Quelques clics pour des emplettes éthiques

Partager avant de consommer : aussi déroutant soit-il, ce réflexe colle à la démarche du site bootiketik.com. Ici le visiteur commence par un choix. Celui de l’ONG à laquelle une partie de son paiement sera reversée. Ensuite, démarre la séance d’emplettes : piocher dans les différentes catégories de produits issus - pour la plupart - du commerce équitable ou de l’artisanat des pays du Sud. On trouve évidemment le café - symbole du commerce équitable - mais aussi des babioles ou objets de décoration, un bilboquet fabriqué par un groupe autogéré de villageois de la côte Est de l’Inde, trois statuettes chats de Bali... "Notre bureau d’achat s’appuie sur un réseau de fournisseurs partout dans le monde", précise Jacques-Pierre Dementhon, directeur de clientèle d’Editions Ivoire, l’éditeur du site bootiketik.com. Une fois l’achat réalisé, 10% de son montant au minimum, voire 20% si le visiteur vient d’un site Web associatif, sont reversés à l’organisme sélectionné.

300 associations référencées

L’histoire des Editions Ivoire fut d’abord celle de ces classiques catalogues de vente par correspondance, adressés en fin d’année aux entreprises et aux particuliers. Puis la société, qui revendique avancer "depuis 40 ans aux côtés des associations Loi 1901", a proposé à ces dernières un service supplémentaire de vente en ligne. L’idée : "dégager des ressources financières en organisant des opérations de vente militante, sans risques financiers ou logistiques". Et ce, gratuitement pour les associations et, assure-t-on, sans surcoût pour les consommateurs.

300 associations sont référencées sur le site bootiketik.com. On trouve les ?poids lourds ? tels que Handicap International, Action contre la Faim, la Fondation de France ou le WWF, mais aussi des associations plus confidentielles. "Toutes n’apparaissent pas simultanément sur la liste. Elles s’y affichent à tour de rôle", explique le directeur de clientèle.

Le symbole, plus que l’obole

En 2003, l’ensemble de l’activité des Editions Ivoire aurait dégagé 6,5 millions d’euros de revenus pour les associations. Qui n’en ont toutefois pas toutes bénéficié de la même manière. "En 2003, Bootiketik nous a reversé 60 euros", rapporte Françoise Moulin, de SOS Village d’Enfants. En dépit de ce montant symbolique, celle-ci appuie sincèrement l’initiative : "le principe est sympathique", dit-elle. Ne serait-ce que parce qu’il induit un comportement différent du commerce classique chez l’acheteur. Alexis Vandevivere, directeur du développement de l’Association Paralysés de France souligne lui aussi le caractère "marginal sur le plan financier" de ce type d’opération. A titre d’exemple, neuf commandes ont été passées en 2003 pour des articles en vente par correspondance (pour un chiffre d’affaires de 471,45 euros). Les chiffres apparaissent un peu plus encourageants au rayon cartes de v ?ux : "Nous avons bénéficié de 158 commandes qui ont produit 53442 euros". Quel que soit le niveau des montants reversés, pas question de renoncer. "La boutique en ligne illustre certaines valeurs de notre association en présentant, par exemple, des articles fabriqués par des CAT [Centres d’aide par le travail, ndlr]", insiste-t-il.

Consomm’acteurs

Plus appuyé, en revanche, le soutien à Handicap International à qui la vente à distance a rapporté un bénéfice net de 550000 euros en 2003 (mais le e-commerce ne représente que 2% des recettes). Son président, Jean-Noël Sersiron, fait volontiers la promotion des achats solidaires depuis une page dédiée du sit. Son ONG rappelle que l’achat des produits en ligne contribue au soutien de deux de ses campagnes majeures : la lutte contre les bombes à sous-munitions et celle contre les mines anti-personnel. "Ce service nous permet de répondre à l’attente de plus en plus grande de nos sympathisants qui souhaitent nous soutenir par leurs achats", explique-t-on au service de la vente par correspondance de Handicap International. Seul bémol : achat en ligne oblige, la démarche demeure plus impersonnelle. Conséquence, l’ONG reconnaît ne disposer que de peu d’informations sur le profil de ses consomm’acteurs.