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Demain, les transports gratis ? (suite)
lundi, 26 janvier 2004 / Walter Bouvais /

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La gratuité coûte cher

...Mais dans les grandes agglomérations, l’idée de renoncer à la billetterie fait bondir... “Plus un réseau est grand, plus il est complexe, plus les investissements sont lourds, plus la gratuité est inenvisageable”, tranche Jacques Donati, du réseau lyonnais de transports (TCL). A Lyon, cette option priverait la TCL de 109 millions d’euros de recettes par an, soit 18% du budget annuel de l’entreprise. A Paris, le Syndicat des transports en Ile-de-France (STIF) rejette catégoriquement la gratuité. “Une absurdité”, qui entraînerait un manque à gagner de 2,5 milliards d’euros, sur un budget annuel de 6,2 milliards. Elle provoquerait en outre un afflux de nouveaux voyageurs, nécessitant des véhicules supplémentaires. “Plus qu’une baisse du prix, c’est une amélioration de la qualité des transports qui dissuadera les parisiens de prendre leur automobile, souligne un responsable du STIF. Or pour cela, il faut plus de recettes...”

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Crédit TCL Lyon

L’automobile aussi

Sans nier ces contraintes budgétaires, des économistes abordent la question de la gratuité avec davantage de recul. Non plus à l’échelle d’une entreprise comme le STIF, mais au niveau d’une ville ou d’une région. “Il faut prendre en compte les coûts externes de l’automobile”, explique Nathalie Martinez, économiste à l’Ademe (l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). Traduction : calculer le prix que les automobilistes que nous sommes faisons supporter à la collectivité. “Si un particulier pose du double-vitrage sur ses fenêtres pour atténuer le bruit de la circulation, c’est un coût externe de l’automobile”, explique Nathalie Martinez.
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Crédit TCL Lyon

Pollution, accidents corporels, émissions de gaz à effet de serre, bruit, embouteillages... Au total, les coûts externes des transports individuels en Ile-de-France ont été évalués à 5,3 milliards d’euros pour l’année 2000. Si les transports en commun de cette région étaient gratuits, le STIF perdrait bien 2,5 milliards d’euros de recettes par an, mais des automobilistes renonceraient à prendre le volant. Conséquence, la facture que paie la collectivité pour la circulation automobile diminuerait fortement. “En tenant ce type de raisonnement, la ville d’Hasselt (68000 habitants) a calculé que la gratuité lui avait fait économiser 149000 euros par an”, souligne Yves Duhamel.

Politiquement incorrect

Dans les grandes villes, une autre stratégie consiste à faire monter le prix de l’automobile, en faisant payer aux conducteurs leurs fameux coûts externes. “Il faut sanctionner les conducteurs qui empruntent les voies de bus, et faire payer les amendes", décrète la direction du STIF. “Une autre tactique consiste à incorporer ces coûts dans le prix des carburants, en appliquant une taxe poursuit Nathalie Martinez. Mais cela demanderait beaucoup de courage politique...” Dernière piste, évoquée dans un rapport du Commissariat au Plan, celle des péages urbains. La recette appliquée à Londres ferait réfléchir bien des édiles en France. “Mais c’est encore un tabou”, estime Yves Duhamel. Alors, en attendant une évolution des mentalités, ce dernier avance quelques idées. “Pour les villes petites et moyennes, de 50 à 200000 habitants, on peut très bien étendre l’idée de la gratuité”, dit-il. Quant aux métropoles, elles pourraient s’inspirer de l’exemple de Genk (Belgique) ou de Dijon, qui pratiquent des prix extrêmement faibles. 0,85 euro le ticket unitaire à Dijon. La ville encourage ainsi l’usage de transports en commun, sans renoncer totalement aux précieuses recettes de la billetterie.

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