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Hausse du pouvoir d’achat : pour qui et combien ?
mardi, 19 avril 2011
/ Karine Le Loët / Rédactrice en chef à « Terra eco ». |
Améliorer le pouvoir d’achat des Français, c’est le nouveau credo du gouvernement qui multiplie les annonces à un an des présidentielles. Mais vont-elles vraiment soulager notre porte-monnaie ?
C’est quoi ?
« S’il y a une prime pour les actionnaires, il faut avoir une prime pour les salariés », martelait le Nicolas Sarkozy le 8 avril. Dans la bouche de François Baroin sur Europe 1, l’idée a pris peu à peu forme : il s’agirait d’obliger les entreprises qui touchent des dividendes à reverser « au moins 1 000 euros » à leurs salariés. Cette prime pourrait être exonérée de charges sociales et fiscales. Mais sera-t-elle obligatoire ou pas ? Difficile de savoir pour le moment. « Ce qui serait obligatoire, c’est d’en discuter », tranchait le service de presse de Bercy le 14 avril.
C’est pour quand ?
Ces dispositions devraient figurer dans le projet de loi de finances rectificative de juin, selon la ministre de l’Economie.
C’est pour qui ?
A priori, la récompense concernerait les entreprises privées qui versent des dividendes à leurs actionnaires. Soit selon François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, seulement « 15 à 20 % des salariés ». Le 17 avril, Xavier Bertrand sur RTL a rajouté une contrainte : seront seules concernées les entreprises dont les dividendes progressent. Exemptée donc par exemple : Total dont les dividendes reversés stagnent cette année selon Rue 89.
Bénéfice : variable
Sur Europe 1, François Baroin avait parlé d’au moins 1 000 euros. Face à la grogne, Christine Lagarde, interrogée le 18 avril sur LCI a mis de l’eau dans le vin de la réforme : « Je ne pense pas qu’on puisse lui donner un caractère obligatoire dans son montant », a-t-elle déclaré en militant pour des négociations entre patrons et représentants du personnel.
C’est quoi ?
L’idée ? Soulager les contribuables qui ploient sous l’augmentation du prix du pétrole (1,5 euros en moyenne à la pompe pour le Super 98 le 11 avril). Pour cela, le gouvernement a décidé de faire appel à un dispositif déjà existant : le barème des frais kilométrique. Mais en le gonflant un peu : de 4,6% par rapport à 2009. Ce sont les producteurs raffineurs (Total notamment) qui devront régler 60% de la facture. Le reste devra être acquitté par les distributeurs.
C’est pour quand ?
Dès la déclaration d’impôts 2010.
C’est pour qui ?
Cette déduction ne concerne que les citoyens qui utilisent leur voiture particulière pour aller au boulot et payent l’impôt sur le revenu. Soit « à peu près 5 millions de nos concitoyens », a estimé Christine Lagarde sur France Inter. Une cible trop étroite pour Jean-Claude Mailly, secrétaire général FO. Il a rappelé sur RTL que près de 50% des ménages français ne paient pas l’impôt.
Bénéfice : 23 euros en moyenne
Selon le gouvernement, relever ainsi le barème devrait coûter 115 millions d’euros. Ramenés aux 5 millions de bénéficiaires, nous voici avec une économie de 23 euros en moyenne par personne.
C’est quoi ?
Le gaz aussi s’envole en flèche. Il a grimpé de 20% ces douze derniers mois et de 60% sur cinq ans selon Les Echos. Rien que ça. Résultat : le gouvernement a annoncé le 5 avril un gel des tarifs, l’augmentation de 7,5% prévue pour juillet s’en trouvera donc annulée. Quant à l’électricité, elle devra se contenter d’une hausse de 2,9%.
C’est pour quand ?
Immédiatement. Le gel du prix du gaz devrait s’appliquer au moins « pendant l’année qui vient », a déclaré François Baroin sur France 2. Le tarif de l’électricité, lui, est plafonné jusqu’au 30 juin 2012.
C’est pour qui ?
Pour tout le monde sans distinction.
Bénéfice : près de 100 euros par an
Sans l’intervention du gouvernement, la hausse de 7,5% en juillet aurait fait passer la facture type d’un Français chauffé au gaz de 1 080 à 1 160 euros par an, a fait valoir l’entourage d’Eric Besson cité par Les Echos. Avec le gel des tarifs, le Français en question fait donc 80 euros d’économie. L’électricité aurait, elle, progressé de 5%. Selon Le Parisien, la facture moyenne d’électricité des ménages français est de 625 euros par an. Grâce au gouvernement, ils débourseront donc 12,5 euros de moins.
C’est quoi ?
Le 6 avril, Frédéric Lefebvre a signé une convention avec neuf enseignes (Carrefour, Géant-Casino, Auchan, Match, Monoprix, Leclerc, Cora, Système U et Intermarché) de la grande distribution. Chaque semaine, celles-ci devront proposer un « panier des essentiels » comprenant une dizaine de produits alimentaires « de qualité » à prix préférentiel : viande, poisson, fruit, légume, fromage...
C’est pour quand ?
D’ici à la fin avril.
C’est pour qui ?
Pour tout le monde.
Bénéfice : indéterminé
Le directeur de Carrefour a annoncé la constitution de paniers représentant l’équivalent de trois repas pour quatre personnes à 18,98 euros. Géant-Casino préparerait une offre à 18,84 euros, selon le site du gouvernement
C’est quoi ?
Le gouvernement a signé lundi 7 mars une convention avec neuf opérateurs téléphoniques (France Télécom, SFR, Bouygues Telecom notamment). Ceux-là s’engagent à proposer d’ici à six mois un « tarif social mobile » avec 40 minutes de communication et 40 SMS pour un tarif plafonné à dix euros par mois TTC. Ces offres devront être sans engagement de durée, frais d’activation, ni de résiliation. L’abonné sera « averti dès qu’un appel ou l’envoi d’un SMS conduit à une facturation supérieure à 10 euros pour le mois en cours », et sera bloqué « dès que la facturation atteint 15 euros » souligne le site du gouvernement. Les ministres et les opérateurs réfléchissent aussi à un tarif social sur Internet.
C’est pour quand
D’ici à septembre 2011.
C’est pour qui ?
Accessible « de façon systématique » aux bénéficiaires du RSA, le tarif social pourra être proposé à tous, si les opérateurs le souhaitent.
Bénéfice : entre 3 et 5 euros par mois
Aujourd’hui quelques offres low-cost existent déjà en forfait bloqué (sans dépassement autorisé). Bouygues Telecom dispose notamment d’un forfait 40 minutes avec SMS illimité de 16 à 21 heures à partir de 13,90 euros. SFR propose l’équivalent à 14,80 euros et France Télécom, 13 euros. Mais ces forfaits – donc certains sont réservés exclusivement aux jeunes - exigent tous un engagement de deux ans.