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Grenelle : la "gêne" des Amis de la Terre
vendredi, 26 octobre 2007 / Louise Allavoine

Le Grenelle de l’environnement touche à sa fin. Nicolas Sarkozy a tranché. Mais pour Anne Bringault, la directrice de l’ONG Les amis de la Terre, le chef de l’Etat a plutôt nuancé les propositions du groupe de travail. Et s’il y a du "positif", il y aussi du négatif.

Etes-vous satisfaite de ce Grenelle de l’environnement et des mesures annoncées par le Président de la République ?

Le Grenelle a permis de dépasser l’étape de prise de conscience écologique. Mais il n’est qu’un premier pas. On sort de ce discours avec un sentiment de gène. On ne retrouve pas dans les mesures annoncées l’ensemble des points qui avaient fait consensus à l’issue de ces deux jours. Il y a des choses positives, sur le logement et le bâtiment notamment. Mais d’autres mesures sur lesquelles nous nous étions accordé pendant les tables rondes sont incomplètes ou ont été déformées dans le discours de Nicolas Sarkozy.

La question des pesticides a tourné à l’imbroglio jeudi matin. Est-ce un revers pour vous ?

On avait un accord ce matin pour réduire de moitié l’utilisation de tous les pesticides. Mais M. Sarkozy propose cette diminution uniquement pour les plus dangereux. Il parle d’une échéance de 10 ans “ si possible ” avec la condition de trouver des produits des substitution. Ce n’est pas ce que nous attendions. Et nous sommes inquiets.

Dans son discours, il ne parle pas d’une “taxe carbone” mais d’une “taxe climat-énergie” accompagnée d’un allègement de fiscalité pour les entreprises. Qu’en pensez-vous ?

Nous nous étions battu pour une taxe énergie-carbone. Il a bien utilisé le terme d’une taxe énergie, mais uniquement pour les énergies fossiles. Ce n’est pas l’esprit de la taxe que nous souhaitions et qui devait porter sur l’ensemble des énergies non renouvelables. Encore une fois, l’esprit de la mesure a été modifié.

Pour les OGM, la suspension des cultures commerciales est actée, mais la France ne prendra position qu’après l’expertise demandée par le président.

Tout l’enjeu consistait d’abord à poser un moratoire. Et la culture du maïs transgénique est bel et bien suspendue. Mais nous voulions un principe de liberté à produire et consommer sans OGM. Nicolas Sarkozy nous parle de liberté à produire avec ou sans. Ce n’est pas du tout la même chose.

- Lire aussi la réaction de Yannick Jadot, président de Greenpeace France

- Retrouvez les enjeux des différents ateliers du Grenelle

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