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Faut-il en demander plus aux chômeurs ?
jeudi, 9 février 2012 / Thibaut Schepman /

Non, nous n’avons pas à « sauver la planète ». Elle s’en sort très bien toute seule. C’est nous qui avons besoin d’elle pour nous en sortir.

Le futur candidat Sarkozy veut proposer un référendum sur le sujet. Le débat commence sur Terraeco.net

Chaque semaine, Terra eco sollicite et questionne ses lecteurs et ses contributeurs sur l’un des grands enjeux de la campagne présidentielle. Après un premier débat sur Fessenheim, second volet de la série avec les exigences envers les chômeurs.

La mesure devrait être l’une des premières portées par le futur candidat Nicolas Sarkozy. Dans une interview au Figaro Magazine à paraître samedi, l’actuel président de la République propose un référendum sur les « obligations des chômeurs ». Il souhaite notamment demander aux Français s’ils veulent, ou non, « accorder aux chômeurs le droit de refuser un emploi ou une formation ».

L’idée de réclamer plus d’efforts aux chômeurs s’impose depuis plusieurs mois au sein de la majorité, mais est repoussée par une large partie de l’opposition. Ce sont en fait deux visions de la protection sociale qui s’affrontent, et c’est l’un des thèmes sur lesquels devrait se jouer cette campagne présidentielle. Tour d’horizon des arguments des deux camps, avant de lancer le débat dans les commentaires, au bas de cette page.

- POUR : Sarkozy (UMP) et la « droite sociale »

C’est Laurent Wauquiez, alors ministre des Affaires européennes, qui lance le thème en mai 2011. Il s’en prend à l’époque à l’ « assistanat », qui serait « le cancer de la société française », et annonce qu’il va déposer « sous dix jours » une proposition de loi à l’Assemblée pour « qu’en contrepartie du RSA, chacun assume chaque semaine, cinq heures de service social. » Selon lui, la différence entre le Smic et les minimas sociaux est trop faible. « Ça n’encourage pas les gens à reprendre un travail, ça décourage ceux qui travaillent », dénonçait-il sur Europe 1. Une idée invalidée par les chiffres, mais qui serait partagée par une partie de la population française.


Wauquiez sonne la charge contre l’assistanat par lemondefr

Finalement, Laurent Wauquiez n’a pas déposé sa proposition de loi, suite à un « recadrage » de François Fillon, et des contestations au sein de la majorité. Pourtant, l’UMP va continuer de communiquer sur le thème, laissant penser que la proposition de Wauquiez était « un ballon d’essai ».

Le président Sarkozy s’est emparé du thème en novembre dernier en indiquant qu’on « n’a pas de dignité quand on ne fait que tendre la main ». Avant de commenter, dans l’interview à paraître samedi dans le Figaro Magazine : « Je propose de créer un nouveau système dans lequel l’indemnisation ne sera pas une allocation que l’on touche passivement, mais la rémunération que le service public de l’emploi versera à chaque demandeur d’emploi en contrepartie de la formation qu’il devra suivre. Passé un délai de quelques mois, toute personne au chômage sans perspective sérieuse de reprise d’emploi devra choisir une formation qualifiante. A l’issue de cette formation, qui sera obligatoire, le chômeur sera tenu d’accepter la première offre d’emploi correspondant au métier pour lequel il aura été nouvellement formé. » Le candidat souhaiterait proposer un référendum aux Français pour qu’ils statuent sur la question.

- Ne se prononcent pas : Bayrou (Modem), Morin (Nouveau centre)

Ils utilisent le mot péjoratif « assistanat », mais ne sont pas d’accord avec les solutions citées ci-dessus. Dans ce camp, on compte François Bayrou (Modem). Celui-ci indiquait ainsi en avril dernier : « Ce qui manque, c’est la vision d’un pays actif, volontaire, qui préfère que les gens s’en tirent par eux-mêmes, qui choisit de mobiliser ses forces propres : la création, l’innovation, la recherche. L’avenir du pays ne peut pas être l’assistance généralisée. » Mais il s’est vivement opposé aujourd’hui à l’idée de référendum.

L’ancien ministre de la Défense Hervé Morin multiplie également les piques contre l’assistanat, et salue même les propositions de Wauquiez qui permettent de « poser la question de la reconnaissance des Français par leur travail ». Mais il précise que : « Nous, centristes, préconisons un transfert des charges du travail sur la consommation », par la “TVA sociale” ».

- CONTRE : Hollande (PS), Mélenchon (FG), Joly (EELV)

Problème, ces mesures semblent très difficiles à appliquer. Un dispositif contraignant les bénéficiaires du RSA à travailler gratuitement coûterait même plus que cher que ce qu’il pourrait rapporter. Contraindre les chômeurs à une formation semble également très difficile à mettre en place. Si personne ne conteste l’utilité d’une telle mesure, ses détracteurs montrent du doigt le manque de personnels à Pôle emploi pour assurer qu’elle n’est pas faisable.

Mais ce ne sont pas ces arguments techniques qui sont utilisés. François Hollande (PS) a tenté de changer de vocabulaire sur le thème lors de son discours du Bourget le 22 janvier dernier. « L’égalité, ce n’est pas l’assistanat, c’est la solidarité. Les Français n’ont rien à craindre de l’égalité, de la redistribution », lançait-il, proposant au contraire de renforcer la pression fiscale sur les plus aisés.


Hollande : "L’égalité, ce n’est pas... par publicsenat

Eva Joly (EELV) s’est également opposée à cette proposition qu’elle qualifie de « travail forcé » et propose « un revenu minimal universel pour sortir de ces minimas qui ne permettent pas de vivre décemment ».

Et vous ? Pensez-vous que la protection sociale doit être garantie pour tous ? Ou qu’elle doit être conditionnée à plus de contreparties ? Le débat est lancé ci-dessous, dans les commentaires.