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14-04-2010
Mots clés
Environnement
Sciences
France
Interview

Perturbateurs endocriniens : la liste s’allonge

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Perturbateurs endocriniens : la liste s'allonge
 
Malformations congénitales, tumeurs, modification de l’âge de la puberté : les chefs d'accusations contre les perturbateurs endocriniens - ces substances chimiques présentes dans nos maisons, notre alimentation ou les cours d'eau - sont nombreux. Rémy Slama, président du conseil scientifique du programme national de recherche sur le sujet, fait le point sur les premiers résultats présentés cette semaine.
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Terra eco : quel bilan tirez-vous de cette première salve de recherches ?

Rémy Slama : "Les sept projets qui avaient été retenus par le Programme national de recherche sur les perturbateurs endocriniens (PNRPE) en 2005 étaient assez variés. Des études qui portaient sur les milieux naturels ont confirmé qu’on a bien des perturbateurs endocriniens dans de nombreux cours d’eau français et qu’ils ont un impact sur la faune, en l’occurrence des mollusques et des espèces de poissons. Un autre projet important consistait à finaliser un test pour identifier les substances qui perturbent la signalisation thyroïdienne. En lien avec la directive Reach - qui impose aux industriels de pouvoir prouver l’innocuité des substances qu’ils souhaitent commercialiser avec un fort tonnage - il est très utile d’avoir des tests qui permettent de passer en revue rapidement les effets sur la santé d’un grand nombre de molécules. Reach est un principe, mais il faut pour cela des outils efficaces."

Justement y-a-t-il du nouveau du côté des effets sanitaires ?

"L’équipe de Jacques Auger, du service de biologie de la reproduction de l’Hôpital Cochin, a exposé des souris à différentes doses de vinclozoline [1] et de génistéine [2]. Ils trouvent un impact sur les cellules primordiales qui donnent naissance aux spermatozoïdes et une augmentation du risque de malformation congénitale. Ceci était déjà connu pour un certain nombre de perturbateurs endocriniens, mais on observe également de nouvelles modifications du comportement alimentaire et des impacts sur l’âge de la puberté et les glandes mammaires, relativement peu étudiées. Ensuite, cette étude illustre bien que les perturbateurs endocriniens mettent à mal le dogme de la relation dose-effet monotone : on a dans certaines situations des effets plus importants pour des doses faibles que pour des doses élevées. Elle va aussi à l’encontre du dogme selon lequel si l’on est exposé simultanément à un cocktail de deux composés dont aucun n’a d’effet, on ne s’attend pas à un effet. Cela veut dire qu’il faut peut-être sortir de l’approche polluant par polluant et aller vers une idée globale de l’exposition lorsqu’on réglemente sur les niveaux d’exposition de tel ou tel pesticide, au lieu de faire comme si les gens n’étaient exposés à rien d’autre... "

Comment s’oriente le programme de recherche actuellement ?

"Début 2009, 15 travaux ont été sélectionnés. Ils vont permettre notamment d’aller vers des effets encore peu étudiés comme l’obésité, le diabète, de se pencher sur les voies d’expositions aériennes, avec aussi tout un axe sur les sciences humaines pour prendre du recul sur la manière dont ces problèmes émergent au sein de la société et la réaction des pouvoir publics."

N’est-on pas en retard dans la recherche sur les perturbateurs endocriniens ?

"C’est typique de la situation des années passées, de la logique pré-Reach. En théorie, avec Reach il y aura un certain nombre d’étapes de criblage pour que les molécules dangereuses ne soient pas commercialisées. Mais jusqu’à présent, les industriels utilisent des composés avec des tests très limités et par définition la recherche a un train de retard. D’un point de vue scientifique, ces travaux sont d’une complexité gigantesque et nécessitent des moyens énormes. Ceux-ci ne sont pas forcément à la hauteur de cette tâche puisqu’il y a plusieurs dizaines de milliers de molécules produites à tonnages importants. Ce sont pour chaque composé des coûts faramineux et années de recherches in vitro, in vivo et chez l’homme. Surtout que les premiers travaux suggèrent que les impacts peuvent se manifester 30 ans après une exposition pré-natale, voire à la deuxième génération exposée."

Quelles conclusions en tirez-vous ?

"Il faut qu’il y ait une réflexion des citoyens et des politiques : qu’est-ce que l’on fait dans le cas où l’on a des éléments assez fort montrant que chez l’animal on a des molécules nocives à des doses relativement faibles ? Soit on prend des décisions avec un niveau de certitude plus faible, c’est ce à quoi nous pousse le principe de précaution et c’est un peu la situation avec le bisphénol-A. Soit on attend d’avoir des certitudes, mais cela veut dire être prêt à attendre 10 ans . C’est autant d’exposition supplémentaire pour les populations. Et dans le cas des polluants persistants ce n’est pas parce qu’on les interdit qu’ils vont disparaître. Avec à la clé, si on se rend compte après coup qu’il y avait un danger, un impact sanitaire qu’il faudra assumer."

A lire aussi dans Terra eco :
- Le dossier : Maison toxique : comment s’en sortir
- Enquête : Comment la chimie a endormi l’Europe

[1] un fongicide utilisé dans la viticulture, interdit depuis le 1er janvier 2007

[2] un composé que l’on retrouve notamment dans les germes de soja

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Journaliste, collaborateur régulier pour Terra eco.

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