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Durban : Négociations au bout de la nuit
samedi, 10 décembre 2011 / Sophie Ribstein /

Correspondante de « Terra eco » en Afrique du Sud.

Sans de nombreuses délégations reparties à la maison, le marathon se poursuit... L’espoir d’un accord, bien que faible, est encore vivant.

(En direct d’Afrique du Sud) Mise à jour samedi 10 décembre Les négociations s’éternisent. Après six heures de discussions entre une vingtaine de nations, les 194 Etats sont réunis en plénière informelle. Le principe ? Si tout se passe bien, cette discussion ’informelle’ pourrait bien devenir ’formelle’ et un accord rapidement être trouvé. Si aucun consensus n’est trouvé (ce qui peut être le cas puisque pour le moment le débat est assez tendu), alors les réunions en groupe de travail pourraient reprendre. Mais les délégués continuent de faire leurs valises et il devient compliqué de continuer de négocier alors que la salle se vide et que tous les Etats ne sont plus représentés.

Mise à jour samedi 10 décembre 14h00 Les négociations continuent alors que le centre de conférence se vide peu à peu. Une situation ubuesque que décrit la correspondante de Libération sur Twitter : « Ubu à #Durban ! Ici, on démonte les stands, les fontaines d’eau, ... Les traducteurs partent à 18h et les avions décollent avec des délégués ! »

Mise à jour samedi 10 décembre 12h37 : Nathalie Kosciusko-Morizet s’alarme : « on se dirige vers le pire échec des négociations, parce que la présidence sud-africaine a une mauvaise gestion du temps. » Pour l’instant, la plénière est reporté vers 16h et 17h et les délégations, notamment des PVD, commencent à faire leurs valises et à partir.

Au centre de conférence de Durban, les tentes sont en train d’être démontées, les machines à café déplacées. Selon Tosi Mpanu Mpanu, le négociateur du groupe africain, « 9/10ème des délégations ou des ministres africains sont parties ; la conférence devait se terminer hier. Mais nous n’avons toujours pas d’accord et pour des questions de coûts et de logistiques, c’est impossible de changer les billets d’avion et de rester plus longtemps. Alors, même si un accord est trouvé, serat-il légitime si ce ne sont que les représentants des délégués qui pourront être présents à la plénière ? ».

Le ministre de l’environnement danois est lui aussi déjà dans l’avion, alors que son pays assurera la présidence de l’Union européenne à partir du 1er janvier. Selon les règles onusiennes, pour qu’un accord soit adopté, il faut que deux tiers du quorum soit présent en plénière.

La faute au système de négociation sud-africain ?

Dans les couloirs, on fulmine. C’est surtout la présidence sud-africaine de la COP qui est remise en cause. « Nous avons des textes sur lesquels nous pouvons discuter, mais nous n’avons plus assez de temps. On se dirige vers le pire des échecs par défaut de confrontations. La présidence sud-africaine a une notion du temps personnelle », s’inquiète Nathalie Kosciusko-Morizet, la ministre française.

A Durban, les Sud-Africains ont mis en place un système de négociations où les décideurs se réunissent en « indaba ». Ce terme zoulou signifie la réunion des chefs communautaires qui parfois sous l’arbre à palabres, apprennent à se connaître et discutent de sujets divers pour avancer vers un but commun. A Durban, les 130 ministres et chefs d’état se sont donc réunis régulièrement en Indaba. Pour Maité Nkoana-Mashabane, la présidente de la COP17, «  il est important d’avoir un dialogue ouvert où personne n’est exclu ».

Changement de stratégie

Hier soir, dans une salle surchauffée, au décor pompeux, la session était ouverte à tous. « Le problème, c’est que ça prend des heures, qu’on assiste à une succession de discours institutionnels et que du coup, on ne confronte pas vraiment nos points de vue », confie un membre de la délégation française. Lors des précédentes conférences, des réunions informelles avaient déjà lieu, mais avec seulement une vingtaine de ministres et un cadre de discussion. Le sablier est presque vide. Il faut faire vite, très vite pour arracher un accord avant que le centre de conférence ne soit complètement déserté. Face à l’urgence, la présidence sud-africaine vient de changer de stratégie : 27 pays sont en train de débattre de ce qui peut être sauvé.

Quatre textes sont toujours sur la table des négociations sur le fonds vert, les aspects techniques, un accord global contraignant et sur le protocole de Kyoto. C’est sur ces derniers aspects politiques qu’on espère encore un accord, avant qu’il ne soit trop tard.

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