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Google/Chine : le bras de fer continue
lundi, 25 janvier 2010
/ Hélène Duvigneau
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Deux semaines après l’ultimatum lancé par Google, qui menace de se retirer du marché chinois s’il doit continuer à composer avec la censure, le ton monte dans les rangs de la diplomatie.
Depuis jeudi dernier, la libération de l’internet chinois est l’objet d’empoignades verbales entre la Chine et les États-Unis. L’objet de la dispute, on le sait, c’est Google. Affirmant avoir été victime de cyber-attaques sophistiquées visant tant ses serveurs que les comptes gmail de militants des droits de l’homme, le numéro 2 du marché chinois a tapé du point sur la table sur l’air du « moi ou la censure. » Le cas échéant, il envisageait la fermeture de ses bureaux en Chine.
Depuis, les autorités chinoises sont passées de la défense, expliquant que Google devait se plier aux lois chinoises, à l’attaque. Le ton est monté d’un cran à Pékin après le discours prononcé jeudi 21 janvier par Hillary Clinton plaidant pour un Internet sans censure. « Les pays qui restreignent le libre accès à l’information ou violent les droits élémentaires des utilisateurs d’Internet s’écartent d’eux mêmes des progrès du XXIe Siècle » a-t-elle déclaré.
Alors que la solidarité des géants de l’Internet - et notamment de Microsoft - s’est envolée pendant la crise, la secrétaire d’état américaine a encouragé Google à ne pas plier et à "privilégier les valeurs, au court terme du profit".
Lundi, les mêmes journaux se livraient à une comparaison entre la censure de rigueur en Chine et le "blocage par Google de sites de groupes extrémistes néo-nazis en Allemagne ou en France". L’inflexibilité de Pékin était à prévoir, comme l’explique Liu Baocheng, directeur du CIBE, un institut de recherche sur l’éthique des affaires à Pékin : « Si l’annonce de Google devait servir de menace pour négocier avec le gouvernement, j’ai du mal à croire en son efficacité. Pékin est prêt à payer n’importe quel prix – social et économique - pour conserver sa souveraineté sur la question de la censure. »
Par-delà le bras de fer qui s’engage, l’affaire Google pose le problème machiavélique de la fin et des moyens. 384 millions d’internautes chinois justifient-ils des entorses aux valeurs défendues par l’entreprise ? Comme on l’entrevoit à la lecture du texte de David Drummond, vice-président et directeur juridique de Google qui a lancé le pavé dans la mare il y a deux semaines, la fermeture des bureaux chinois, si elle doit avoir lieu, sera d’abord un aveu d’échec.
Bien sûr, les objectifs de Google en Chine sont aussi commerciaux. La part de marché du moteur de recherche californien serait d’environ 40%, contre 60% pour le moteur chinois Baidu. Même si cette part a fortement progressé en 2009, on peut se demander si Google aurait-il adopté une stratégie aussi frontale vis-à-vis de Pékin s’il avait été le leader écrasant du marché chinois ?
Il reste qu’aujourd’hui la marge de manœuvre semble mince. Comme l’expliquait à Reuters David Wolf, spécialiste des médias chinois, "plus l’affaire prend un tour diplomatique, plus Pékin s’accrochera".
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