Des avions volant à l’énergie de nos poubelles

Les avions voleront-ils un jour grâce à l’énergie de nos poubelles ? Peut-être. British Airways a en tout cas annoncé la construction de la première usine de production d’agrocarburants issus de déchets ménagers et industriels. Objectif : alimenter ainsi une partie de sa flotte dès 2014. La compagnie britannique espère en effet produire chaque année 73 millions de litres de carburant vert, dont les émissions de carbone sont “95% inférieures à celles du kérosène classique”, assure un communiqué de l’entreprise.

Tient-on ainsi la solution miracle ? Certes, le premier atout de cette méthode est la valorisation des déchets. “Aujourd’hui, les déchets ménagers sont en général soit enfouis, soit traités par incinération (avec récupération d’énergie). Les valoriser vers des applications énergétiques pour le transport, notamment aérien est très intéressant”, rappelle Xavier Montagne, directeur adjoint à la direction scientifique de l’Institut français du pétrole (IFP) et spécialiste des biocarburants. Le processus évite aussi de grignoter l’espace agricole et de priver les peuples de nourriture. Une critique souvent faite aux agrocarburants de première génération (colza, betterave, huile de palme...)

Mais la technique a des limites. D’abord, elle n’est pas encore au point. “La production d’hydrocarbures de synthèses au niveau industriel est possible, notamment à partir de charbon et de gaz naturel. On peut aussi l’envisager à partir de la biomasse (bois, taillis à rotation rapide...) ou de déchets ménagers, mais les applications sont plutôt prévues à l’horizon 2020. Un développement industriel à l’horizon 2014 comme le prévoit British Airways est certes possible mais paraît un tout petit peu optimiste”, avance prudemment M. Montagne.

Mais surtout le rendement d’une telle technique est assez faible. Selon le communiqué de British Airways, 500 000 tonnes de déchets ménagers seront nécessaires pour produire 73 millions de litres de carburant. “C’est à dire 58 000 tonnes. Soit un rendement légèrement supérieur à 10%”, précise Xavier Montagne. Du coup, le potentiel est assez limité. Avec ce nouveau processus, la compagnie prévoit d’alimenter seulement 2% de ses appareils au départs d’Heathrow. “Ce procédé sera un moyen de diversifier les sources d’énergie de la compagnie aérienne, mais il faudra faire appel à d’autres sources de carburants alternatifs pour couvrir tous les besoins. Ainsi, nous travaillons aujourd’hui sur les biocarburants de 2e génération, à partir de bois notamment et aussi sur la filière d’hydrogénation des huiles végétales, ces deux filières permettant de proposer des biocarburants susceptibles de se substiturer aux Jetfuels conventionnels”, assure Xavier Montagne.

Car le transport aérien n’a pas le choix. Comme les autres industries, il doit trouver des solutions pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre. British Airways l’a bien compris. Elle s’est engagée à réduire de 25% ses émissions de CO2 d’ici à 2025 et de 50% d’ici à 2050.

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