Au lendemain de la tempête Xynthia, 7h30 du matin, j’embarque sur un bateau de pêche afin d’écouter les témoignages de détresse des pêcheurs et des ostréiculteurs. Une humeur morose et un sentiment de révolte s’emparent de moi : les villes du bec d’Ambés, du Médoc et du Bassin d’Arcachon font la brasse coulée ! Plus de 80 salariés de la centrale nucléaire du blayais sont « bipés » pour être aux premières loges en cas de catastrophe : en 1999 les digues avaient lâché, le niveau 2/3 d’alerte avait sonné, l’évacuation de Bordeaux était envisagée…
Tempête exceptionnelle ? Non, le réchauffement climatique en appelle d’autres. Quelques communes en façade maritime s’y préparent déjà en reconsidérant leur Plan local pour l’urbanisme (PLU). A Lacanau Océan ou à Biarritz, les élus ont compris une chose. L’érosion inexorable des côtes ne peut plus s‘abriter derrière le « bluff technologique ». Du coup, on recule d’une ligne dans les terres, on stoppe le bétonnage hôtelier en bord de mer, on interdit la circulation automobile sur la corniche fragilisée au bénéfice des vélos. Malheureusement, les compères climato-sceptiques aveuglent les citoyens en hurlant, « il est urgent d’attendre » ! Jusqu’au niveau d’alerte 3/3 de la centrale du Blayais ?
Mieux vaut prévenir que guérir ! A la Teste, plusieurs dizaines de personnes sont là, attentives devant le film de Natacha Calestrémé sur la disparition des abeilles. Des apiculteurs sans ruches et des paysans sans abeilles pour la pollinisation des cultures, vous me direz que c’est du discours pur jus écolo ? Mais lorsqu’on s’interroge sur les causes, à savoir les épandages de pesticides ou les cultures OGM, c’est du 100% santé publique. Un jeune homme gravement malade témoigne des impacts de ces substances chimiques sur la santé des ouvriers agricoles. Peu après, Michel Daverat (conseiller régional Vert) enchaîne sur la pollution de l’eau via les insecticides utilisés sur le maïs, les asperges, les fruitiers… mais aussi ceux utilisés dans les maisons contre les termites.
Et les alternatives ? Le bon sens, l’agriculture non productiviste, l’éco-construction et l’interdiction des OGM. Ce serait en Aquitaine trois fois moins de cancers du cerveau, 10 000 paysans supplémentaires et autant d’emplois dans le bâtiment. BTP et transports, chômage, factures d’électricité, fermeture de lycées… les questions fusent sur les marchés de Bègles, Langon ou Créon. Je suis sollicitée par les retraités, les jeunes générations ou les journalistes, tous s’interrogent sur le contrat écologiste que je distribue à tour de bras. Ce n’est pas un bilan, ni l’annonce de l’Apocalypse, encore moins un plan de relance. Il s’agit tout simplement d’un ensemble de propositions en phase avec les défis du quotidien et les actions du Conseil régional. Fallait-il encore y penser… à changer de société !
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