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Barbie : Fini de jouer ?
mercredi, 28 novembre 2007
/ Julie Coste
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Idole des fillettes, la poupée concentre 80 % des ventes de Mattel. L’entreprise découvre la « responsabilité sociale ».
Barbie est une voyageuse. Avant d’arriver au pied du sapin, elle enquille les kilomètres. La poupée à tête blonde est dessinée aux Etats-Unis et les différentes parties de son corps sortent d’ateliers d’Indonésie, de Malaisie, de Thaïlande, du Mexique ou de Chine à l’instar de 75 % des jouets de la planète. D’où vient la tête ? D’où sortent les jambes ? Questions sensibles pour une poupée vendue à 80 millions d’exemplaires par an. L’américain Mattel refuse en effet de « communiquer sur le sujet ».
Ces derniers mois, les sous-traitants chinois du groupe américain en ont pris pour leur grade en raison de jouets défectueux. Certains présentaient des défauts de conception, d’autres étaient susceptibles de mettre en danger la vie des enfants. Les peintures, utilisées notamment sur des accessoires de Barbie, comportaient jusqu’à 11 % de plomb, soit près de 200 fois la quantité légale (0,06 %). Au total, Mattel a ainsi rappelé plus de 21 millions de jouets. Et blâmé, de concert avec l’opinion, ses sous-traitants.
« Mattel passe des accords avec les autorités chinoises pour outrepasser le code du travail », souligne le président du NLC, Charles Kernaghan. Le groupe a, selon lui, fixé dans son code de conduite une durée de travail de 72 heures par semaine. Soit presque deux fois la durée légale en Chine (40 heures). Et en 2005, Mattel est tombé d’accord avec Pékin pour payer ses employés en deçà du minimum légal. « Barbie possède plus de droits que l’ouvrière qui la fabrique ! », s’emporte Charles Kernaghan. Selon les douanes américaines, un ouvrier chinois est payé 19 cents (13 centimes d’euros) pour fabriquer une poupée mannequin vendue 29,99 dollars aux Etats-Unis (20 euros).
Pour Marie-Claude Hessler, les conditions de fabrication des poupées n’étaient qu’un secret de Polichinelle. Il y a une dizaine d’années, cette juriste française, bouleversée par le travail dans les usines chinoises, est entrée au capital de Mattel. Dans son portefeuille : 250 actions. Et un dessein : faire entendre sa voix. « La direction estime qu’elle fait tout ce qu’il faut en termes d’éthique », s’agace-t-elle. Lors de l’assemblée générale, en mai, Robert Eckert s’était fendu d’un fameux « occupez-vous de vos affaires », à l’intention de Marie- Claude Hessler. Cinq mois plus tard, acculé après les rappels de jouets, il met de l’eau dans son vin. « Si vous m’aviez posé la question il y a dix ans, je vous aurais répondu que notre rôle était de faire de l’argent, a-t-il expliqué, lors d’une conférence sur la responsabilité sociale. Aujourd’hui, j’ai compris que faire du profit et faire le bien sont complémentaires. » —
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