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7-10-2004
Mots clés
Développement
Afrique

Afro-ptimisme

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Après des décennies de tentative de développement, l'Afrique cumulerait tous les handicaps. A revers des bilans catastrophistes, l'association Tabalé, le président d'honneur de Médecins du Monde Bernard Granjon et Sylvie Brunel (ancienne présidente d'Action contre la faim), lancent pourtant un très optimiste Manifeste pour l'Afrique. Interview d'André Simoncini, le président de Tabalé.
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Terra economica : Qui a lu ce manifeste à ce jour ?

Alain Simoncini : Au-delà des signataires, le texte a été distribué à tous les députés de l’Assemblée nationale, du Sénat et du Parlement Européen. Il passe par des petits circuits locaux et associatifs, dans les conférences liées aux questions qu’il soulève. Chaque occasion qui se présente - une exposition par exemple - est un prétexte pour le diffuser dans des associations et organisations.

Qui est le public visé ?

A.S. : Il y a trois champs à investir : les décideurs (politiques) d’abord. Cela a plutôt été bien fait, même s’il faut améliorer la diffusion au niveau des élus africains. Les associations ensuite, petites et grosses. Enfin, le grand public.

Quelle a été la réaction des élus ?

A.S. : Des élus de gauche et de droite on été contactés. Les socialistes ont intégré une partie de nos propositions dans leur programme, aux dernières élections européennes. Si ceux-là ont exprimé leur accord c’est que notre programme est crédible et possible à réaliser d’ici à trente ans. L’essentiel, c’est de changer un état d’esprit. La situation est grave, d’accord, mais il y a aussi des signes très encourageants.
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Agriculteurs dans la région de Banfora (Burkina Faso). Crédit : DR

Quels sont ces signes ?

A.S. : Il y a une multitudes d’initiatives sur place, qui doivent être soutenues. Le Nepad (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique, ndlr) est un effort à poursuivre. Récemment, des accords importants sur l’utilisation des ressources du fleuve Niger ont été signés : ils vont dans le bon sens. Ce mois-ci, une importante conférence sur la famine se tiendra... En Ouganda par exemple, le plan de prévention contre le sida a donné des résultats exceptionnels. Au point de vue économique, les Occidentaux ne voient que le secteur formel, alors que l’économie informelle est très importante. Du coup, on tombe dans un discours de victimisation, d’indemnisation d’une partie de la population. Or ce qu’il faut voir, c’est que la plupart des gens essaient de trouver des solutions et savent ce qu’ils veulent. Il faut les y aider.

Un pays exemple ?

A.S. : Il est difficile d’élire ou de stigmatiser un pays, d’autant que les ressources naturelles jouent. On peut plutôt louer des initiatives locales, comme la lutte contre le sida en Ouganda.

L’Afrique elle-même peut-elle apporter quelque chose au reste du monde ?

A.S. : Bien sûr. Il y existe un ensemble de traditions de solidarité, de traitement communautaire plus qu’individualiste, des problèmes. Ce sont des expériences intéressantes parce qu’elles conduisent à travailler de manière cohérente, sur des priorités. Il y a une organisation, une expertise proprement africaines, dont on peut s’inspirer.
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Abords du marché de Ganvié, près de Cotonou (Bénin). Crédit : DR.

Quel est votre premier objectif ?

A.S. : Ce qu’on veut faire, c’est catalyser toutes les forces disparates. Créer une vision commune, pour réellement coordonner les différentes initiatives d’aide. Si le développement agricole n’est pas en contact avec le développement sanitaire, ça ne peut pas marcher. C’est en cela que l’on se différencie des autres initiatives. Notre but, c’est de fédérer, avec des axes de travail modestes : que l’organisation économique mondiale ne joue pas contre le développement, que l’aide soit accrue et contrôlée, que les associations soient coordonnées. Le consensus doit être large.

Vous parlez de coordination, de contrôle de l’aide financière... Qui peut s’occuper de cela ?

A.S. : Idéalement, ce rôle reviendrait à un service spécifique des Nations unies. Quoi qu’il en soit, il faut un organisme composé de personnes reconnues pour leur éthique et leur compétence. En quelque sorte, un comité de sages, élus et citoyens. La même autorité pourrait contrôler l’aide et la mise en réseau des associations, en donnant une assistance pour obtenir les aides, et des transferts de logistique entre les différentes structures.

Le manifeste répond-il vraiment au problème posé par le manque de démocratie en Afrique ?

A.S. : C’est une question très complexe. On peut conditionner l’aide à la démocratie, mais si on va trop loin dans ce sens, on est accusé de néocolonialisme. Il ne faut pas aider massivement les dictatures.

Et comment imposer cela aux pays européens ?

A.S. : Il faut tabler sur une montée de la conscience des populations occidentales. Si les gouvernements sont sous pression, ça peut marcher. C’est ce qui s’est passé pour l’accès des malades du sida aux traitements, en Afrique. Ca peut marcher. Lentement, mais ça peut marcher.
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Crédit : DR.

Quelles sont les autres causes des problèmes de l’Afrique ?

A.S. : Les guerres. Mais ce n’est pas une fatalité. La corruption. Sur ce point, il faut une révolution de l’éducation et de la probité. Le contrôle et le conditionnement de l’aide peuvent aider à progresser sur ce point.

Les pays du Nord détiennent-ils une part de responsabilité dans les maux de l’Afrique ?

A.S. : Cette responsabilité se situe à tous les niveaux : politique et stratégique ; économique, avec le pillage des ressources, et le maintien de règles financières défavorables...

Le citoyen français lambda a-t-il un rôle à jouer ?

A.S. : S’informer, c’est la base de tout. Ce qu’il faut développer, c’est la solidarité. La générosité, c’est insuffisant car on peut en faire n’importe quoi. Un exemple simple : pour la cantine de Gigibongo (au Mali), une association a mis en place une aide alimentaire. Elle distribue des stocks de pâtes. Problème, ça fusille la production agricole de la région. Ce type d’aide, sans information, sans vue plus large, conduit à des erreurs majeures. Il faut de la générosité, certes. Mais il faut aussi connaître, comprendre, échanger, et faire confiance aux Africains sur leurs besoins et les solutions à y apporter. Que les gens s’informent. Ils auront ainsi envie d’agir. Et ils le feront plus intelligemment.

Liens de l’article :
Le site du NEPAD : http://www.nepadforum.com/v2/index.php

Le texte du Manifeste pour l’Afrique

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