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BNP-Paribas décline l’utopie
jeudi, 27 mars 2008 / Cécile Cazenave , / Frédéric Stucin (M.Y.O.P)

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Depuis la mise en place d’une direction du développement durable chez BNP-Paribas, en 2002, quels ont été les changements les plus spectaculaires de l’entreprise ?

Jean Favarel : Il n’y a eu aucune rupture dans la façon dont le groupe assume sa responsabilité sociale. Mais le fait de mieux formaliser notre responsabilité environnementale était nouveau. Quand il a fallu faire le premier bilan CO2 du groupe, je ne vous cache pas qu’il a fallu dépenser des trésors d’argumentation pour montrer que ça avait du sens dans une banque.

Avez-vous un objectif chiffré et daté de réduction d’émissions de gaz à effet de serre ?

Nos objectifs sont qualitatifs. Depuis quelques années, notre taux de croissance annuel est trop élevé pour qu’on puisse déterminer un objectif chiffré en valeur absolue. En revanche, nous souhaitons décorréler notre taux de croissance de l’évolution des rejets de CO2 par salarié et, quand on le pourra, on réduira ce ratio. Mais la composante majeure du bilan CO2 d’une banque correspond aux transports professionnels des salariés. Et nous, nous ne savons pas faire de la croissance sur tous les continents sans que les managers continuent à bouger, même en optimisant tous nos postes de vidéoconférence. Un objectif facteur 4 à l’horizon 2050 n’a pas de sens pour nous. Dans une entreprise, on ne va pas à ce rythme-là.

Menez-vous une réflexion sur vos investissements énergétiques et la responsabilité environnementale indirecte qui en découle ?

Dans le financement de grands projets, la responsabilité des banques est de nature particulière. C’est la raison pour laquelle ont été rédigés les principes d’Equateur, il s’agit d’un ensemble de lignes directrices volontaires en matière de maîtrise des impacts environnementaux et sociaux des financements de projets. Nous ne les avons pas signés, mais nous sommes conformes à ces principes dans tous les projets que nous cofinançons avec les signataires. Leader mondial de financement de grands projets, nous sommes l’une des banques les moins critiquées par les ONG dans ce domaine.

A terme, imaginez-vous que la prise en compte du développement durable puisse changer votre modèle économique ?

Non ! C’est une illusion. Dans une entreprise, le principe de réalité s’impose par rapport à l’utopie. La réalité du développement durable, c’est la nécessité de faire des choix difficiles. Le développement et la soutenabilité sont, d’une certaine manière, antagonistes. Si on ne comprend pas ça, on risque de rêver longtemps. Nous restons donc dans une approche extrêmement réaliste et pragmatique du développement durable.

Quelle mesure politique en ce domaine vous semble prioritaire ?

Il ne faut pas rêver à des révolutions. Mais la création du marché européen des quotas d’émission de CO2 reste, pour moi, un big bang. Bien sûr, il faudra qu’il se rapproche de ses homologues nord-américains pour créer un marché mondial. L’avenir est là, nous avons donc fait le choix d’être un intervenant majeur sur ce marché. A partir du moment où la tonne de CO2 a une valeur monétaire, nous, on peut gérer et proposer à nos clients des produits pour bien gérer cette contrainte.

FICHE D’IDENTITE

SECTEUR : banque. Produi t net bancaire (2007) : 31,037 milliards d’euros. RESULTAT NET (par t du groupe ) : 7,822 milliards d’euros. NOMBRE DE SALARIES : 162 700 collaborateurs. CELLULE DEVELOPPEMENT DURABLE : un permanent et « quelques collaborateurs ». Emissions de CO2 indirec tes (2005) : 200 gigatonnes [1] Financements Energétique s (2005) : 9,047 milliards d’euros au total dont 5,916 milliards dans le secteur pétrolier et gazier, 2,551 milliards dans la production d’électricité, 580 millions dans le secteur éolien [2]. AUTOEVALUATION « VERTE » : refuse de se donner une note.


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