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Français : qui sont les plus polluants ?
mardi, 29 mars 2011 / Karine Le Loët /

Rédactrice en chef à « Terra eco ».

Pour être sûr de polluer au maximum, mieux vaut vivre seul, être riche et prendre l’avion tous les quatre matins. C’est un peu la conclusion de l’Observatoire du bilan carbone des ménages.

Polluer ce n’est pas donné à tout le monde. Il faut respecter quelques règles de base. C’est ce que nous apprend l’Observatoire du bilan carbone des ménages, une enquête réalisée par IPSOS/Logica Business Consulting pour le compte de Green Inside, un cabinet de conseil de stratégie en développement durable.

Première règle d’or : vivre seul, sans moitié, aîné ou rejeton. « L’un des éléments les plus clivants, c’est la taille du foyer. Plus on est nombreux dans le foyer, moins le bilan carbone est important par individu », a confié, à l’AFP, Gabriel Dabi-Schwebel, de Green Inside. Le calcul est vite fait. Un individu seul dans ses pénates émet en moyenne 10 685 kilos de CO2. Mais s’il vit à la colle, il n’émettra plus, individuellement, que 7 093 kg de CO2. Dans un foyer hébergeant 5 âmes ou plus, c’est carrément la dégringolade. Le bilan n’affiche plus que 3 221 kg de CO2 par personne. Alors quoi ? Faut-il interdire les divorces pour réduire les émissions ? Peut-être pas. « Il y a besoin d’une politique structurelle, pour voir comment réfléchir à une mutualisation, comme le covoiturage, la colocation pour les jeunes, ou comment on pourrait mutualiser les machines à laver », ajoute Gabriel Dabi-Schwebel.

Pour polluer un maximum, mieux vaut avoir des billets plein son porte-monnaie. Au sein d’un foyer de cadres supérieurs, le bilan par individu est de 8 580 kilos de CO2 (contre 7 388 en moyenne ). Mieux vaut aussi dépenser ses pépètes en périples à l’autre bout du monde. Pour les foyers qui affichent quatre vols ou plus par an, l’avion pèse plus de 38% du bilan carbone global (contre 18% pour la population générale). Dans les familles d’ouvriers, en revanche, on est plus avare en émissions : 6 828 kg de CO2 par individu. En revanche, la part de la consommation énergétique et de l’alimentation pèse plus lourd dans le bilan de ces ménages.

Enfin, si vous vivez dans une ville de moins de 20 000 habitants, vous avez plus de chance de décrocher la timbale. Car vous aurez ainsi tendance à parcourir plus de kilomètres en voiture. Reste le critère de l’âge. Ce sont les seniors et les juniors qui polluent le plus. Si le chef de famille est âgé de 65 ans et plus, le bilan risque bien de dépasser les 9 000 kilos de CO2. La petitesse du foyer (les seniors vivent souvent seuls ou en couple), l’utilisation du chauffage et la fréquentation des avions pour les retraités alourdissent le bilan de ces ménages. De l’autre côté du spectre, les 18-24 ans sont aussi généreux en émissions. « Pour ces derniers ce sont essentiellement les transports et particulièrement les véhicules personnels qui impactent sur leurs émissions de CO2 ».

Globalement, c’est le transport qui apparaît comme le pôle le plus émetteur de carbone (à 54%). Là, les véhicules personnels pèsent le plus lourd (79% du pôle) tandis que les transports publics eux ne comptent que pour 1%. Les transports en avion eux représentent 19% des émissions liées aux transports, mais sont très variables en fonction des individus. Après le transport, viennent le logement (30%) - gros consommateur d’énergie - puis l’alimentation (16%). Là, ce sont le lait et la viande qui pèsent le plus (près de 80% de l’alimentation à eux deux), devant les eaux, sodas, bières et vins. Tandis que l’impact des légumes et du poisson est beaucoup plus faible : 4 et 3%. Et c’est sur le poste logement que les ménages se déclarent le plus prêt à agir. En majorité, ils proposent d’éteindre les appareils en veille, de scruter les étiquettes énergie ou encore de renouveler moins souvent leurs équipements.