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Le foot français a perdu la boule
jeudi, 6 janvier 2005
/ David Solon / Président de l’association des Amis de Terra eco Ancien directeur de la rédaction de Terra eco |
La planète football n’a pas l’habitude de tourner bien rond. En France, elle prend même tout le monde à contre-pied. Championnat le plus riche d’Europe, déduction fiscale, interdiction d’entrer sur les marchés financiers... Tour d’horizon d’un marché économique vraiment pas comme les autres.
Jean-Michel Aulas, l’emblématique président de l’Olympique Lyonnais, savoure. Hérault du football tout libéral depuis quelques années, il récolte aujourd’hui les fruits de son inlassable travail de lobby. Ses souhaits ? Tous exaucés ou presque. Lui qui hurlait son désespoir de "disputer une compétition européenne comme on courrait un 100 mètres avec dix mètres de pénalité au départ" est tout simplement heureux.
C’est donc entendu : le football n’est pas un "circuit" économique comme un autre. La valorisation financière de ce circuit n’est, elle non plus, pas très orthodoxe. Canal Plus vient de le démontrer. 600 millions d’euros par an sur les trois prochaines saisons pour diffuser les images du championnat de France : l’ardoise semble excessivement lourde. Bien davantage en tous cas que les autres championnats européens. Le bouquet de chaînes britannique BskyB a par exemple versé 1,457 milliard d’euros pour les droits de diffusion du championnat anglais pour les saisons 2004/2007. En Italie, comme en Espagne, c’est la loi du plus puissant qui s’impose puisque les clubs sont individuellement propriétaires de leurs droits et négocient donc chacun dans leur coin, au détriment bien entendu des petites équipes.
Jean-François Bourg, chercheur au Centre de droit et d’économie du sport à Grenoble est quant à lui catégorique : le fonctionnement économique du football en France est "irrationnel". "Rien n’est vraiment logique [2], explique-t-il, ni les sommes exorbitantes payées par Canal Plus qui ne correspondent à rien, ni la structure de revenu des clubs professionnels qui tombent dans la télédépendance". Pour étayer sa réflexion, il cite un exemple. "Les images de foot français retransmises à l’étranger pèsent aujourd’hui 10 millions d’euros par an. Celles du foot anglais, 150 millions !". Seule issue à ce déséquilibre selon le chercheur : la fusion prochaine des deux bouquets TPS et Canal Plus qui provoquerait, dans trois ans lors du prochain appel d’offres, une chute inévitable du prix du foot en France et une baisse des recettes des clubs. Attention au krach...
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