Pas de ticket, pas de tourniquet, pas de contrôleur... Six villes françaises, de droite comme de gauche, ont mis en place la gratuité totale des transports en commun. Colomiers (près de Toulouse) et Compiègne (Oise) la pratiquent depuis les années 70. Plus récemment, les municipalités de Vitré (Ille-et-Vilaine), Châteauroux et Issoudun (Indre), ainsi que Mayenne (Mayenne) se sont lancées dans l’aventure. En Europe, d’autres villes ont tenté une incursion sur le territoire de la gratuité, en Belgique notamment. Toutes ces villes ne viennent pas à la gratuité pour les mêmes raisons : politique de quartiers à Colomiers, mobilité des salariés à Compiègne...
- Crédit TCL Lyon
A Vitré le maire UMP Pierre Méhaignerie se désespérait de voir tourner des bus à vide. La décision de supprimer la billetterie (mai 2001) visait également à réduire la circulation en ville. Effet immédiat. Le trafic est passé de 47000 à 120000 voyages par an. “Il est clair que la gratuité permet d’augmenter la fréquentation des transports en commun de façon durable”, observe Yves Duhamel, le directeur du cabinet Axiales, auteur d’une étude sur la question. A Châteauroux, le réseau de bus transportait 1,5 million de voyageurs par an. Depuis la gratuité (2001), ce chiffre a plus que doublé : 3,4 millions de trajets ont été comptabilisés en 2003. A Hasselt (province belge du Limbourg), la gratuité, conjuguée à une amélioration du réseau, a fait s’envoler la fréquentation de 30000 utilisateurs par mois en 1997, à 267000 en 1999.
Les ministres touchés par la gratuité
En s’appuyant sur ces tentatives réussies, des associations comme le RATP à Paris (le Réseau pour l’abolition des transports payants) ou le Collectif sans ticket de Bruxelles (CST), demandent l’application de la gratuité à tous les réseaux de transports. Parmi leurs arguments, l’idée de faciliter les déplacements des personnes à bas revenus, tout en luttant contre la pollution. La question de la gratuité se pose également sous les lambris des ministères. Le Predit (Programme interministériel de recherche et d’innovation dans les transports terrestres) se penche ainsi sur le concept d’une "mobilité durable", moins polluante. C’est lui qui a commandé au cabinet Axiales, une étude sur le thème de la gratuité des transports publics. La Mission interministérielle sur l’effet de serre et le ministère de l’Ecologie, s’y intéressent également dans le cadre du Plan climat que le gouvernement Raffarin s’apprête à rendre public. “Cet intérêt s’explique : le bilan énergétique et environnemental d’un bus, qui peut transporter de 50 à 80 personnes, est très supérieur à celui d’une voiture”, observe Yves Duhamel.- Crédit TCL Lyon
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