiques n’est qu’une nouvelle stratégie des pays riches pour servir leurs intérêts politiques et économiques, aux dépens des pays en développement, comme le Brésil. —

AU DANEMARK

Détesté au Danemark, encensé à l’étranger. A 45 ans, Bjørn Lomborg, docteur en sciences politiques, enseigne à l’École de commerce de Copenhague et dirige le Copenhagen Consensus Centre, un think tank rassemblant les plus grands économistes du monde. Classé par la presse anglo-saxonne dans les « 100 personnalités les plus influentes de la planète », il est considéré par ses concitoyens comme un « fauteur de troubles ». Auteur de L’Ecologiste sceptique en 1998, Bjørn Lomborg admet la réalité des changements climatiques, mais plutôt que la réduction des émissions de CO2, il prône l’adaptation technologique : le blanchiment des nuages marins (vaporiser des gouttelettes d’eau de mer vers les nuages pour les rendre plus réfléchissants, ndlr), envoi de dioxyde de souffre ou de suie dans la stratosphère… Ses détracteurs fustigent sa « malhonnêteté intellectuelle ». Les élus danois demandent qu’il ne reçoive plus de subventions publiques. —

Illustration Thierry Guitard