Ma journée, hier, s’est achevée en queue de poisson. Ma quête d’une station service ayant échoué, j’ai malgré tout réussi à traîner ma Clio bleu-gris jusqu’à mon domicile. Le signal de panne sèche imminente n’ayant cessé de retentir tout le long du trajet, j’ai donc décidé de remiser mon véhicule jusqu’à nouvel ordre.
Bien. Comme je vous l’avais expliqué dans l’épisode 1, j’habite un petit village situé à 22,5 kilomètres du centre de Nantes. C’est très chouette car on y croise des renards, des lièvres en quantité et des hérissons. Ces derniers ont toutefois la fâcheuse tendance de se tenir sur le dos, regard vers la lune avec les tripes aux quatre vents. Pas forcément drôle le matin.
C’est très chouette d’habiter la campagne, mais c’est aussi très loin. Et la première conséquence, c’est qu’il faut être ponctuel si l’on ne veut pas terminer ses trajets à la boussole à travers champs. Ponctuel, oui, car la Sncf et la région ne nous proposent que trois trains le matin et deux le soir, dont un à 17h. Un peu tôt dans le vocabulaire Terra, dont nous reparlerons un autre jour (si vous avez des questions n’hésitez pas).
Ce matin, je file donc à la gare, embarqué dans la voiture de mon voisin, qui bon an, mal an, accepte de me trimbaler – dans sa voiture qui a encore de l’essence mais bientôt plus – jusqu’à la station de Mauves, de l’autre côté de la Loire. 5 kilomètres au compteur, 10 minutes au chrono et 375g de CO2 pour mon bilan carbone personnel. Puis c’est l’attente sur le quai. Ambiance pas très bavarde – on ne se parle plus beaucoup depuis que son fils a essayé de repeindre ma salle à manger.
Le TER approche. J’arrive à me frayer un chemin entre un VTT et une valise style malle des Indes que je fusille du regard en souhaitant de tout cœur que ses fermetures n’explosent devant moi. 20 kilomètres au compteur, 12 minutes chrono et une poignée de quelques grammes de CO2 supplémentaires pour mon bilan carbone. (Les TER entre Angers et Nantes circulent à l’électricité)
Arrivée en gare de Nantes, sous le soleil – mais c’est un détail, c’est généralement le cas ici -. Deux possibilités s’offrent à moi. Enfin trois. Mais j’en exclue une : j’ai renoncé à me présenter à l’épreuve des 50km marche de Londres 2012. Pas de marche à pied donc. Restent donc l’option tramway et l’option bicloo – le Velib nantais. Dans un cas, vous longez les douves du château qui longtemps hébergea Anne, la Duchesse de Bretagne. Dans l’autre, si vous ne transportez pas une malle des Indes et si vos mollets vous le permettent, vous longez un bras de Loire – tiens c’est le même qui passe à Mauves (question : un transport par le fleuve messieurs les élus, c’est possible ?). J’opte pour le tramway. L’engin, qui a symbolisé dans les années 1980 le réveil de Nantes que l’on qualifiait alors de belle endormie se faufile jusqu’au centre ville. 3,5 kilomètres au compteur, 6 minutes au chrono et une poignée de grammes de CO2 dans la besace.
Arrivée à la station Médiathèque. Face à la Loire elle aussi. Tiens il pleut des cordes. Je traverse la passerelle qui enjambe le fleuve et jette ses promeneurs sous les piliers gigantesques du Palais de justice dessiné par Jean Nouvel. Le siège de Terra se trouve dans le dos de l’édifice. Dans une halle industrielle qui appartenait jadis à Alstom, quand du cœur de Nantes s’élançaient les transatlantiques.
Je suis parti depuis 47 minutes et j’ouvre la porte du journal. A voir l’expression disons mi-polie, mi-effondrée de l’équipe commerciale, la mode Cousteau par grosse tempête n’est pas encore revenue. Je pose mon sac (à dos), détend les câbles d’alimentation, essore ma tignasse et commence la journée. Mission : relire le portrait de Christophe de Margerie. C’est qui déjà ? Ah oui le pédégé de Total.
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