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Gaz de schiste : « L’argent doit être investi dans les renouvelables »
jeudi, 19 avril 2012 / Thibaut Schepman /

Non, nous n’avons pas à « sauver la planète ». Elle s’en sort très bien toute seule. C’est nous qui avons besoin d’elle pour nous en sortir.

Selon Serge Orru, directeur général du WWF-France, l’Hexagone devrait prendre le virage de la transition écologique plutôt que miser sur une ressource dangereuse à exploiter.

Ce mardi 24 juillet, le Premier ministre reçoit les ONG qui participeront à la conférence environnementale en septembre. Au programme notamment : discussion sur les gaz de schiste, dossier sur lequel la communication du gouvernement n’est pas tout à fait rodée..., même si la ministre de l’Ecologie a confirmé dernièrement l’interdiction de la fracturation hydraulique.

Serge Orru est directeur général du WWF-France.

Il y a un an, vous publiiez une tribune dans Terra eco contre l’exploitation des gaz de schiste en France. Vous vous inquiétiez notamment des dangers de la fracturation hydraulique. Depuis, cette technique a été interdite par les parlementaires français. Etes-vous rassuré ?

Non ! Ce n’est pas parce que le Parlement a interdit la fracturation hydraulique que l’on a trouvé une méthode moins nocive pour exploiter ces gaz de schiste. Je rappelle que ces gaz sont prisonniers de roches dans une couche de schiste située entre 2 000 et 3 000 mètres de profondeur. Partout où l’on a exploité ces gaz, que ce soit aux Etats-Unis, au Canada ou en Chine, on a constaté de graves conséquences pour les habitants, les nappes phréatiques, la faune et la flore… Regardez le film Gasland (de Josh Fox, sorti en 2010, ndlr), les témoignages existent !

Les industriels planchent sur des méthodes d’extraction moins nocives. Seriez-vous favorable à l’exploitation si les processus s’amélioraient ?

Attendons que l’on nous fasse la démonstration claire, précise et argumentée scientifiquement que l’on peut exploiter ces gaz sans aucune atteinte à l’environnement. A l’heure actuelle, j’estime que c’est impossible. Par ailleurs, je rappelle que nous sommes face à l’urgence du péril climatique, c’est-à-dire une augmentation des températures de 5 à 6 °C en 2100. Exploiter ces gaz, qui ont un impact extrêmement élevé en termes d’émissions de gaz à effet de serre, nous éloignerait de l’urgence du changement et de la transformation indispensable de nos modes de vie.

Les partisans de l’exploitation évoquent la création de nombreux emplois et l’indépendance énergétique de la France…

Exploiter ces gaz revient à créer des emplois qui détruiront les richesses et l’avenir des générations futures dans ces territoires pollués. Cela ne sert qu’à prolonger notre ébriété au carbone. La réponse pour à la fois fonder des emplois, créer de la richesse et inventer l’économie de demain, c’est l’efficacité et la sobriété énergétiques.

Un mix énergétique mêlant énergies renouvelables et gaz de schiste n’est-il pas concevable ?

On ne peut pas exploiter les deux, ou alors très peu de temps, pendant une période de transition. L’argent investi dans la course aux hydrocarbures – de plus en plus difficiles et dangereux à exploiter – pourrait l’être dans des solutions de long terme comme le solaire, l’hydrogène. En s’engageant massivement dans le renouvelable – via un consortium européen de la recherche et du développement –, on peut opérer la transition énergétique et s’affranchir du besoin d’exploiter les gaz de schiste. —

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