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Brice Lalonde : "En démissionnant, Yvo de Boer force le système onusien"
jeudi, 18 février 2010 / Karine Le Loët /

Rédactrice en chef à « Terra eco ».

Yvo de Boer a démissionné. Le secrétaire exécutif de la Convention de l’ONU sur les changements climatiques, en poste depuis 2006, quittera ses fonctions le 1er juillet. Un nouveau camouflet pour les Nations Unies après le sommet de Copenhague ? Plutôt l’occasion de donner un nouveau souffle aux négociations, souligne Brice Lalonde, ambassadeur de la France pour le climat.

Terra eco : D’après vous, pourquoi Yvo de Boer a t-il décidé de jeter l’éponge ?

Brice Lalonde : "En fait, il a simplement avancé un départ qui était prévu depuis toujours. Peut-être avait-il envie de décider de lui même à quel moment partir plutôt que d’attendre la fin de son mandat. Mais on peut aussi voir autre chose dans son geste. C’est peut-être pour lui un moyen de forcer le système, d’inciter Ban Ki Moon et les Nations Unies à lui trouver un remplaçant rapidement. On entre aujourd’hui dans une nouvelle phase de négociations, celle des MRV [Monitoring, report and verification : les négociations autour des contrôles et vérifications d’émissions dans les différents pays]. C’est un nouveau cycle qui s’ouvre. C’est peut-être pour lui l’occasion de signifier qu’il faut un nouveau départ. Le geste d’un homme très élégant."

Son départ serait donc une bonne nouvelle pour les négociations ?

"Une bonne nouvelle, non. C’est un peu exagéré. Ce n’est pas une bonne nouvelle de se priver de quelqu’un de cette intelligence. Mais une chose est sûre : son mandat a été très difficile, usant. Il a dû faire face à la suspicion des États, à la montée en puissance des grands Basic [le Brésil, l’Afrique du Sud, l’Inde et la Chine]. Il a été confronté à la difficile impression qu’il n’y avait pas de capitaine dans le navire. Chaque fois qu’Yvo de Boer essayait d’agir, les États lui répondaient que son secrétariat n’était pas là pour faire quelque chose mais seulement pour obéir, organiser, louer les salles de réunion. Cela fait un an qu’il éprouve la difficulté de sa fonction. Pas seulement depuis la fin de Copenhague ! En fait, je ne pense pas qu’il ait été particulièrement surpris de ce qui s’est passé à Copenhague. Même si, bien sûr, il aurait préféré un accord plus ambitieux."

Un accord sur le climat est-il toujours possible aujourd’hui ?

"Je pense que l’idée qu’on négocie un super accord général à Mexico qui réglerait tous les aspects du problème pendant un siècle est une illusion. Mexico s’inscrira dans un contexte de négociation permanente. Un peu comme le sommet de Copenhague. Mais on avance."

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- Photo : UNFCCC